Une femme de 63 ans a été orientée vers notre clinique de neurologie en raison d’une limitation des mouvements des mains et de déformations des doigts (figure 1A), et ce, sans enflure, sensibilité, modification cutanée, ni chaleur associées. Nous n’avons observé aucune nodosité d’Heberden ou de Bouchard, et les autres articulations majeures n’avaient rien de particulier. À l’examen physique, nous avons constaté une bradykinésie accompagnée de pas courts et d’une rigidité en roue dentée prédominante du côté gauche. Les résultats des analyses de laboratoire se situaient dans les plages de référence pour ce qui est du taux de protéine C-réactive, de la vitesse de sédimentation érythrocytaire, du dépistage du facteur rhumatoïde, des anticorps anti-peptides cycliques citrullinés, des anticorps antinucléaires et des anticorps anti-Sm, ainsi que du dosage de la métalloprotéase matricielle-3. Les radiographies n’ont révélé ni érosion osseuse évidente ni rétrécissement des espaces articulaires des doigts (figure 1B, figure 1C). L’examen d’imagerie par résonance magnétique du cerveau a révélé de légères lésions ischémiques focales dans la substance blanche. Nous avons diagnostiqué une maladie de Parkinson et prescrit de la lévodopa. La bradykinésie et la rigidité en roue dentée de la patiente se sont atténuées avec le traitement, mais ses mains sont restées inchangées.
Figure 1 :
(A) Les doigts d’une femme de 63 ans atteinte de la maladie de Parkinson présentaient un flexum des articulations métacarpophalangiennes et interphalangiennes distales, une hyperextension des articulations interphalangiennes proximales et une abduction du cinquième doigt. Les radiographies en incidences de face (B) et oblique (C) n’ont révélé ni érosion osseuse évidente ni rétrécissement de l’espace articulaire des doigts.
Les déformations de la main striatale se caractérisent par le flexum des articulations métacarpophalangiennes, avec ou sans hyperextension des articulations interphalangiennes proximales, et par l’abduction du cinquième doigt1. Leur physiopathologie demeure incertaine, mais une dystonie pourrait en être la cause sous-jacente. Ces déformations s’observent généralement aux stades avancés de la maladie de Parkinson, mais elles peuvent également apparaître aux premiers stades, comme chez notre patiente. Lorsque des déformations des doigts se produisent dans le contexte d’une maladie de Parkinson, l’absence de signes cliniques d’inflammation permet de distinguer les déformations de la main striatale de celles que l’on voit dans d’autres affections. Cette distinction aide à poser un diagnostic exact, tout en évitant des épreuves diagnostiques superflues. On peut diagnostiquer la maladie de Parkinson à l’aide des critères établis en 2015 par la Movement Disorder Society2. Le diagnostic différentiel comprend la polyarthrite rhumatoïde, le lupus érythémateux disséminé, l’arthrite psoriasique, la maladie de Dupuytren et l’arthrose3. Dans le cas de notre patiente, même si les déformations des doigts ressemblaient aux déformations en col de cygne que l’on voit dans la polyarthrite rhumatoïde, son état ne répondait pas aux critères diagnostiques décrits par l’American College of Rheumatology et la European League Against Rheumatism4. Il n’existe aucun traitement curatif, mais la lévodopa et les injections de toxine botulique sont d’une certaine efficacité dans le traitement des déformations de la main associées à la maladie de Parkinson5.
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.241215
Footnotes
Intérêts concurrents : Akio Kikuchi signale avoir reçu des honoraires des sociétés Eisai et Takeda Pharmaceutical. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
L’auteur a obtenu le consentement de la patiente.
Traduction et révision : Équipe Francophonie de l’Association médicale canadienne
Références
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