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. 2015 Oct;20(7):392–394. [Article in French]

Les recommandations relatives aux vaccins antigrippaux administrés aux enfants et aux adolescents pour la saison 2015–2016

Dorothy L Moore; Société canadienne de pédiatrie, comité des maladies infectieuses et d’immunisation
PMCID: PMC4614096

Les pédiatres et les autres dispensateurs de soins qui s’occupent d’enfants et d’adolescents ont des rôles importants à jouer pour promouvoir le vaccin antigrippal. Ils peuvent accroître l’acceptation de ce vaccin en aidant les familles à comprendre à la fois la gravité potentielle de l’infection, l’efficacité et l’innocuité de la vaccination.

QUI DEVRAIT ÊTRE VACCINÉ?

La Société canadienne de pédiatrie encourage l’administration annuelle du vaccin antigrippal à TOUS les enfants et adolescents de six mois et plus. Lorsque ce n’est pas réalisable, il faut donner priorité aux personnes très vulnérables aux complications liées à la grippe et leurs contacts étroits (encadré 1). Tous les enfants de moins de cinq ans sont considérés comme à haut risque d’infection, sans compter qu’ils sont des vecteurs de transmission efficaces.(1,2)

ENCADRÉ 1. Recommandations du Comité consultatif national de l’immunisation pour la saison grippale 2015–2016.

La vaccination antigrippale est particulièrement recommandée dans le groupes suivants :

  • Personnes présentant un risque élevé de complications liées à la grippe ou plus susceptibles de devoir être hospitalisées

  • Tous les enfants de six à 59 mois

  • Tous les enfants de six mois et plus, les adolescents et les adultes atteints d’une affection chronique (assez grave pour exiger un suivi médical régulier ou des soins hospitaliers), en particulier :
    • ○ les maladies cardiaques ou pulmonaires, notamment la dysplasie bronchopulmonaire, la fibrose kystique et l’asthme ou les troubles liés à un risque accru d’aspiration;
    • ○ le diabète ou d’autres maladies métaboliques;
    • ○ une néphropathie;
    • ○ l’anémie ou une hémoglobinopathie;
    • ○ un cancer ou d’autres troubles liés à l’immunodépression (résultant d’une maladie ou d’un traitement);
    • ○ l’obésité morbide (indice de masse corporelle ≥40 kg/m2);
    • ○ une affection neurologique ou neurodéveloppementale (y compris les troubles convulsifs, les convulsions et le retard de développement isolé) chez des enfants et des adolescents de six mois à 18 ans;
    • ○ une affection chronique qui nécessite un traitement prolongé à l’acide acétylsalicylique chez des enfants et des adolescents de six mois à 18 ans.
  • Tous les Autochtones

  • Tous les résidents d’établissements de soins de longue durée

  • Toutes les femmes enceintes, y compris les adolescentes, quel que soit le trimestre (pour leur propre protection et celle de leur nouveau-né après l’accouchement)

  • Tous les adultes de 65 ans et plus

Personnes qui pourraient transmettre la grippe à des sujets à risque élevé, en particulier les suivantes :

  • Contacts familiaux (adultes et enfants) de personnes présentant un risque élevé (énumérées ci-dessus), que celles-ci aient été vaccinées ou non

  • Contacts familiaux de nourrissons de moins de six mois (qui sont à risque élevé, mais qui sont trop jeunes pour recevoir ce vaccin)

  • Membres d’un ménage qui prévoient la naissance, l’adoption ou l’accueil d’un nouveau-né durant la saison grippale

  • Personnes qui s’occupent régulièrement d’enfants de 59 mois ou moins, que ce soit à la maison ou à l’extérieur

  • Travailleurs de la santé et autres dispensateurs de soins en établissement et en milieu communautaire

  • Personnes qui fournissent des services à des sujets à risque élevé dans un milieu fermé ou relativement fermé

Le présent point de pratique est une mise à jour des recommandations antérieures sur l’utilisation du vaccin antigrippal chez les enfants, en vue de refléter les récentes recommandations du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI).(2) Depuis la saison 2014–2015, le CCNI recommande la vaccination anti-grippale de toutes les personnes de six mois et plus, notamment celles qui sont à haut risque de complications et d’hospitalisation liées à la grippe et les personnes en mesure de transmettre la grippe à celles à haut risque. Pour la saison 2015–2016, les enfants et les adolescents ayant une affection neurologique ou neurodéveloppementale ont été ajoutés à la liste des personnes considérées comme à haut risque, compte tenu de données canadiennes sur le fardeau élevé de la grippe au sein de ce groupe (encadré 1).(3)

Même si certaines personnes peuvent conserver une certaine immunité vaccinale d’une saison à l’autre, ce n’est plus le cas lorsque la souche circulante subit des modifications antigéniques entre le moment de la vaccination et la nouvelle saison grippale. La revaccination annuelle est donc recommandée. Le vaccin antigrippal s’est révélé très peu efficace pendant la saison 2014–2015 en raison d’une importante dérive antigénique de la souche A H3N2 circulante prédominante. Pour la saison 2015–2016, le composant de la souche A H3N2, de même qu’un composant de la souche B, a été remplacé par la nouvelle lignée.(4)

QUEL VACCIN DEVRAIT-ON UTILISER?

Pendant plusieurs décennies, les vaccins antigrippaux étaient composés de deux sous-types de la souche A et d’un de la souche B. Ces dernières années, deux lignées de la souche B sont en circulation simultanément, et les vaccins trivalents sont désormais remplacés par des vaccins quadrivalents qui contiennent deux souches A et les deux lignées de la souche B. Le CCNI recommande de préférer les vaccins quadrivalents auprès des enfants et des adolescents, car la souche B s’associe à plus de mortalité et de morbidité chez les enfants que chez les adultes.(2)

Il existe deux types de vaccin antigrippal pour les enfants au Canada : les vaccins antigrippaux inactivés (VAI), administrés par injection intramusculaire, et le vaccin vivant atténué contre l’influenza (VVAI), administré par voie intranasale.

Le VAI est offert sous les formes quadrivalente et trivalente. Un VAI trivalent contenant un adjuvant (Fluad Pediatric, Novartis Pharma, Canada) a récemment été homologué au Canada pour les enfants de six à 23 mois et pourrait être utilisé dans ce groupe d’âge lorsque le VAI quadrivalent n’est pas disponible. Les adjuvants sont conçus pour accroître l’immunogénicité des vaccins, mais, pour l’instant, les données probantes ne suffisent pas pour recommander le VAI contenant l’adjuvant de préférence à celui sans adjuvant.

Seule la forme quadrivalente du VVAI est désormais offerte. Elle est autorisée chez les personnes de deux à 59 ans.(2) Ce vaccin n’est pas homologué pour les enfants de moins de deux ans en raison de l’accroissement faible, mais significatif, du taux de respiration sifflante de deux à quatre semaines après la vaccination dans ce groupe d’âge. Il peut être utilisé chez les enfants et les adolescents en santé de deux à 17 ans. Le VVAI est favorisé chez les enfants de deux à six ans en raison de sa plus grande efficacité(2) et du fait que l’administration intranasale devrait être mieux acceptée que l’injection. En revanche, les preuves de sa plus grande efficacité chez les enfants plus âgés sont plus faibles. Par ailleurs, les données sont insuffisantes pour recommander le VVAI de préférence au VAI chez les enfants ayant une maladie chronique. Les deux vaccins peuvent être utilisés, à moins de contre-indications. Chez les adultes, certaines données indiquent que le VAI pourrait être plus efficace que le VVAI. Ces deux vaccins peuvent être utilisés chez les adultes en santé, mais on devrait privilégier le VAI chez les adultes atteints d’une maladie chronique. La congestion nasale transitoire et la rhinorrhée sont les principaux effets secondaires du VVAI.

L’efficacité réduite du VVAI aux États-Unis pendant la saison grippale 2013–2014 a soulevé des doutes quant à la recommandation de privilégier ce vaccin chez les enfants de deux à six ans. Selon les études, cet échec était probablement causé par une résistance réduite du composant H1N1 à la chaleur qui a entraîné une dégradation du virus lorsque le vaccin était exposé à des températures trop élevées pendant le transport ou l’entreposage. Le problème ne s’est pas produit au Canada. Une souche plus résistante à la chaleur l’a remplacée dans le vaccin pour 2015–2016.(2,5) Il est à espérer que cette modification résoudra le problème.

Voir le tableau 1 pour consulter le résumé des possibilités de vaccination et connaître les préférences du CCNI chez les enfants et les adolescents. Il est entendu qu’au sein des programmes financés par le gouvernement, des considérations internes sont susceptibles d’influer sur l’offre des vaccins.

TABLEAU 1.

Choix du vaccin antigrippal pour certains groupes d’âge et certains groupes à risque*

Groupe d’âge, profil de santé Types de vaccins disponibles Commentaires
6 à 23 mois
  • VAI-Q

  • VAI-T

  • VAI-T adj.

Le VAI-Q est privilégié.
2 à 17 ans, en bonne santé
  • VVAI-Q

  • VAI-Q

  • VAI-T

Le VVAI est privilégié** en l’absence de contre-indications; autrement, le VAI-Q est privilégié.
2 à 17 ans, maladie chronique sans immunodépression
  • VVAI-Q

  • VAI-Q

  • VAI-T

Le VVAI ou le VAI-Q est privilégié.
2 à 17 ans, immunodépression
  • VAI-Q

Le VAI-Q est privilégié.
  • VAI-T

Le VVAI est contre-indiqué.
Grossesse
  • VAI-Q

  • VAI-T

Le VVAI n’est pas recommandé (il n’a pas été étudié; le vaccin vivant pose un risque théorique pour le fœtus).
*

Pour connaître les choix de vaccins pour les adultes, voir la référence 2.

**

Preuve d’efficacité élevée chez les enfants en santé de deux à six ans; preuve plus faible chez les enfants plus âgés; données limitées pour les enfants atteints d’une maladie chronique. VAI-Q Vacccin antigrippal quadrivalent inactivé; VAI-T Vaccin antigrippal trivalent inactivé; VAI-T adj. Vaccin antigrippal trivalent inactivé contenant l’adjuvant; VVAI Vaccin antigrippal vivant atténué; VVAI-Q Vaccin quadrivalent antigrippal vivant atténué

Y A-T-IL DES CONTRE-INDICATIONS À L’UTILISATION DU VACCIN ANTIGRIPPAL?

Une réaction anaphylactique à une dose précédente du vaccin antigrippal ou l’apparition du syndrome de Guillain-Barré dans les six semaines suivant l’administration du vaccin constituent des contre-indications à de nouvelles doses.(2)

L’allergie aux œufs n’est plus une contre-indication à l’utilisation des vaccins trivalents ou quadrivalents inactivés. Cependant, tous les vaccins devraient être administrés dans un milieu où on peut traiter l’anaphylaxie. Le VVAI n’est pas recommandé chez les personnes allergiques aux œufs, car il n’a pas encore été évalué au sein de cette population.(2)

Le VVAI (mais pas le VAI) est contre-indiqué chez les personnes ayant une maladie immunodépressive ou un asthme sévère (défini comme une respiration sifflante qui exige la prise de glucocorticoïdes par voie orale ou de fortes doses de glucocorticoïdes inhalés ou qui a nécessité des soins médicaux au cours des sept jours précédents) et chez les femmes enceintes. Il est également contre-indiqué chez les enfants de deux à 17 ans qui prennent un traitement continu contenant de l’acide acétylsalicylique, en raison de l’association entre le syndrome de Reye, la prise d’acide acétylsalicylique et l’infection grippale.

Il faudrait attendre au moins 48 heures après avoir arrêté un traitement antiviral actif contre la grippe pour administrer le VVAI. Si un antiviral est prescrit dans les deux semaines suivant l’administration du VVAI, il faut administrer une autre dose du vaccin au moins 48 heures après la fin du traitement. Chez les personnes ayant une congestion nasale suffisante pour nuire à l’administration satisfaisante du VVAI, il faut reporter la vaccination jusqu’à la disparition de la congestion ou privilégier le VAI.

Des patients qui ont reçu le VVAI peuvent propager le virus, mais comme celui-ci est adapté au froid, il n’est pas très pathogène. À titre de précaution, il est toutefois recommandé d’éviter les contacts avec les patients gravement immunodéprimés (tels que les récents greffés) dans les deux semaines suivant l’administration du vaccin, dans la mesure du possible.

QUELLE EN EST LA POSOLOGIE?

La posologie du VAI administré par voie intramusculaire (IM) est de 0,5 mL, quel que soit l’âge, sauf pour le VAI pédiatrique contenant l’adjuvant, dont la posologie est de 0,25 mL IM. Celle du VVAI est de 0,2 mL (0,1 mL dans chaque narine, sous forme de vaporisateur intranasal).(2)

Si un enfant de moins de neuf ans se fait vacciner contre la grippe pour la première fois (qu’il s’agisse du VAI ou du VVAI), il faut lui administrer deux doses du vaccin à au moins quatre semaines d’intervalle. Si un enfant de moins de neuf ans a déjà reçu au moins une dose d’un vaccin antigrippal par le passé, il a besoin d’une seule dose pour la saison. Les enfants de neuf ans et plus et les adultes n’ont besoin que d’une dose par année.

Footnotes

COMITÉ DES MALADIES INFECTIEUSES ET D’IMMUNISATION DE LA SCP

Membres : Natalie A Bridger MD; Shalini Desai MD; Ruth Grimes MD (représentante du conseil); Charles PS Hui MD (membre sortant); Joan L Robinson MD (présidente); Marina Salvadori MD (membre sortante); Otto G Vanderkooi MD

Conseillère : Noni E MacDonald MD

Représentants : Upton D Allen MBBS, Groupe de recherche canadien sur le sida chez les enfants; Tobey Audcent MD, Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages, Agence de la santé publique du Canada; Carrie Byington MD, comité des maladies infectieuses, American Academy of Pediatrics; Nicole Le Saux MD, Programme canadien de surveillance active de l’immunisation (IMPACT); Dorothy L Moore MD, Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI); Patricia Mousmanis MD, Le Collège des médecins de famille du Canada; Rhonda Kropp B. Sc. inf. MHP, Agence de la santé publique du Canada

Auteure principale : Dorothy L Moore MD

Les recommandations contenues dans le présent document ne sont pas indicatrices d’un seul mode de traitement ou d’intervention. Des variations peuvent convenir, compte tenu de la situation. Tous les documents de principes et les points de pratique de la Société canadienne de pédiatrie sont régulièrement révisés. Les documents de principes retirés sone supprimés du site Web. Consultez la zone Documents de principes du site Web de la SCP (www.cps.ca) pour en obtenir la version complète à jour.

RÉFÉRENCES

  • 1.Moore DL, Société canadienne de pédiatrie, comité des maladies infectieuses et d’immunisation Les recommandations relatives aux vaccins antigrippaux administrés aux enfants et aux adolescents pour la saison 2014–2015. Paediatr Child Health. 2014;19(8):443–4. [Google Scholar]
  • 2.Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) Une déclaration d’un comité consultatif (DCC) : Canadian Immunization Guide Chapter on Influenza and Statement on Seasonal Influenza Vaccine for 2015–2016. www.peelregion.ca/health/professionals/pdfs/2015/NACI.pdf (consulté le 25 août 2015)
  • 3.Burton C, Vaudry W, Moore D, et al. investigateurs d’IMPACT Burden of seasonal influenza in children with neurodevelopmental conditions. Pediatr Infect Dis J. 2014;33(7):710–4. doi: 10.1097/INF.0000000000000272. [DOI] [PubMed] [Google Scholar]
  • 4.Appiah GD, Blanton L, D’Mello T, Kniss K, et al. Influenza activity – United States, 2014–15 season and composition of the 2015–16 influenza vaccine. MMWR. 2015;64:583–90. www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6421a5.htm (consulté le 25 août 2015) [PMC free article] [PubMed] [Google Scholar]
  • 5.Comité consultatif national de l’immunisation L’avis du Comité consultatif national de l’immunisation concernant l’efficacité des vaccins antigrippaux vivants atténués chez les jeunes enfants. www.phac-aspc.gc.ca/naci-ccni/opinion_laiv-avis_vvai-fra.php (consulté le 21 août 2015)

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