Abstract
Question clinique
Le gingembre peut-il traiter la nausée et les vomissements de la grossesse?
Résultats
Durant le premier trimestre, le gingembre soulagerait la nausée et les vomissements de quelque 4 points sur une échelle de 40 points, ou éliminerait les vomissements chez 1 femme sur 3 au jour 6. L’étude la plus vaste ne laisse croire à aucune hausse des malformations congénitales ou de la mortinatalité, mais les études de moins grande envergure laissent croire le contraire.
Données probantes
Des révisions systématiques d’essais randomisés et contrôlés ont évalué le gingembre1–7.
- Une révision de Cochrane a donné lieu à des résultats statistiquement significatifs1 :
- -La différence moyenne du score sur une échelle d’évaluation de la nausée et des vomissements de 40 points était de 4,19 p/r au placebo à 1 semaine (1 essai randomisé et contrôlé, 70 femmes).
- -Parmi celles qui prenaient du gingembre, 33 % vomissaient au jour 6 p/r à 80 % de celles qui prenaient un placebo (NPT = 3; 1 essai randomisé et contrôlé, 22 femmes).
- -On n’a observé aucune différence quant au taux de fausses couches et de césariennes (1 essai randomisé et contrôlé, 67 femmes) ni au taux d’anomalies congénitales (1 essai randomisé et contrôlé, 120 femmes).
- - Il n’y avait aucune différence comparativement à la vitamine B6 (4 essais randomisés et contrôlés, 625 femmes), au métoclopramide (1 essai randomisé et contrôlé, 68 femmes) ou à la doxylamine-pyridoxine (1 essai randomisé et contrôlé, 63 femmes).
- -Les limites incluaient le signalement rare des effets indésirables à court terme, les mesures disparates des paramètres d’évaluation et la puissance insuffisante des études2.
- Les études de cohorte sur l’innocuité ont porté principalement sur des femmes qui en étaient au premier ou au deuxième trimestre:
- -Chez 68 522 femmes (dont 1020 ont pris du gingembre), on n’a observé aucune hausse des malformations congénitales, de la mortinatalité ou des décès néonataux, ou encore des naissances prématurées8.
- —Les saignements vaginaux ou tachetures après 17 semaines ont significativement augmenté (7,8 p/r à 5,8 %; p < 0,005). Il n’y a pas eu de « saignement » significativement plus abondant (à l’exception des tachetures) et il n’y a eu aucune différence quant aux hospitalisations liées aux saignements.
- -Chez 375 femmes, il n’y a pas eu de multiplications des malformations majeures, de la mortinatalité ou des fausses couches, mais plus de bébés de faible poids sont nés dans le groupe témoin (1,6 p/r à 6,4 %)9.
- -Chez 441 femmes, il n’y a pas eu de différence quant aux fausses couches, mais on a observé une tendance vers une plus grande mortinatalité (2,7 p/r à 0,3 %) et plus de malformations majeures (3,3 p/r à 0,7 %)10.
- —Les limites sont: faible nombre, brève exposition (médiane de 2 jours) et vastes IC.
Contexte
D’après les données cliniques limitées, le gingembre est contre-indiqué peu avant l’accouchement ou chez les femmes qui présentent des antécédents de fausses couches, de saignement vaginal et de trouble de la coagulation, en raison du risque d’hémorragie.
La posologie totale est habituellement d’environ 1 g par jour, répartie en 2 ou 4 doses par jour1.
Mise en pratique
La prise en charge non pharmacologique des nausées durant la grossesse consiste à éviter les aliments qui causent la nausée et à prendre des repas peu copieux, mais fréquents1,11. Les lignes directrices proposent la pyridoxine ou l’association doxylamine-pyridoxine11,12, quoique peu de données étayent l’amélioration de la maîtrise sous la doxylamine1. Les agents tels que le dimenhydrinate, la prométhazine, l’ondansétron ou la chlorpromazine peuvent être ajoutés11,12, alors que l’on peut ajouter 250 mg de gingembre par voie orale toutes les 6 heures « à n’importe quel moment »12. La révision de Cochrane a conclu en l’absence de données probantes robustes étayant l’intervention1. Les patientes doivent savoir que certains suppléments de gingembre contiennent des agents dont l’innocuité laisse à désirer durant la grossesse.
Les articles d’Outils pour la pratique dans Le Médecin de famille canadien (MFC) sont une adaptation d’articles publiés dans le site web du Collège des médecins de famille de l’Alberta (CMFA) qui résument les données médicales probantes en insistant sur des questions particulières et des renseignements susceptibles de modifier la pratique. Les résumés du CMFA et la série dans le MFC sont coordonnés par le Dr G. Michael Allan, et les résumés sont rédigés conjointement par au moins 1 médecin de famille en pratique active et font l’objet d’une révision par des pairs. Vous êtes invités à faire part de vos commentaires à toolsforpractice@cfpc.ca. Les articles archivés sont accessibles sur le site web du CMFA: www.acfp.ca.
Footnotes
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The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the February 2016 issue on page 145.
Les opinions exprimées dans Outils pour la pratique sont ceux des auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue et les politiques du Collège des médecins de famille de l’Alberta.
Références
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