Skip to main content
Elsevier - PMC COVID-19 Collection logoLink to Elsevier - PMC COVID-19 Collection
. 2020 May 23;2020(522):13. [Article in French] doi: 10.1016/S1773-035X(20)30148-9

Le coronavirus et la dépendance aux médicaments venus de Chine

Jean-Marie Manus
PMCID: PMC7245273  PMID: 32501402

Ce ne sont pas nos médicaments qui viennent de Chine mais leurs principes actifs (la ou les molécules agissantes). Depuis le début de l’épidémie, les médias induisent les Français en erreur. C’est ce qu’a souhaité clarifier le sénateur Loïc Hervé lors d’une séance de questions aux ministres.

« L’inquiétude de nos compatriotes grandit, d’heure en heure, à mesure que le risque d’une épidémie mondiale se fait jour », dit-il au ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran. Si notre économie et notre industrie sont déjà touchées, le spectre du coronavirus a amené les observateurs à poser le problème – tout aussi important à ses yeux – de la dépendance forte de notre économie à la Chine.

Car l’industrie pharmaceutique récolte le contrecoup de la délocalisation d’une grande partie de sa chaîne de production. Loïc Hervé [1] cite l’Académie nationale de pharmacie : « Quelque 80 % des principes actifs pharmaceutiques utilisés en Europe sont produits hors de l’espace économique européen – dont largement en Asie [mais aussi en Inde, NDLR] ». D’où la question du sénateur : « Quelles mesures prendre pour assurer la couverture des besoins pharmaceutiques en France et rassurer patients et professionnels de santé ? »

L’Europe médicalement désindustrialisée

« Sur la question spécifique de l’accès aux médicaments, dit le ministre, il faut savoir d’abord que l’Agence nationale de sécurité du médicament a été saisie pour déterminer si, du fait de l’épidémie de coronavirus, certains médicaments pourraient manquer. » Interrogés sur la possibilité de pénurie sur certains médicaments, samedi 28 mars lors de leur conférence de presse, le Premier ministre Édouard Philippe et le ministre de la Santé, Olivier Véran ont admis qu’il y avait effectivement des «risques». Soulignant que le problème était « mondial », Édouard Philippe concluait en expliquant qu’il avait « bon espoir que la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, les États-Unis pourront s’entendre avec la Chine et les autres pays qui sont capables de produire en masse ces produits dont nous avons besoin » [2].

« Il est inutile de se voiler la face, dit le ministre, depuis plus d’une décennie les pénuries de médicaments augmentent chaque année dans notre pays, du fait notamment de la désindustrialisation qui touche le secteur pharmaceutique, non seulement en France, mais plus largement en Europe. » Inquiétant…

Pour corriger ces pénuries, des mesures efficaces ont déjà été adoptées par le Parlement, notamment l’obligation (laboratoires producteurs, pharmacies) de constituer un stock de quatre mois pour tous les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur sur le territoire européen, au cas où…

graphic file with name fx1_lrg.jpg

© Eugene/stock.adobe.com

« Mais il faut aller au-delà, par exemple en réimplantant des usines de production de médicaments en France et en Europe, une réflexion à mener au niveau européen », admet Olivier Véran, rappelant qu’il a abordé ce sujet clé avec ses homologues européens de la Santé. Cette discussion se poursuivra « dans les jours, les semaines et les mois à venir ».

Le député estime qu’il est toujours « nécessaire d’apprendre des grandes crises mondiales » tels les Sras, H1N1 et coronavirus car « ces pandémies risquent de devenir beaucoup plus fréquentes à l’avenir, la question… est celle de notre souveraineté pharmaceutique, elle nécessitera des efforts industriels et économiques considérables car elle est absolument cruciale ».

La délocalisation de la production des principes actifs hors d’Europe n’est pas l’absence de savoir-faire mais une question de coût : c’est moins cher là-bas à savoir-faire égal : une fois le principe actif reçu, c’est le savoir-faire galénique français et européen qui entre en jeu.

Références


Articles from Revue Francophone Des Laboratoires are provided here courtesy of Elsevier

RESOURCES