Abstract
Introduction & Objectifs
L’infection à la COVID-19 est associée à une hausse de l’incidence d’embolies pulmonaires (EP) chez les patients hospitalisés qui n’est pas retrouvée chez les patients venant aux urgences, souvent à un stade précoce de la maladie. La stratégie diagnostique de l’EP repose sur le calcul de scores de probabilité clinique avec le dosage des D-dimères, suivi d’un angioscanner thoracique si nécessaire.
Dans l’infection au COVID-19, il a été observé des concentrations élevées de D-dimères même en l’absence d’EP objectivée.
Objectif de l’étude
Évaluer les performances diagnostiques de différents seuils de D-dimères afin d’exclure l’EP chez les patients ayant une pneumopathie COVID-19 et se présentant aux urgences.
Méthodologie
Étude rétrospective monocentrique incluant tous les patients majeurs consultant aux urgences du CHU Grenoble-Alpes du 15/10/2020 au 31/01/2021 avec :
– un test PCR positif au COVID-19 < 30 jours ;
– un angioscanner thoracique pour suspicion d’EP ;
– un dosage des D-dimères.
Analyses uni- et multivariée des facteurs de risque de l’EP.
Évaluation des performances diagnostiques de différents seuils de D-dimères via la courbe ROC pour chercher le seuil permettant d’exclure avec sûreté l’EP.
Résultats
Au total, 286 patients inclus : 22 EP+ soit 7,7 %, 264 EP−.
Différences statistiquement significatives sur l’âge (81,5 ans EP+ vs 68 ans EP−, p 0,02), l’antécédent de maladie thromboembolique veineuse et la concentration de D-dimères (5550 μg/L groupe EP+ vs 1285 μg/L groupe EP−, p < 0,001).
Après ajustement, seule la concentration de D-dimères montrait une différence significative.
Valeur minimale de D-dimères dans le groupe EP+ : 1850 μg/L, correspondant au meilleur seuil sur la courbe ROC avec une sensibilité 100 % ; VPN 100 % ; RVN 0.
Patients comparables sur le sexe, les comorbidités, les lésions infectieuses pulmonaires au scanner, la biologie.
Discussion
Données concordantes avec la littérature : proportion d’EP similaire, facteurs de risque habituels de l’EP non retrouvés, concentration de D-Dimères élevées similaires [1].
Risque de faux négatifs en cas d’utilisation d’un seuil plus élevé des D-dimères [2].
Plusieurs limites : caractère rétrospectif, monocentrique, faible effectif, interprétation difficile des EP sous-segmentaires.
Conclusion
Au stade initial de l’infection COVID-19, l’utilisation d’un seuil de D-dimères plus élevé que le seuil conventionnel pourrait avoir une meilleure performance diagnostique afin d’exclure l’EP. Cependant, dans l’attente d’études prospectives multicentriques, la prudence s’impose.
Mots clés: D-Dimères, COVID
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références
- 1.Luu I.H.Y., et al. Systematic screening for pulmonary embolism using the YEARS algorithm in patients with suspected COVID-19 in the emergency department. Thromb Res. 2021;207:113–115. doi: 10.1016/j.thromres.2021.09.010. [DOI] [PMC free article] [PubMed] [Google Scholar]
- 2.Silva B.V., et al. Pulmonary embolism and COVID-19: a comparative analysis of different diagnostic models performance. Am J Emerg Med. 2021;50:526–531. doi: 10.1016/j.ajem.2021.09.004. [DOI] [PMC free article] [PubMed] [Google Scholar]
