La buprénorphine à libération prolongée (BUP-LP) s’administre par injection sous-cutanée, 1 fois par mois, sous forme de « dépôt », dans le traitement de la dépendance aux opioïdes
En 2018, Santé Canada a approuvé le seul traitement par la BUP-LP offert au Canada, sous le nom de marque Sublocade. Le produit est remboursé par tous les régimes publics d’assurance médicaments des provinces et des territoires, principalement dans le traitement de la dépendance modérée ou grave aux opioïdes. Toute personne autorisée à prescrire des médicaments au Canada doit suivre une formation en ligne, exigée par Santé Canada.
L’état des patients et des patientes doit être préalablement stabilisé par de la buprénorphine sublinguale avant l’instauration de la BUP-LP
La BUP-LP peut être administrée après la stabilisation de l’état des malades à l’aide de 8–24 mg de buprénorphine sublinguale pendant au moins 7 jours. La BUP-LP peut alors être administrée à raison de 300 mg, 1 fois par mois, pendant les 2 premiers mois, puis à raison de 100 mg par mois en traitement d’entretien. L’effet thérapeutique se manifeste en l’espace de 24 heures1. On suggère une consultation en spécialité pour les cas plus urgents. Étant donné le risque moindre de détournement ou de mésusage, il n’est pas nécessaire d’associer la BUP-LP à la naloxone2.
La BUP-LP s’est révélée supérieure au placébo en ce qui concerne le maintien de l’abstinence à l’égard des opioïdes illicites
Un essai randomisé, à double insu, avec témoins sous placébo a révélé des taux moyens d’abstinence de 42,7 % chez les sujets sous BUP-LP et de 5,0 % chez les sujets sous placébo pendant la période de l’étude d’une durée de 24 semaines1. La BUP-LP a aussi été associée à un degré plus élevé de satisfaction à l’égard du traitement, à un fardeau thérapeutique moins lourd et à plus de commodité que la buprénorphine sublinguale; le principal effet indésirable déclaré était l’irritation au point d’injection3.
L’utilisation sécuritaire et efficace de la BUP-LP dépend de facteurs liés aux patients et aux patientes
On peut recommander la BUP-LP dans les cas où l’observance thérapeutique à l’égard du traitement quotidien laisse à désirer4. Une étude comparative sur l’efficacité a révélé que le traitement par la BUP-LP, dans la population carcérale, a donné lieu à une meilleure fidélité au traitement à la sortie de prison que la buprénorphine sublinguale5. En cas de grossesse anticipée ou en cours, il faut administrer la BUP-LP avec prudence en raison du risque de tératogénicité révélé dans des expériences sur animal. La BUP-LP n’a encore fait l’objet d’aucune étude sur le traitement de la douleur chronique.
Le soutien psychosocial demeure un aspect crucial du traitement
Les patients et les patientes traités par la BUP-LP bénéficient de contacts réguliers avec des professionnels de la santé et devraient avoir accès à des interventions qui favorisent la participation et la réduction des méfaits, telles que le counseling sur la dépendance, le soutien par les pairs, la gestion de crise, le logement abordable et le soutien du revenu6.
Le JAMC vous invite à soumettre vos textes pour la rubrique « Cinq choses à savoir … » en ligne à http://mc.manuscriptcentral.com/cmaj.
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.220730
Footnotes
Intérêts concurrents: Ari Cuperfain indique avoir reçu la bourse John Renner Award de l’American Association of Addiction Psychiatry. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Références
- 1.Haight BR, Learned SM, Laffont CM, et al. RB-US-13-0001 2Study Investigators. Efficacy and safety of a monthly buprenorphine depot injection for opioid use disorder: a multicentre, randomised, double-blind, placebo-controlled, phase 3 trial. Lancet 2019;393:778–90. [DOI] [PubMed] [Google Scholar]
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