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. 2023 Apr 6. [Article in French] Online ahead of print. doi: 10.1016/j.encep.2023.01.013

Santé mentale des médecins libéraux français pendant la deuxième vague de COVID 19

Burnout, anxiety, insomnia and depressive symptoms among French outpatient physicians in the second wave of COVID-19: Comparison between general practitioners and specialists

Ariel Frajerman a,b,c,d,1,*, Eric Deflesselle a,e,1, Romain Colle a,b, Emmanuelle Corruble a,b, Jean-François Costemale-Lacoste a,f,g
PMCID: PMC10076503  PMID: 37121809

Abstract

Introduction

La pandémie de COVID-19 a créé une crise sanitaire mondiale ayant entraîné une souffrance psychologique du personnel soignant notamment les médecins hospitaliers. Nous avons montré que les niveaux de souffrance psychologiques étaient aussi élevés parmi les médecins libéraux. Aucune étude n’a à ce jour comparé les médecins généralistes avec les médecins de l’ensemble des autres spécialités libérales pendant la pandémie en France. Cette étude visait à comparer la souffrance psychologique en termes de burn-out, d’anxiété, de symptômes dépressifs et d’insomnie entre les médecins généralistes et les médecins libéraux de toutes les autres spécialités en France durant la deuxième vague épidémique.

Méthodes

Il s’agissait d’une étude transversale nationale en ligne adressée aux médecins libéraux utilisateurs de Doctolib. Nous avons utilisé le Copenhagen Burnout Inventory, l’Hospital and Anxiety Depression Scale, l’Insomnia Severity Index, afin d’évaluer burn-out, symptômes anxieux et dépressifs et insomnie. Nous avons évalué l’association entre la pandémie COVID-19, le travail et l’état psychologique. La période d’inclusion était du 1er au 30 novembre 2020 pendant le deuxième confinement. L’étude a été menée selon les critères STROBE.

Résultats

Au total, 1992 médecins ont répondu dont 957 généralistes. Parmi les médecins répondants, 79,4 % souffraient de détresse psychologique. Les médecins généralistes rapportaient davantage de stress lié au COVID-19 (OR = 1,43 IC95 [1,16 ; 1,77]) et à leur travail (O = 1,50 ; IC95 [1,23–1,81]) et souffraient plus de burn-out que les médecins d’autres spécialités (OR = 1,33 IC95 [1,09 ; 1,63]). Ils consommaient également davantage de psychotropes (OR = 1,38 ; IC95 [1,05–1,81]).

Discussion

Les médecins libéraux déclaraient un niveau élevé de détresse psychologique durant la pandémie COVID-19. Les médecins généralistes souffraient de davantage de stress lié à la pandémie et à leur travail en comparaison aux médecins d’autres spécialités.

Mots clés: COVID19, Anxiété, Dépressions, Burn-out, Insomnie, Médecins

1. Introduction

La souffrance au travail des médecins est un domaine de recherche d’intérêt ayant émergé avant 2019 [1], [2]. En France, l’étude ESTEM sur 600 médecins hospitaliers retrouvait en 2017 la présence de symptômes anxieux (HADS-A > 7) chez 88,5 % et de symptômes dépressifs (HADS-D > 7) chez 25,9 % [3]. La pandémie de coronavirus 2019 (COVID-19) qui a provoqué une crise de santé publique dans le monde entier a eu un impact psychologique important sur le personnel soignant [4]. Outre l’anxiété et la dépression, le burn-out est une question particulièrement importante chez les soignants. Aux États-Unis, il a été estimé qu’environ 4,6 milliards de dollars en coûts liés au roulement des médecins et aux arrêts de travail sont attribuables au burn-out chaque année [5].

Des études ont constaté qu’en milieu hospitalier, l’impact au niveau de la santé mentale telle que la dépression, le burn-out, l’anxiété et l’insomnie, était plus important chez le personnel soignant de première ligne [6] et notamment chez les médecins[7].

En dehors de l’hôpital, les médecins libéraux généralistes assurent les soins de première ligne. Pendant la pandémie, les consultations pour les lombalgies, les troubles gastro-intestinaux, les vertiges ou la fatigue et les examens pour le dépistage précoce des maladies chroniques ont sensiblement diminué[8]. En revanche, 42,7 % des généralistes français ont créé une filière spécifique pour les patients avec suspicion d’infection par la COVID-19 [9]. Une étude sur 40 médecins généralistes catalans montrait l’impact sur la santé mentale de la pandémie sur les médecins avec une augmentation significative du burn-out sévère passant de 10 % avant la pandémie en 2019 à 50 % pendant la pandémie en octobre 2020 [10]. À Singapour, une étude sur 257 médecins généralistes a retrouvé parmi eux des taux élevés de symptomatologie anxieuse (21 %), dépressive (26,6 %) et de burn-out (82 %) [11]. En Italie, une étude sur 215 médecins généralistes durant la première vague a retrouvé la présence de symptômes d’anxiété, de dépression et de burn-out chez 36 %, 18 % et 25 % respectivement[12]. En France, sur 879 généralistes, 49 % avaient un stress perçu élevé selon l’échelle Perceived Stress Scale (PSS-10) pendant la première vague [13].

Il y a peu d’études sur les médecins libéraux des autres spécialités et en général elles se focalisent sur une seule spécialité. Ainsi, une étude française regroupant 809 radiologues du privé retrouvait une prévalence de 15,8 % de dépression, 15,2 % d’anxiété et 14,3 % d’insomnie modérée à sévère [14]. Une étude portugaise sur 386 radiologues du privé retrouvait un burn-out sévère chez 23,3 % d’entre eux [15]. Une étude sur 800 dermatologues français (issus à 82,5 % du privé) montrait une augmentation de l’anxiété (41 %) et de la tristesse (8 %) [16]. Toutes ces études ont été réalisées durant la première vague.

À notre connaissance, il n’y a qu’une seule étude sur la santé mentale des spécialistes libéraux dans leur globalité durant la pandémie, en dehors de la nôtre [17]. Elle aussi a comparé les médecins généralistes et les spécialistes libéraux. Cette étude, constituée de 252 généralistes et de 229 spécialistes libéraux autrichiens, a trouvé une prévalence du burn-out modéré (CBI total entre 25 et 50) à sévère (CBI total > 50) de 70,7 % chez les médecins généralistes et 61,9 % chez les autres spécialistes [18].

La France a connu une deuxième vague avec un deuxième confinement (fin octobre à début décembre 2020). Nous nous proposons d’étudier pendant cette deuxième vague la souffrance psychologique des médecins libéraux de l’ensemble des spécialités et de comparer les médecins généralistes aux médecins d’autres spécialités en termes de burn-out mais aussi de symptômes anxieux, dépressifs et d’insomnie. Nous avons déjà montré avec cette enquête que chez les médecins libéraux, pris dans leur ensemble, le sentiment d’être en détresse psychologique à cause de COVID-19 était très fréquent (76,8 %) et était associé à une dégradation de la santé mentale [17].

L’objectif de cette étude était d’évaluer et de comparer la prévalence du burn-out, des symptômes anxieux et dépressifs, de l’insomnie, de l’abus de substances et de psychotropes entre médecins généralistes et médecins libéraux d’autres spécialités au moment de la seconde vague de Covid-19 en France. Il n’existe aucune donnée publiée sur ce sujet.

2. Méthodes

2.1. Format de l’étude et population

ESTEEM_Lib est une enquête en ligne auprès des médecins libéraux inscrits sur Doctolib®, le logiciel d’interface le plus utilisé par les médecins libéraux pour la prise de rendez-vous médicaux en France, du 1er au 30 novembre 2020 [17]. Les médecins ont été invités par courriel à répondre à une enquête en ligne de 71 items. Le deuxième confinement a duré du 30 octobre au 15 décembre 2020. Toutes les réponses étant obligatoires pour valider et renvoyer le questionnaire, il n’y a pas de données manquantes dans notre base de données. L’enquête a été réalisée à l’aide du logiciel en ligne LimeSurvey®.

2.2. Participants

Un e-mail indiquant l’objectif de l’étude avec une brève vidéo d’invitation et un lien vers l’enquête a été envoyé aux 32 655 médecins privés utilisateurs de Doctolib®, toutes spécialités confondues. Parmi eux, 15 722 ont ouvert cet e-mail et 2377 ont ouvert le questionnaire. Une semaine avant la fin de la période d’inclusion (24 novembre 2020), les médecins libéraux ont reçu une nouvelle invitation à remplir l’enquête par un message de notification sur leur agenda Doctolib. Nous ne pouvons pas connaître la proportion de médecins qui ont vu cette notification. Nous considérons que les 15 722 médecins qui ont ouvert l’e-mail d’invitation ont reçu l’invitation (Fig. 1 ).

Fig. 1.

Fig. 1

Flow chart.

2.3. Mesures

Les médecins ont d’abord renseigné leur tranche d’âge, leur sexe, leur discipline de spécialité, leur département français d’exercice. Ensuite, ils ont été invités à préciser le type de leur pratique. Seul ou en groupe, avec ou sans secrétaire ou assistant médical et en tant que salarié ou non.

2.4. Le burn-out

Pour évaluer le burn-out, nous avons utilisé l’échelle « Copenhagen Burnout Inventory » (CBI) qui est une échelle validée [19]. L’échelle examine le burn-out et son attribution sur trois facettes distinctes : l’épuisement personnel (EP) (fatigue générale psychologique et physique, six items), l’épuisement lié au travail (ETL) (sept items) et l’épuisement lié au patient (ETP) (« client » est remplacé par « patient » dans cette étude, six items). Chaque item est une échelle de Lickert de cinq points allant de 0 à 100. Toujours pour 100, souvent pour 75, parfois pour 50, rarement pour 25, et jamais/presque jamais pour 0. Le seuil pour chaque sous-échelle est un score moyen supérieur à 50. Le burn-out a été défini par un score supérieur au seuil pour au moins une des sous-échelles [20]. Nous avons utilisé également chaque sous-échelle pour évaluer quelle facette est la plus impactée dans notre population.

2.5. Symptômes d’anxiété et de dépression

Les symptômes d’anxiété et de dépression ont été évalués par l’Hospitalisation Anxiety and Depression Scale (HADS) [21]. Ce questionnaire, qui comprend sept questions sur les symptômes d’anxiété et sept sur les symptômes de dépression, est une échelle de Likert à quatre points. Chaque item va de 0 à 3 pour un maximum de 21 dans chaque sous-échelle. Nous avons utilisé pour chaque sous-échelle (HADS-D pour dépression et HADS-A pour anxiété) les seuils, > 7 et > 10, qui sont les seuils les plus utilisés dans la littérature, pour le dépistage de symptômes anxieux et dépressifs [22]. Le seuil > 7 permet un dépistage d’un épisode dépressif caractérisé avec une sensibilité de 82 % et une spécificité de 74 %. Le seuil > 10 permet un dépistage avec une sensibilité de 56 % et une spécificité de 92 % [22]. Les études françaises pouvant utiliser ces deux seuils, nous avons décidé d’inclure ces deux niveaux de résultats afin d’augmenter la comparabilité avec les données de la littérature [23]. L’étude ESTEM réalisée en 2017 concernant les médecins hospitaliers présentait déjà les résultats avec les deux seuils [3].

2.6. Détresse psychologique

Nous avons repris la définition utilisée dans l’étude ESTEM : présence de symptômes d’anxiété ou de dépression (seuil HAD > 7) ou de burn-out (score CBI > 50) [3].

2.7. Sévérité de l’insomnie

Nous avons choisi l’Insomnia Severity Index (ISI) [24] pour mesurer les plaintes liées au sommeil chez les médecins. L’ISI est un questionnaire d’autoévaluation en sept points qui évalue la nature, la sévérité et l’impact de l’insomnie. Chaque item est évalué par une échelle de Likert en cinq points. Le score total varie de 0 à 28. Le score total est classé comme suit : absence d’insomnie (0–7), insomnie légère (8–14), insomnie modérée (15–21) et insomnie sévère (22–28). Nous avons donc utilisé un score ISI ≥ 8 pour définir l’insomnie.

2.8. Lien entre le stress et la pandémie de COVID-19

Afin de relier les variations des échelles psychométriques à la pandémie de COVID-19, l’un des items demandait spécifiquement si les participants considéraient que « Considérez-vous que l’épidémie COVID-19 que nous traversons est actuellement source d’un excès de stress, d’une souffrance psychologique ou d’un épuisement professionnel ? » avec une réponse Oui/Non.

2.9. Lien entre le stress et le travail

Le stress lié au travail était mesuré par deux questions : « Considérez-vous que votre travail est actuellement source d’un excès de stress, d’une souffrance psychologique ou d’un épuisement professionnel ? » et « Indiquez, par une note comprise entre 0 et 4 (allant de « Absence de stress » à « Stress très intense »), l’intensité actuelle de votre état de stress, de souffrance ou d’épuisement lié au travail ». La variable stress lié au travail est binaire et correspond à une réponse oui à la première question et à un stress au moins léger à la deuxième question (≥ 1).

2.10. Considérations éthiques

L’approbation de cette étude a été obtenue auprès du comité d’examen institutionnel local de l’Université de Paris-Saclay, France. Les questionnaires ont été recueillis de manière anonyme, sans possibilité de traçage informatique. Par mesure complémentaire de sécurité, l’âge a été déterminé par catégories (intervalles de cinq ans). Les données ont été stockées dans une base de données hors ligne pour des analyses ultérieures. Les répondants ont été informés qu’en acceptant de renvoyer leurs questionnaires anonymes, ils donnaient leur consentement éclairé à la participation.

2.11. Analyses statistiques

Les statistiques descriptives étaient présentées sous forme de pourcentages pour l’âge, le sexe, le groupe (généralistes ou autres spécialistes) et les caractéristiques du type de cabinet. Les prévalences entre médecins généralistes et autres spécialistes ont été comparées en bivarié avec des tests du Chi2 pour les variables qualitatives et tests de T-student pour les variables quantitatives. Nous avons ajusté par régression logistique sur les caractéristiques professionnelles statuts, mode d’exercice et présence d’un assistant ou secrétaire, ainsi que sur l’âge et le sexe qui sont des facteurs de risque de symptômes dépressifs [25], de troubles anxieux et de burn-out [26]. Suivant ces critères, nous avons ajusté sur le statut d’activité, le mode d’exercice et la présence d’une secrétaire. La significativité a été évaluée à l’aide de tests bilatéraux avec un risque alpha fixé a priori à 0,05. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SPSS 20 (IBM SPSS Statistic 20).

3. Résultats

3.1. Population

Au total, 1992 médecins libéraux ont complété le questionnaire. Le taux de réponse était de 6,1 % des médecins utilisateurs Doctolib et 12,8 % de ceux qui ont reçu le courriel d’invitation (Fig. 1). Au total, 1992 médecins ont répondu. Ils étaient constitués à 47,9 % (954) de médecins généralistes et à 57,9 % (1154) de femmes (Tableau 1 ). Leur mode d’exercice était principalement libéral exclusivement (85,2 %), en groupe (63,2 %) et avec un assistant ou secrétaire pour 62,2 % des médecins.

Tableau 1.

Caractéristiques sociodémographiques et des conditions de travail en fonction de la spécialité (généraliste versus spécialiste).

Spécialistes
n (%)
Médecins généralistes
n (%)
Total (%) Valeur de p
Femmes 588 (56,6) 566 (59,3) 1154 (57,9) 0,122
Âge <0,001
 20–40 265 (25,6) 374 (39,2) 639 (32,1)
 41–50 291 (28,0) 208 (21,8) 499 (25,0)
 51–60 209 (20,1) 145 (15,2) 354 (17,8)
 ≥ 60 273 (26,3) 227 (23,8) 500 (25,1)
Statut <0,001
 Libéral 825 (79,5) 872 (91,4) 1697 (85,2)
 Salarié ou mixte 213 (20,5) 82 (8,6) 295 (14,8)
Mode d’exercice <0,001
 Seul 445 (42,9) 288 (30,2) 733 (36,8)
 En groupe 593 (57,1) 666 (69,8) 1259 (63,2)
A un secrétaire/Assistant <0,001
 Pas d’ assistant 342 (32,9) 429 (45,0) 771 (37,8 %)

Les caractères en gras : p<0.05.

3.2. Prévalences des symptômes psychiatriques

Sur l’ensemble des médecins répondants, 79,4 % (1582) d’entre eux souffraient de détresse psychologique. Au sein de la détresse psychologique, le burn-out était le plus fréquent avec 71,3 % (1420) des médecins au seuil tandis que les symptômes d’anxiété et de dépression étaient présents chez 58,9 % (1174) et 26,7 % (532) d’entre eux respectivement. Parmi les répondants, 45,8 % (913) souffraient d’insomnie (Tableau 2 ).

Tableau 2.

Santé mentale des médecins en fonction de la spécialité (généraliste versus spécialiste).

Spécialistes
n (%)
Médecins généralistes
n (%)
Total
n (%)
Valeur de p Odds-ratio*
AOR [95 %CI]
Odds-ratio**
AOR [95 %CI]
HADS-D (>7) 267 (25,7) 265 (27,8) 532 (26,7) 0,162
HADS-D (>10) 103 (9,9) 112 (11,7) 215 (10,8) 0,109
HADS-A (>7) 614 (59,2) 560 (57,7) 1174 (58,9) 0,437
HADS-A (>10) 328 (31,6) 305 (32,0) 633 (31,8) 0,448
Burn-out 709 (68,3) 711 (74,5) 1420 (71,3) 0,001 1,33 [1,09–1,63] 1,34 [1,09–1,64]
Épuisement professionnel 648 (62,4) 678 (71,1) 1326 (66,6) <0,001 1,46 [1,21 ; 1,77] 1,422 [1,19–1,77]
Épuisement personnel 593 (57,1) 592 (62,1) 1185 (59,5) 0,014 1,21 [1,01–1,45] 1,22 [1,01–1,48]
Épuisement lié aux patients 395 (38,1) 390 (40,9) 785 (39,4) 0,107
Insomnie clinique (>7) 509 (49,0) 404 (42,3) 913 (45,8) 0,002 0,80 [0,67–0,96] 0,83 [0,69–1,00]
Détresse Psychologique : HADD (>7) ou HADA (>7) ou burn-out 808 (77,8) 774 (81,1) 1582 (79,4) 0,039 1,21 [0,97–1,51] 1,15 [0,92–1,44]
Stress lié au COVID-19 765 (73,8) 764 (80,3) 1529 (76,9) 0,001 1,43 [1,16–1,77] 1,40 [1,12–1,74]
Stress perçu lié au travail 671 (64,6) 697 (73,1) 1368 (68,7) <0,001 1,50 [1,23 ; 1,81] 1,50 [1,23 ; 1,83]
Conséquences du stress (sur 1014 sujets)
Arrêt maladie (12 mois) 16 (3,3) 28 (5,3) 44 (4,3) 0,123
Prise de médicaments psychotropes (12 mois) 137 (28,0) 180 (34,4) 317 (31,3) 0,030 1,38 [1,05 ; 1,81] 1,43 [1,08 ; 1,90]
Augmentation de la consommation d’alcool ou de tabac (12 mois) 139 (28,4) 145 (27,7) 284 (28,0) 0,834
Prise de drogues illégales (12 mois) 10 (2,0) 7 (1,3) 17 (1,7) 0,466

* : ajusté sur âge et sexe ; ** : ajusté sur âge et sexe et sur le statut d’activité, le mode d’exercice et la présence d’une secrétaire.

3.3. Comparaison entre médecins généralistes et autres spécialités

Il n’y avait pas de différence significative de sexe entre les médecins généralistes et les médecins d’autres spécialités.

Les médecins généralistes étaient significativement plus jeunes (Tableau 1), pratiquaient plus souvent une activité libérale exclusive (91,4 % contre 79,5 %), en groupe (69,8 % contre 57,1 %) et disposaient plus fréquemment d’une secrétaire (45 % contre 32,9 %) (Tableau 1).

Les généralistes avaient une prévalence plus élevée de détresse psychologique (81,1 % contre 77,8 %) (Tableau 2). Au sein de cette détresse psychologique, seul le burn-out avait une prévalence plus élevée chez les généralistes (74,5 %) que chez les autres spécialistes (68,3 %), OR ajusté = 1,34 ; IC95 [1,09–1,64] (Tableau 2). Cette différence pouvait être expliquée aux sous échelles de burn-out par un épuisement professionnel et de manière moindre par un épuisement personnel significativement plus élevés chez les généralistes (respectivement, 71,1 % versus 62,4 %, OR ajusté = 1,42 ; IC95 [1,19–1,77] et 62,1 % versus 57,1 %, OR ajusté = 1,22 ; IC95 [1,01–1,48]). L’insomnie était significativement différente en analyses bivariées (p  = 0,002) mais ne se maintenait pas après ajustement. Cependant, les généralistes prenaient significativement plus de psychotropes (34,4 % versus 28 % avec un OR ajusté = 1,43 IC95 [1,08–1,90]). Il n’y avait pas de différence en termes de consommation d’alcool ou de tabac et de prise de drogue. Les généralistes reliaient significativement plus souvent leur stress à la pandémie COVID-19 (80,3 % versus 73,8 %, OR ajusté = 1,40 IC95 [1,12–1,74]) et au travail OR ajusté = 1,50 IC95 [1,23–1,83] que les médecins d’autres spécialités.

4. Discussion

Dans notre étude, les médecins généralistes présentaient des taux plus élevés de burn-out, de stress perçu lié au travail, de stress lié à la pandémie COVID-19 et de consommation de psychotropes que les médecins d’autres spécialités.

4.1. Burn-out

Dans cette étude, nous avons trouvé que les médecins généralistes ont un taux plus élevé de burn-out que les médecins d’autres spécialités durant la deuxième vague COVID-19 avec respectivement 74,5 % et 68,3 %. Dans l’étude autrichienne précédemment citée, la prévalence du burn-out était également plus importante chez les généralistes que cher les autres spécialistes [18]. Notons que, cette étude avait été faite entre la première et la deuxième vague de COVID-19. Par ailleurs, le système de santé peut avoir des effets spécifiques sur la souffrance psychologique, rendant les comparaisons entre pays délicates [27]. Par rapport au MBI (Maslach Burnout Inventory), la CBI permet d’étudier les caractéristiques dimensionnelles du burn-out chez les médecins (épuisement personnel, épuisement lié au travail et épuisement lié aux patients) [28], un intérêt majeur pendant la pandémie COVID-19.

De manière intéressante, cette différence de prévalence entre les généralistes et les autres médecins libéraux était liée à l’épuisement personnel et à l’épuisement lié au travail alors que la prévalence de l’épuisement lié aux patients n’était pas différente dans les deux groupes. L’étude autrichienne retrouvait quant à elle une différence significative pour l’épuisement personnel et lié aux patients mais pas pour l’épuisement lié au travail.

Par ailleurs, les résultats sur la population globale de notre étude, montrent que près de 80 % des médecins libéraux interrogés souffraient de détresse psychologique, dont 68 % de burn-out. Dans notre étude, 76,8 % des médecins libéraux rapportaient un stress lié à la pandémie COVID-19. En comparaison des études réalisées avant le COVID-19, la pandémie semblerait avoir un impact important sur le burn-out des médecins.

Dans une méta-analyse incluant 22 études publiées entre 2004 et 2017 [2], la prévalence du burn-out a été estimée à 48 % IC95 [45–51] chez les médecins généralistes français. Une étude plus récente chez les médecins généralistes français, utilisant la MBI retrouve une prévalence du burn-out de 44,8 % [29]. L’étude ESTEM que nous avons publiée avant la pandémie, retrouvait une prévalence de burn-out de 60,1 % chez les médecins hospitaliers [3]. Bien qu’il s’agisse de taux élevés, toutes ces prévalences sont largement inférieures à celles que nous avons retrouvées chez les médecins libéraux français durant la deuxième vague épidémique et encore plus faibles que celles des médecins généralistes.

D’autre part, les médecins généralistes avaient une souffrance psychologique plus fréquemment liée à la pandémie COVID-19 (80,3 % vs 73,8 %) et au travail (73,1 % vs 64,6 %) que leurs confrères d’autres spécialités. Ces éléments vont tous dans le sens d’un impact négatif plus marqué de la pandémie COVID-19 sur la santé mentale des médecins généralistes en comparaison aux médecins des autres spécialités. Selon une enquête, dès le début de l’épidémie 70,9 % des médecins généralistes français ont adapté leurs pratiques en matière d’accès aux soins pour les patients, dans un contexte de manque d’équipements de protection individuelle[9]. Les généralistes étant en première ligne, cela pourrait expliquer pourquoi le retentissement de la pandémie a été plus important pour eux. L’impact important de la pandémie sur les médecins généralistes a été confirmé par une revue systématique la littérature incluant 31 études qui ont mis en évidence de multiples sources de stress (les changements intervenus dans la pratique, notamment le passage aux consultations à distance, augmentation de la charge de travail, le risque d’infection, le manque d’équipements de protection, le temps consacré à la recherche d’informations, le sentiment d’être submergé par des informations provenant de différentes sources, les difficultés de communication et le manque de cohésion entre les généralistes et les autres acteurs de soins…) pendant cette période. Les généralistes ont rapporté des expériences de stress, d’épuisement professionnel, d’anxiété, de dépression, de peur de COVID-19, de diminution de la satisfaction au travail, de symptômes physiques (migraines…), d’augmentation de la consommation d’alcool et de tabac… [30].

Il existe très peu d’études qui, avant la pandémie COVID-19, comparent les médecins généralistes aux autres spécialités du secteur privé. Dans une étude Suisse portant sur 371 médecins, les médecins généralistes avaient un taux d’épuisement plus élevé que les pédiatres et les cancérologues [31]. Dans une méta-analyse récente sur la prévalence du burn-out chez les médecins, les généralistes n’apparaissent pas comme étant la spécialité avec la prévalence la plus élevée [1]. Cependant, en raison de l’hétérogénéité (méthodes de vérification, définitions, résultats et hétérogénéité statistique), la mise en commun méta-analytique des estimations de prévalence n’est pas considérée comme fiable dans ce domaine [1]. En effet, les auteurs ont trouvé 47 définitions distinctes du « burn-out global » et 29, 26 et 26 définitions de l’épuisement émotionnel, de la dépersonnalisation et de la faible prévalence de l’accomplissement personnel, respectivement.

4.2. Anxiété et dépression

Dans notre étude, 58,9 % des médecins libéraux avaient un score HADS > 7 pour l’anxiété. Cependant, les symptômes anxieux n’étaient pas significativement différents entre les médecins généralistes et les autres médecins libéraux (57,7 % vs 59,2 %). Selon une méta-analyse, la prévalence de l’anxiété chez les médecins pendant la pandémie, dans les études utilisant la HADS, variait entre 23,2 et 49 %, des résultats inférieurs aux nôtres mais la plupart des études se sont déroulées pendant la première vague et le seuil n’était pas précisé [32].

Dans une étude en France pendant la deuxième vague utilisant aussi l’échelle HADS avec seuil > 7, les médecins des soins intensifs avaient une prévalence des symptômes d’anxiété de 47,4 % [33], également moins élevée que dans notre étude (58,9 %). On peut également comparer avec les données de l’étude nationale française COVIPREV [34]. Il s’agit d’une enquête menée en ligne par Santé publique France depuis mars 2020 et qui interroge chaque mois 2000 personnes de 18 ans et plus. Cette étude utilise également la HADS mais avec un seuil > 10 : la prévalence des symptômes anxieux en novembre 2020 était de 18,5 % en population générale contre 31,8 % chez les médecins de notre étude en utilisant ce même seuil.

Dans notre étude, 26,7 % des médecins libéraux avaient un score HADS > 7 pour la dépression. Cependant, les symptômes dépressifs n’étaient significativement pas différents entre les médecins généralistes et les autres médecins libéraux (27,8 % vs 25,7 %). La méta-analyse précédemment citée retrouvait, dans les études utilisant la HADS, une prévalence de la dépression qui variait de 17,6 à 38,6 % [32], similaire à notre étude.

Dans l’étude française déjà citée, les médecins des soins intensifs avaient une prévalence des symptômes de dépression de 30,8 % [33], plus élevée que celle de notre étude (26,7 %). Par rapport à COVIPREV [34] : la prévalence des symptômes dépressifs en novembre 2020 était de 22,6 % en population générale contre 10,8 % chez les médecins de notre étude en utilisant ce même seuil, soit deux fois supérieure. Cela peut s’expliquer par le fait que les médecins n’étaient pas confinés et continuaient d’exercer leur profession.

Étant donné le stress chronique des vagues successives, il serait intéressant de reproduire cette étude pour observer l’évolution de chacun des domaines dans cette population. En effet, le stress chronique, engendré notamment par l’état de burn-out, pourrait conduire secondairement à une élévation du taux de symptômes anxieux et dépressifs [35], [36].

4.3. Conséquences du stress au travail et insomnie

Les médecins généralistes avaient significativement plus de stress lié au COVID-19 (80,3 % vs 73,8 %) et plus de stress lié au travail (73,1 % vs 64,6 %) que les autres spécialistes. Ils décrivaient également une consommation plus importante de psychotropes (34,4 % vs 28,0 %) (Tableau 2). L’augmentation de la consommation d’alcool et de psychotropes chez les soignants pendant la pandémie, notamment associée à une augmentation de la charge de travail, est un résultat reproduit dans plusieurs études [37], [38].

La prévalence de l’insomnie dans notre étude est proche de la prévalence des troubles du sommeil chez les médecins s’occupant des patients COVID-19 dans une méta-analyse récente : 45,8 % vs 41,6 % (IC95 [27,7–57 %]) [39]. Au niveau Français, une étude sur les anesthésistes réanimateurs en 2015 retrouvait également une prévalence de l’insomnie de 45 % [40]. Une étude sur les radiologues pendant la première vague retrouvait une prévalence de l’insomnie de 43,4 % chez les libéraux et de 38,1 % chez les hospitaliers [14]. L’absence de différence après ajustement sur la fréquence de l’insomnie chez les médecins généralistes pourrait être liée à la consommation significativement plus importante de psychotropes dans cette population.

L’enquête COVIPREV qui évaluait la présence de troubles du sommeil avec une question unique (« Au cours des huit derniers jours avez-vous eu des problèmes de sommeil ? ») retrouvant fin novembre 2020 que 65,7 % des français déclaraient avoir eu des problèmes de sommeil [34].

4.4. Forces et limites

Notre enquête avec 1992 médecins libéraux répondants est à notre connaissance la plus vaste étude menée en médecine libérale en termes d’effectifs sur leur santé mentale pendant le COVID-19 et la seule comparant l’anxiété, la dépression, l’insomnie, le burn-out et les consommations de psychotropes et d’alcool entre généralistes et libéraux d’autres spécialités. Elle est la première à évaluer la santé mentale des médecins libéraux en France lors de la deuxième vague en association avec le stress lié à la COVID-19. De plus, elle évalue non seulement la santé mentale mais aussi le stress lié à la pandémie de COVID-19 permettant de mieux percevoir l’impact ressenti de la pandémie par les médecins.

Cependant, nous avons un faible taux de réponse. Plusieurs raisons peuvent être invoquées : d’abord, l’absence d’e-mail de rappel (un seul e-mail au début de l’étude), ensuite, en raison de la situation sanitaire, les médecins étaient probablement débordés et n’ont pas pu prendre le temps de répondre pendant la durée de l’enquête (un mois) et enfin, l’absence d’habitude de ce type d’étude par rapport aux médecins hospitaliers. Pour comparer, une étude par e-mail entre février et avril 2017 avec un e-mail de rappel adressé aux chirurgiens orthopédistes et traumatologues, comprenant 52 % de chirurgiens d’exercice privé, a eu un taux de réponse de 23 % (441/1900). Une étude en population de médecins généralistes a inclus 1926 sujets (taux de réponse de 3,6 %) mais avec une période d’inclusion de plusieurs mois [29].

5. Conclusion

À notre connaissance, il s’agit de la plus importante étude française sur les médecins libéraux. Nous avons retrouvé des prévalences élevées de symptômes dépressifs, anxieux et de burn-out chez les médecins au cours de la deuxième vague. L’impact de la pandémie de COVID-19 était plus sévère chez les médecins généralistes que chez les autres spécialistes. Les conséquences possibles sont multiples dans le court terme telles qu’arrêt de travail, changement de profession ou départ à la retraite, mais aussi dans le moyen terme sur l’offre de soins et sur la santé mentale des médecins. Des actions devraient être entreprises pour prévenir la survenue des troubles, mieux les dépister et mieux les prendre en charge.

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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