Une femme de 34 ans, en bonne santé, s’est présentée à notre clinique de gynécologie pour le traitement d’un polype cervical. Ses médicaments comprenaient un contraceptif oral et de l’ibuprofène en raison de règles abondantes et d’une dysménorrhée de longue date. Elle avait des épisodes occasionnels de dyschésie et n’était pas active sexuellement. Ses derniers tests Pap étaient normaux. L’examen au spéculum a mis en évidence de nombreuses lésions polypoïdes dans le fornix vaginal postérieur droit, qui ne touchaient pas le col de l’utérus (figure 1). Une excision locale large a été effectuée au bloc opératoire, et l’examen pathologique a confirmé le diagnostic d’endométriose polypoïde vaginale (annexe 1, accessible en anglais au www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.220466/tab-related-content).
Figure 1:
Photographie d’une endométriose polypoïde vaginale (flèches), visualisée à l’examen au spéculum, chez une femme de 34 ans.
L’échographie focalisée a confirmé un utérus antéversé, antéfléchi, avec adénomyose diffuse généralisée. Les ovaires étaient normaux mais déplacés vers la ligne médiane, en apposition (kissing ovaries), derrière le col de l’utérus, signe d’endométriose grave. Le rectosigmoïde adhérait à la partie postérieure droite du vagin, où étaient situées les lésions polypoïdes. Après avoir été informée des possibilités de prise en charge de l’endométriose, la patiente a choisi de remplacer le contraceptif oral associant du lévonorgestrel et 30 μg d’éthinylœstradiol par un autre médicament composé d’acétate de noréthindrone et d’une dose moindre d’éthinylœstradiol (10 μg) pour induire une suppression hormonale ciblant l’endométriose. Les symptômes ont diminué sensiblement.
L’endométriose consiste en la présence de glandes et de stroma pseudo-endométriaux à l’extérieur de la cavité utérine. Elle est associée à des douleurs pelviennes et à l’infertilité, et se développe chez 10 %–15 % des femmes en âge de procréer1. L’endométriose polypoïde, forme rare de cette maladie, se manifeste généralement sur le côlon et les ovaires, parfois dans le vagin, sous forme de grosses masses polypoïdes; on soupçonne généralement un cancer avant l’examen histologique2. Le symptôme le plus fréquent de l’endométriose polypoïde vaginale est la présence de taches post-coïtales, qui vont parfois jusqu’à l’hémorragie3.
Les différents traitements de l’endométriose polypoïde vaginale, comparables à ceux de l’endométriose pelvienne, sont axés sur le soulagement des symptômes à l’aide de traitements de suppression œstrogéniques ou progestatifs. Par exemple, nous avons prescrit de l’acétate de noréthindrone, un progestatif relativement androgène, à noyau « œstrane », qui s’avère efficace dans la diminution de la douleur liée à l’endométriose1. L’association d’éthinylœstradiol à faible dose et d’acétate de noréthindrone, utilisée dans le présent cas, est idéale pour réduire la stimulation des lésions endométrioïdes riches en oestrogène1. Les lésions polypoïdes vaginales sont parfois liées à l’endométriose profonde, qui touche les structures pelviennes, les intestins et le vagin. Une orientation vers une chirurgienne ou un chirurgien spécialiste de la maladie devrait être envisagée en cas d’échec de la prise en charge médicale.
Voir la version anglaise de l’article ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.220466
Footnotes
Intérêts concurrents: Liane Belland déclare avoir reçu des honoraires d’AbbVie, d’Olympus, de Pfizer et de Seaford Pharmaceuticals ainsi que des honoraires pour sa participation à des comités consultatifs pour AbbVie. Elle est présidente de la Société canadienne pour l’avancement de l’excellence en gynécologie et membre d’EndoACT. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Les auteures ont obtenu le consentement de la patiente.
Références
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- 2.Parker RL, Dadmanesh F, Young RH, et al. Polypoid endometriosis: a clinicopathologic analysis of 24 cases and a review of the literature. Am J Surg Pathol 2004;28:285–97. [DOI] [PubMed] [Google Scholar]
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