Les taux d’anaphylaxie sont en hausse
Le nombre d’hospitalisations pour anaphylaxie a été multiplié par 5–7, notamment en raison du nombre d’anaphylaxies d’origine alimentaire (principaux déclencheurs : arachides, mollusques et crustacés, noix)1. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les antibiotiques (en particulier les β-lactamines), les agents de blocage neuromusculaire et les produits chimiques sont les déclencheurs iatrogènes les plus fréquemment signalés2. Les réactions à des agents chimiothérapeutiques ou immunomodulateurs sont également en hausse3.
L’adrénaline devrait être administrée dès que l’anaphylaxie est reconnue
L’adrénaline est le traitement de première intention de l’anaphylaxie. Les retards d’administration sont associés à des résultats plus défavorables, y compris l’arrêt respiratoire ou cardiaque4.
L’adrénaline intramusculaire est le traitement initial à privilégier
Il est recommandé d’administrer l’adrénaline par voie intramusculaire, à une dose de 0,5 mg chez les adultes et de 0,01 mg/kg chez les enfants pesant 30 kg ou moins (dose maximale de 0,3 mg chez les enfants prépubères et de 0,5 mg chez les adolescents et adolescentes)4. L’adrénaline s’injecte par voie intramusculaire dans le deltoïde ou dans le muscle vaste externe de la partie médio-distale de la cuisse et peut être réadministrée après 5–15 minutes4. Les auto-injecteurs sont efficaces; il s’agit de seringues préremplies à usage unique, offertes en doses de 0,3 mg pour les adultes, les adolescents et adolescentes et les enfants pesant plus de 30 kg, et en doses de 0,15 mg pour les enfants pesant de 15–30 kg4. Le dispositif doit être maintenu 3 secondes contre la peau pendant et après le déploiement pour permettre l’administration complète du contenu.
Les erreurs médicamenteuses liées à l’adrénaline sont fréquentes et peuvent être dangereuses
Des erreurs de voie, à savoir l’administration involontaire d’adrénaline intramusculaire par voie intraveineuse, et des erreurs de posologie d’adrénaline intraveineuse sont souvent déclarées5. Ces erreurs peuvent entraîner une hypertension grave, une angine, un infarctus du myocarde, un choc cardiogénique, un accident vasculaire cérébral ou une tachyarythmie potentiellement mortelle4,5.
Les perfusions intraveineuses d’adrénaline devraient être utilisées uniquement en cas d’anaphylaxie réfractaire
L’anaphylaxie réfractaire, définie comme la persistance des symptômes malgré 2 doses d’adrénaline intramusculaire, concerne environ 1 % des cas d’anaphylaxie grave4,6. En parallèle d’une consultation en soins intensifs, une perfusion intraveineuse d’adrénaline à faible dose devrait être entreprise4. En mélangeant 1 mg d’adrénaline avec 1000 mL de cristalloïde, on obtient une solution de 1 μg/mL, qui s’administre à un débit de 5–20 μg par minute (5–20 mL/min).
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.221319
Footnotes
Intérêts concurrents: Martin Chapman est le coprésident du comité de réanimation du Centre Sunnybrook des sciences de la santé. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Références
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