Le syndrome malin des neuroleptiques (SMN) est une réaction médicamenteuse aux antagonistes dopaminergiques à potentiel fatal
Il se caractérise par de la rigidité, une altération de l’état mental, l’hyperthermie et la dysfonction autonome (c.-à-d., diaphorèse, tachycardie, tachypnée et labilité de la tension artérielle)1. Il affecte environ 0,02 %–0,03 % des malades traités par antipsychotiques et s’accompagne d’une mortalité pouvant atteindre 5,6 % selon de récentes estimations2. Il peut aussi être causé par les antiémétiques antagonistes de la dopamine, comme le métoclopramide2,3.
Les symptômes se manifestent généralement de quelques jours à 2 semaines suivant l’amorce ou un changement de dose du médicament
Le taux de créatine kinase est souvent supérieur à 1000 UI/L1,3. L’imagerie cérébrale, la ponction lombaire, les épreuves métaboliques et les immunodosages du médicament sont à envisager pour exclure d’autres causes (p. ex., toxiques, métaboliques, infectieuses ou structurelles)1,2. Une revue complète des antécédents pharmaceutiques aide à distinguer le SMN du syndrome sérotoninergique et des toxidromes liés aux sympathomimétiques ou aux anticholinergiques2,4.
Le SMN peut se manifester avec n’importe quelle dose d’antipsychotique et la plupart des cas se produisent avec les doses thérapeutiques
Parmi les facteurs de risque, mentionnons, l’utilisation d’antipsychotiques puissants de première génération (c.-à-d., halopéridol, fluphénazine), le recours à des doses fortes, une augmentation rapide des doses, les préparations parentérales et les antécédents de SMN. Les personnes qui prennent des doses stables peuvent présenter un SMN lors d’un épisode de maladie aiguë2–5.
La prise en charge repose sur l’arrêt de l’agent en cause et les soins de soutien intensifs
Les malades peuvent avoir besoin de soins intensifs pour la réanimation liquidienne, le traitement de l’hyperthermie et de toute dysfonction des organes cibles3,5. Les benzodiazépines (c.-à-d., 1–2 mg de lorazépam toutes les 4–6 heures, par voie intramusculaire ou intraveineuse) sont des traitements de première intention pour la rigidité musculaire et l’hyperactivité du système sympathique, y compris l’agitation et l’hyperthermie3,5. Des couvertures réfrigérées et des vessies de glace doivent aussi être utilisées en cas d’hyperthermie. L’efficacité du dantrolène, des agonistes dopaminergiques, comme la bromocriptine, et des électrochocs n’a pas été bien établie. On peut envisager d’y recourir sous la supervision du centre antipoison local pour déterminer les doses si les symptômes s’aggravent malgré le traitement initial. Il faut aussi envisager une thromboprophylaxie veineuse chez tous les malades4.
En général, les symptômes rentrent dans l’ordre en l’espace de 7–10 jours après l’arrêt du médicament
Un diagnostic et un traitement hâtifs permettent à la plupart des malades de se rétablir complètement5. S’il faut continuer d’administrer des antipsychotiques, les mesures de prévention des récurrences (estimées à 10 %–30 %) incluent la reprise du médicament au moins 2 semaines après la résolution des symptômes (4 semaines dans le cas des injections à action prolongée), le recours à des antipsychotiques de faible puissance, à de petites doses et à un ajustement à la hausse progressif2–5.
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Voir la version anglaise de l’article ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.221763
Footnotes
Intérêts concurrents: Aucun déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Références
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