En mars, mon mari et moi avons eu un rhume et avons tous les deux été aux prises avec une toux. La sienne a guéri, mais la mienne a persisté.
En juillet, j’ai remarqué que j’avais du mal à manger. J’ai essayé d’appeler mon infirmière praticienne, mais la clinique était fermée. J’ai appelé une clinique ouverte après les heures normales, pour me faire dire que la toux n’était pas un symptôme aigu et que je devais prendre rendez-vous avec mon infirmière praticienne.
Quand la clinique a rouvert, en août, on m’a donné un rendez-vous à la fin novembre. J’avais un voyage prévu en octobre, et j’ai expliqué que je voulais régler ce problème avant de partir, alors on m’a proposé un rendez-vous en octobre.
Peu avant mon rendez-vous, je mangeais difficilement et j’avais des palpitations cardiaques. Je sentais aussi un hoquet ou quelque chose du genre dans ma poitrine. Après le rendez-vous, on m’a envoyée passer une radiographie pulmonaire. L’infirmière praticienne m’a appelée le lendemain pour me dire que j’avais du liquide dans les poumons et m’a prescrit une sorte de cortisone et deux inhalateurs, ainsi qu’une nouvelle radiographie.
Après la deuxième radiographie, on m’a dit que rien n’avait changé. J’ai passé une tomodensitométrie et, quelques jours plus tard, l’infirmière praticienne m’a appelée en soirée pour m’annoncer: « Sandy, vous avez un cancer de stade 4 ».
C’était un choc, parce que je ne fume pas, et j’avais toujours associé le cancer du poumon avec le tabagisme et le mode de vie. Je ne bois pas et ne fume pas. Mon mari et moi exploitons une ferme laitière et sommes des gens actifs. C’était épouvantable d’apprendre cette nouvelle au téléphone. Je me disais: « C’est tout simplement une condamnation à mort ».
On m’a aiguillée vers une clinique de cancérologie, où j’ai enchaîné les examens: tomodensitométries, biopsie, tomographies par émission de positons et examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Le seul bon souvenir que je garde du processus, c’est l’infirmière qui m’a dit de ne pas m’inquiéter et de ne rien lire sur Internet. Elle m’a raconté que son père avait reçu un diagnostic de cancer du poumon cinq ans plus tôt et qu’il allait bien. Je me suis accrochée à cet encouragement.
À ce moment-là, j’avais perdu 45 livres. Je ne mangeais plus, parce que des métastases s’étaient formées autour de mon estomac. J’ai commencé la radiothérapie pour faire rapetisser les nœuds lymphatiques dans mon abdomen. J’ai reçu cinq traitements complets avant qu’on sache exactement de quel type de cancer j’étais atteinte.
J’ai eu une biopsie une semaine avant Noël, et ça a été long avant d’avoir enfin le diagnostic. Mes trois enfants adultes savaient que j’avais une toux et avaient insisté pour que je consulte à ce sujet. Je ne savais pas quoi leur dire, car je ne savais pas moi-même ce qui se passait, je savais seulement que j’avais un cancer du poumon. La nouvelle les a dévastés. J’ai aussi trois jeunes petits-fils, qui ont heureusement illuminé un Noël difficile. À l’époque, j’ignorais si c’était mon dernier Noël.
Il s’est écoulé 50 jours entre l’annonce de mon diagnostic de cancer et celle des résultats de la biopsie. Je ne sais pas si c’est un délai normal, mais j’ai trouvé ça vraiment long. Quand mon oncologue a enfin eu les résultats, il m’a dit que, en raison de la mutation de mon cancer, c’était une des formes de cancer du poumon les plus faciles à traiter. J’étais aux anges.
Au départ, je croyais que j’irais à l’hôpital et qu’on m’administrerait une chimiothérapie par intraveineuse, mais mon oncologue m’a dit que le traitement était tout simple. Je devrais prendre un comprimé par jour, et je me sentirais déjà mieux après une semaine.
Comme nous sommes des travailleurs indépendants et que nous n’avons pas d’assurance maladie privée, j’ai dû faire une demande au Programme de médicaments Trillium du gouvernement de l’Ontario pour que mon osimertinib soit couvert. La pharmacie a fait la demande, et l’approbation a pris 12 jours. Je pensais que je devrais payer le médicament entre-temps, mais la pharmacie m’a dit qu’il coûtait 10 000 $ par mois, soit environ 300 $ par jour, et qu’on ne me rembourserait rien de ce que j’avais payé. Pendant ces 12 jours d’attente, j’avais l’impression d’être rongée de l’intérieur. Je voulais juste quelque chose pour arrêter le cancer.
J’ai commencé à me sentir mieux 48 heures après la première dose. Mon appétit est vite revenu. C’était merveilleux! Je ne pouvais pas y croire. Depuis que j’ai commencé à prendre l’osimertinib, je me sens bien. J’ai quelques symptômes légers, mais je me sens vraiment bien.
Mon oncologue m’a dit que l’osimertinib finira par ne plus fonctionner; le cancer trouvera le moyen de le contourner. C’était un peu effrayant à apprendre, mais il était très encourageant. Il m’a dit qu’il existait d’autres médicaments que nous pourrions essayer, ce qui était très rassurant.
Voir la version anglaise de l’article ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.240465 ; voir l’article connexe ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.231562-f
Footnotes
Cet article a été révisé par des pairs.
Traduction et revision: Équipe Francophonie de l’Association médicale canadienne