Dans le présent numéro de la Revue canadienne de pneumologie, Bahadori et coll. (1) ( pages e43-e49) se penchent sur les facteurs de risque potentiels de réhospitalisation chez les patients souffrant de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) due à des poussées aiguës de la maladie. Au moyen d’un formulaire standardisé, ils ont analysé les dossiers hospitaliers des patients admis pour poussée aiguë de MPOC au cours d’une période d’environ 20 mois dans trois hôpitaux de Vancouver (en Colombie-Britannique). Ils ont caractérisé les patients et comparé ceux qui avaient été réadmis à ceux qui ne l’avaient pas été. L’article met en lumière les forces et les faiblesses d’une telle approche. Un des problèmes évidents avait trait à la chronologie des événements au cours de l’étude. L’hospitalisation initiale d’un patient survenait durant la période de l’étude, peu importe qu’il s’agisse ou non d’une réhospitalisation. L’admission subséquente devait survenir au cours de la même période de 20 mois pour être comptabilisée. Par conséquent, le risque de réhospitalisation était nécessairement lié au délai entre le début de l’étude et l’exacerbation initiale. Plus il restait de temps au patient pour être réadmis à l’intérieur de cette période, plus la réadmission devenait probable. Cette situation a pu exercer une nette influence sur les statistiques de réadmission.
L’un des avantages des analyses rétrospectives comme celle-ci, est qu’elles permettent d’accumuler des données concernant de forts contingents de patients. Il est également intéressant que les patients n’aient pas été sélectionnés (c.-à-d., qu’ils provenaient de la population générale). L’analyse des taux de poussées dans une étude clinique continue sur la MPOC comporte des avantages puisque les patients sont plus susceptibles d’être standardisés et caractérisés de façon uniforme et qu’ils appartiennent par définition à une catégorie « de la population réelle ». En revanche, l’une des principales faiblesses des études rétrospectives est qu’elles sont propices à l’omission de beaucoup de données. Par exemple, tous s’entendraient pour dire que le volume expiratoire maximum en une seconde (VEMS) est un paramètre important chez les patients souffrant de MPOC, mais il est très fréquent, même dans les bons hôpi-taux, de ne pas mesurer le VEMS lors des poussées de MPOC. Il en va de même pour l’indice de masse corporelle. Dans l’article de Bahadori et coll. (1), le Tableau 1 montre un manque flagrant de nombreuses données relatives à des domaines jugés importants par les auteurs. Ces données man-quantes ont pour effet de réduire la taille et la puissance de l’étude et si elles ne sont pas distribuées aléatoirement, elles risquent d’être encore plus dommageables. Principalement à cause des données manquantes, j’ai été déçu par les principaux facteurs de risque de réadmission, soit antécédents d’oxygénothérapie à domicile et d’autres maladies respiratoires.
Certaines conclusions revêtent toutefois un intérêt certain. On a noté des différences marquées entre les trois hôpitaux étudiés en ce qui a trait à la clientèle, aux taux de réadmission et à l’emploi des médicaments. L’un des hôpitaux admettait de toute évidence des patients moins malades que les deux autres. On ne sera donc pas surpris du taux relativement moindre de réadmission. Cet hôpital avait également recours aux antibiotiques plus souvent que les deux autres. L’hôpital qui présentait le taux de réadmission le plus élevé, et peut-être les patients les plus malades, avait également moins recours aux corticostéroïdes systémiques que les deux autres, ce qui a semblé bizarre. En effet, si la pharmacothérapie perhospitalière des patients a été fidèlement consignée, on pourrait dire que le traitement a souvent été sous-optimal dans ces trois hôpitaux universitaires de Vancouver, une conclusion dont il y a lieu de s’inquiéter. Autre observation plutôt inquiétante : le risque de réadmission était inversement proportionnel à la durée du séjour hospitalier initial. Je me serais attendu à l’inverse, c’est-à-dire qu’il est en général plus difficile d’accorder leur congé aux patients les plus malades. Or, ce résultat donne à penser que dans certains cas, les congés hospitaliers ont été accordés trop tôt.
RÉFÉRENCE
- 1.Bahadori K, FitzGerald JM, Levy RD, Fera T, Swiston J. Risk factors and outcomes associated with chronic obstructive pulmonary disease exacerbations requiring hospitalization. Can Respir J. 2009;16:e43–e49. doi: 10.1155/2009/179263. [DOI] [PMC free article] [PubMed] [Google Scholar]