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. 2001 Feb;6(2):103–109. [Article in French]

Le rôle du médecin dans la prévention du tabagisme

PMCID: PMC2804517

LES OBJECTIFS

Les objectifs du présent énoncé s’établissent comme suit :

  • examiner l’étendue du problème du tabagisme chez les enfants et les adolescents,

  • examiner les facteurs qui incitent les enfants et les adolescents à commencer à fumer,

  • examiner le rôle du médecin dans la prévention du tabagisme chez les enfants et les adolescents.

L’ÉTENDUE DU PROBLÈME

Le tabagisme est qualifié de «cause principale, unique et évitable de décès dans notre société et [de] principal enjeu de santé publique de notre époque» (1). D’après Santé Canada (2), jusqu’à 45 000 décès sont attribuables au tabagisme chaque année. Les frais de santé directs reliés au tabagisme avoisinaient les trois milliards de dollars en 1993. Le taux de décès causés par le cancer du poumon augmente plus rapidement que le taux de tout autre type de cancer chez les femmes canadiennes. Entre 1960 et 1987, 765 000 Canadiens sont morts d’une maladie reliée au tabagisme.

Bien que le taux de tabagisme ait diminué pendant les années 1970 et 1980, il s’est stabilisé au milieu des années 1990. En fait, le tabagisme a augmenté parmi certains groupes de la population, y compris les adolescents, les femmes, les autochtones et les salariés à faible revenu. Le sondage de 1994 sur le tabagisme au Canada (cycle 1) (3) a démontré un taux de tabagisme de 31 % chez les personnes de 15 ans et plus, et de 27 % chez les adolescents de 15 à 19 ans. Même si le taux de tabagisme global est demeuré stable entre 1991 et 1994, le tabagisme chez les adolescents de 15 à 19 ans est passé de 23 % en 1991 à 27 % en 1994 (3). Les résultats du deuxième cycle du sondage sur le tabagisme au Canada (3) ont confirmé cette tendance.

Depuis les vingt dernières années, l’âge moyen auquel les adolescents commencent à fumer a chuté de 16 ans à 12 ans. Les données du Centre national de documentation sur le tabac et la santé révèle qu’à 12 ans, la moitié des écoliers du Canada ont expérimenté le tabac (4). Dans un récent sondage auprès des adolescents néoécossais (5), le taux d’usage de la cigarette a connu une hausse d’environ 34 % entre 1991 et 1996. Hamburg et coll. (6) et Kandel (7) ont établi que le tabagisme peut s’associer à la consommation de bière, de vin, de spiritueux, de cannabis et d’autres drogues illicites. Pendant les douze mois précédant le sondage de 1996 en Nouvelle-Écosse (5), jusqu’à un cinquième des élèves interrogés ont admis avoir consommé non seulement du tabac, mais également de l’alcool et du cannabis; 27,1 % d’entre eux avaient vécu au moins un problème relié à l’alcool, et 6 %, au moins un problème relié à la drogue (5).

Il existe une association bien connue entre le tabagisme maternel pendant la grossesse et un petit poids du bébé à la naissance (8). Le tabagisme maternel est également lié à des accouchements prématurés successifs (9). De plus, les enfants de mères qui fumaient pendant leur grossesse présentent un risque supérieur d’asthme et d’atteinte pulmonaire pendant leurs dix premières années de vie (10), un risque plus élevé de dermatite atopique et une exacerbation des allergies respiratoires, un taux accru d’hospitalisation pour des troubles respiratoires et un risque plus élevé d’otite moyenne aiguë chez les enfants d’âge préscolaire (11). Il est également prouvé que la mort subite du nourrisson s’associe au tabagisme parental (12).

L’usage de tabac sans fumée (tabac à priser ou à chiquer) est également à la hausse. Au Québec, le taux de consommation de ce type de tabac est de 1 %, et il est très populaire parmi les autochtones. Le tabac sans fumée provoque des lésions leucoplasiques orales ainsi que des gingivites et des paro-dontites. La nicotine et les autres produits chimiques contenus dans ce tabac sont absorbés dans le sang à un taux semblable à celui de la cigarette.

LES FACTEURS QUI FAVORISENT LE TABAGISME CHEZ LES ENFANTS ET LES ADOLESCENTS

Les facteurs environnementaux

L’influence du tabagisme et des attitudes des parents s’exerce tôt dans la vie de l’enfant (13,14). Celui-ci apprend que le tabagisme est acceptable et que c’est un moyen d’affronter le stress ou l’ennui.

Par ailleurs, l’influence des camarades constitue le facteur le plus déterminant pour commencer à fumer (13,14), parce qu’elle contribue à créer un environnement social où le tabagisme est acceptable.

Les médias contribuent à faire accepter un milieu en-fumé parce qu’ils donnent des fumeurs une image at-trayante, ouverte, populaire et sexy. Certains enfants et adolescents considèrent comme des modèles attirants les athlètes qui chiquent du tabac ainsi que les vedettes du ci-néma et les musiciens qui fument. Bien que la cigarette ne fasse pas l’objet de publicités à la télévision canadienne, les téléspectateurs demeurent exposés aux logos de l’industrie du tabac sur les panneaux publicitaires et les bannières des événements sportifs télévisés. Les campagnes de publicité imprimées favorisent également une acceptation insidieuse de la cigarette (15).

Il est démontré que les interventions gouvernementales, comme la hausse des taxes d’accises sur la cigarette, réduisent au moins tout autant la consommation de tabac par les adolescents que par les adultes (16).

Les facteurs reliés à la personnalité

Les connaissances, les attitudes et les convictions : Il est établi que les adolescents fumeurs sont moins au courant des conséquences négatives du tabagisme et adoptent des attitudes et des convictions plus favorables envers le tabagisme que les adolescents non fumeurs (14,15). Le type de tabagisme que l’adolescent perçoit comme délétère pour la santé semble n’avoir pour lui aucun rapport avec ses propres habitudes face au tabac. En outre, certains adolescents affichant un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité considèrent le tabagisme comme une forme d’automédication. D’autres sont aveuglés par la conviction erronée que le tabagisme contribue à la perte de poids (17).

Les traits de personnalité non conventionnels ou prédisposant aux transitions ou aux problèmes : Le tabagisme peut représenter un moyen d’exprimer des traits de caractère comme le désir d’agir de manière plus mature ou plus adulte, de se montrer «dur» ou «cool» ou d’afficher sa nature rebelle ou sa tendance à rechercher les sensations fortes (18,19).

Les facteurs comportementaux

Le tabagisme peut être la manifestation d’un comportement qui déroge à la norme. Il est démontré que les enfants dont le comportement était antisocial lorsqu’ils étaient plus jeunes risquent d’adopter un comportement à problème, y compris le tabagisme, à l’adolescence (6).

Les situations à haut risque

Certaines situations placent les enfants et les adolescents à haut risque de fumer : le fait que les parents et la fratrie fument et ont une attitude positive face au tabagisme, l’influence des camarades et une grande participation aux activités sociales, des attitudes positives face au tabagisme et des attitudes négatives envers l’école.

LE RÔLE DU MÉDECIN DANS LA PRÉVENTION DU TABAGISME CHEZ LES ENFANTS ET LES ADOLESCENTS

Règle générale, le médecin est perçu par les enfants et les adolescents comme une source très crédible d’information. Par conséquent, il est en bonne position pour contribuer à prévenir le tabagisme. Le Groupe de travail canadien sur l’examen médical périodique (dans sa mise à jour de 1985 sur l’examen médical périodique [20] et dans le Guide canadien de médecine clinique préventive [21]) et le United States Guide to Clinical Preventive Services (22) attribuent la cote «A» à l’intervention clinique face au tabagisme, ce qui signifie que ce type d’intervention est soutenu par des observations de premier ordre ou de première qualité. La prévention du tabagisme et les efforts pour prôner la désaccoutumance au tabac sont également recommandés dans le cadre des soins préventifs systématiques auprès des adolescents (23,24).

Aux États-Unis, le National Cancer Institute Prevention and Cessation Division (25) a élaboré un programme pour la prévention du tabagisme et la désaccoutumance au tabac fondé sur quatre éléments : demander, conseiller, aider et régler. Un cinquième élément, prévoir, a été ajouté au présent énoncé pour l’exercice de la pédiatrie. Les re-commandations énumérées ci-dessous (et résumées au tableau 1) varient selon l’âge de la population ciblée et ont reçu des cotes d’observation tirées des directives de pratique clinique de l’Agency for Health Care Policy and Research on Smoking Cessation (26).

TABLEAU 1 :

Les interventions cliniques du médecin pour prévenir le tabagisme chez les enfants et les adolescents

5 éléments de prévention Parents d’enfants de 0 à 5 ans Enfants de 5 à 12 ans Adolescents de 13 à 20 ans
Prévoir Tabagisme des parents
Conseils aux fumeurs
Dépistage des enfants de parents fumeurs
Effets du tabac
Âge d’apparition
Discussion avec l’enfant
Expériences du tabac
Modèles
Filles vulnérables
Demander Exposition au tabac Renseignements de base sur le tabagisme dans un questionnaire Comportement face au tabac
Tabagisme parental
Tabagisme des camarades
Programmes de prévention du tabagisme
Conseiller Risques pour la santé Effets à court terme du tabac
Félicitations aux non-fumeurs et préparation des enfants à refuser des offres de fumer
Responsabilité des parents comme modèles
Effets à court terme du tabac
Avantages à court terme de ne pas fumer
Publicités du tabac
Plan de désaccoutumance
Félicitations aux non-fumeurs
Aider Réduction du tabagisme
Documentation autodidactique
Renforcement des comportements sains
Dépistage des fausses images dans les médias
Développement d’habiletés pour refuser et de programmes qui enseignent ces habiletés
Promotion de la désaccoutumance au tabac auprès des parents
Activités incompatibles (p. ex., tabac et sports)
Habiletés pour contrer l’influence des camarades
Documentation autodidactique
Date pour arrêter
Soutien social
Connaissances
Changements d’attitude
Régler Timbres de nicotine
Groupes communautaires
Surveillance des progrès de la désaccoutumance au tabac
Dépistage des enfants à haut risque de fumer
Messages antitabac
Surveillance des progrès de la désaccoutumance au tabac
Visites de suivi
Nouvelles tentatives pour arrêter
Surveiller les rechutes à haut risque

La petite enfance (de la naissance à cinq ans)

La petite enfance représente le moment idéal pour remettre de l’information sur la prévention du tabagisme et la désaccoutumance au tabac aux parents et à d’autres adultes. Le tableau 2 indique les effets de la fumée secondaire.

TABLEAU 2 :

Les effets négatifs de la fumée secondaire sur les enfants

Petit poids à la naissance
Accroissement du risque d’accouchements prématurés successifs
Accroissement du risque de mort subite du nourrisson
Accroissement du taux d’hospitalisation pour des troubles respiratoires
Accroissement du risque de wheezing et d’asthme
Atteinte de la fonction pulmonaire
Accroissement du risque d’otite moyenne
Accroissement du risque de dermatite atopique
Exacerbation des allergies respiratoires

Prévoir

  • S’informer des habitudes des parents et des autres éducateurs face au tabagisme (cote A).

  • Donner des conseils aux personnes exposées à la fumée du tabac ou aux fumeurs membres de la famille (cote A).

  • Repérer les familles dans lesquelles on trouve des fumeurs adultes (cote B).

Demander

  • S’informer de toutes les sources possibles d’exposition à la fumée, y compris les milieux de garde et les voitures (cote A).

Conseiller

  • Se concentrer sur le risque de santé pour le parent et sur les effets de la fumée secondaire sur la santé (cote C).

  • Discuter de l’importance du rôle de modèle des parents relativement aux habitudes que développeront leurs enfants face au tabac (cote C).

Aider

  • Donner des conseils sur la désaccoutumance au tabac et de l’information sur les enjeux relatifs à la fumée secondaire (cote A) (tableau 2).

  • Remettre de la documentation autodidactique à tous les parents fumeurs qui souhaitent arrêter de fumer (cote B).

Régler

  • Organiser ou remettre des prescriptions d’aides pharmacologiques de désaccoutumance au tabac (tableau 3) (27) aux parents qui souhaitent arrêter de fumer (cote A).

  • Aiguiller les parents vers les organismes et les ressources communautaires pertinents (cote A) (tableau 4).

  • Aux visites de suivi, s’informer du progrès des parents et des autres personnes qui ont tenté d’arrêter de fumer, mais qui ont peut-être échoué, et surveiller ces progrès (cote C).

TABLEAU 3 :

Les aides pharmacologiques pour cesser de fumer

Aide Dose et utilisation Durée du traitement Effets secondaires Contre-indications
Gomme à la nicotine (Nicorette)
  • Une gomme aux 1 ou 2 heures

  • Si le patient fume moins de 20 cigarettes par jour : 2 mg

  • Si le patient fume plus de 20 cigarettes par jour : 4 mg

  • Arrêter de fumer avant d’entreprendre le traitement

  • De quelques semaines à quelques mois pour répondre aux besoins du patient

  • Brûlure dans la gorge

  • Hoquet

  • Problèmes dentaires

  • Grossesse

  • Allaitement

  • Angine instable ou arythmie dans les deux semaines précédentes

Timbre de nicotine (Habitrol, Nicoderm, Nicotrol)
  • Si le patient fume plus de 20 cigarettes par jour, commencer par 21 mg (15 mg pour le Nicotrol) pendant 4 à 8 semaines.

  • Si le patient fume moins de 20 cigarettes par jour commencer par 14 mg ou 7 mg (10 mg ou 5 mg pour le Nicotrol).

  • De 8 à 12 semaines ou plus

  • Réaction cutanée locale

  • Troubles du sommeil

  • Cauchemars

  • Voir ci-dessus

Bupropion (Zyban)
  • 150 mg à libération lente tous les matins pendant 3 jours, puis 2 fois par jour pendant la durée du traitement

  • Commencer de 7 à 14 jours avant d’arrêter de fumer.

  • De 8 à 12 semaines ou plus

  • Sécheresse de la gorge et de la bouche

  • Insomnie

  • Tremblements

  • Éruptions cutanées

  • Convulsions

  • Anorexie ou boulimie

  • Dépendance à l’alcool

  • Allergie à l’hydrochlorure de bupropion

  • Inhibiteurs de la monoamine oxydase

  • Millepertuis

  • Grossesse

  • Allaitement

  • Inhibiteurs spécifique du recaptage de la sérotonine et autres médicaments qui réduisent le seuil de convulsion

Adaptation autorisée de la référence 27

TABLEAU 4 :

Les ressources de prévention du tabagisme et de désaccoutumance au tabac

Ressources nationales
  L’Association pulmonaire
     Téléphone : (613) 747-6776
     Site Web : http://www.lung.ca
     Courriel : info@lung.ca
  Centre national de documentation sur le tabac et la santé
     Site Web : http://www.ncth.ca
  Conseil canadien pour le contrôle du tabac
     Téléphone : (613) 567-3050
     Site Web : http://cctc.ca
     Courriel : infor-services@cctc.ca
  Fondation des maladies du cœur du Canada
     Téléphone : (613) 569-4361
     Site Web : http://fmcoeur.ca
     Courriel : info@hsf.ca
  Quitnet (en anglais seulement)
     Site Web : http://www.quitnet.org
  Santé Canada en direct
     Site Web : www.hc-sc.gc.ca/francais/tabac.html
  Société canadienne du cancer
     Téléphone sans frais : 1 888 939-3333
     Site Web : http://www.cancer.ca/tabagisme
     Courriel : tobacco@cancer.ca
Associations pulmonaires provinciales qui offrent des programmes de désaccoutumance au tabac
  Alberta
     Téléphone : (780) 407-6819, ou sans frais : 1 800 931-9111
     Ligne d’éducation à la santé : 1 800 661-LUNG (5864)
  Colombie-Britannique
     Téléphone : (604) 731-5864, ou sans frais : 1 800 665-LUNG (5864)
  Île-du-Prince-Édouard
     Téléphone : (902) 892-5957
  Manitoba
     Téléphone : (204) 774-5501
  Nouveau-Brunswick
     Téléphone sans frais : 1 800 565-LUNG (5864)
  Nouvelle-Écosse
     Téléphone : (902) 443-8141, ou sans frais : 1 888 566-LUNG (5864)
  Ontario
     Téléphone : (416) 864-9911, ou sans frais : 1 800 972-2636
  Québec
     Téléphone : (514) 596-0805, ou sans frais : 1 800 295-8111
  Saskatchewan
     Téléphone : (306) 343-9511, ou sans frais : 1 800 667-LUNG (5864)
  Terre-Neuve
     Téléphone : (709) 726-4664, ou sans frais : 1 800 566-LUNG (5864)

Les enfants d’âge scolaire (de 5 à 12 ans)

Les enfants de 5 à 12 ans sont en plein dans la période d’«inoculation sociale» (28). Des recherches supplémentaires sont nécessaires dans ce groupe d’âge pour con-naître les stratégies efficaces de prévention du tabagisme et de désaccoutumance au tabac. Par conséquent, pour l’instant, toutes les activités décrites ci-dessous reçoivent la cote C, sauf une.

Prévoir

  • Souligner aux enfants les effets négatifs du tabac sur la santé, y compris la cigarette, le tabac à priser et le tabac à chiquer.

  • Faire participer les enfants aux discussions sur le tabagisme, dans la mesure du possible.

  • Informer les parents que l’âge de pointe pour commencer à utiliser le tabac se situe entre 11 et 13 ans.

Demander

  • Remettre un questionnaire dans la salle d’attente pour obtenir de l’information sur le tabagisme et les attitudes à cet égard. Les questions peuvent s’énoncer comme suit :
    • - Penses-tu qu’il est dommageable d’essayer de fumer?
    • - Fumeras-tu quand tu seras adulte?
    • - As-tu déjà essayé de fumer?
    • - Fumes-tu?
    • - Connais-tu quelqu’un qui fume? Qu’en penses-tu?
    • - Parlez-vous du tabagisme à l’école? Dans l’affirmative, dans quels cours?

Conseiller

  • Se concentrer sur les effets à court terme suivants du tabagisme :
    • - La cigarette sent mauvais.
    • - La cigarette tache les dents, les vêtements et les doigts.
    • - La cigarette diminue la performance athlétique.
    • - La nicotine crée une dépendance.
  • Conseiller aux enfants qui ont expérimenté ou qui expérimentent la cigarette d’arrêter.

  • Féliciter les enfants qui n’ont pas encore fumé, et les avertir de se préparer à refuser des offres pour essayer de fumer.

  • Souligner la responsabilité des parents comme modèles et informer les parents des effets de la fumée secondaire et du fait que le tabagisme est dépeint comme socialement acceptable par la publicité et les jeux reliés au tabac (p. ex., les bonbons en forme de cigarette).

Aider

  • Louanger et renforcer les comportements sains des enfants les moins à risque de devenir fumeurs et de ceux qui n’ont jamais goûté au tabac.

  • Souligner la fausse image de prestige, de prouesses sexuelles et d’exploits sportifs dépeints dans les publicités de l’industrie du tabac.

  • Aider l’enfant à développer des habiletés de refus précises, à dire «non» tout en conservant son estime de lui face à ses camarades.

  • Encourager la participation à des programmes qui font la promotion d’aptitudes de résolution de problèmes, d’établissement d’objectifs, de prise de décisions et d’opposition à la pression négative des camarades.

  • Donner de l’aide aux parents fumeurs pour qu’ils arrêtent de fumer (cote A).

Régler

  • Repérer les enfants à haut risque de tabagisme d’après leurs attitudes, leurs comportements ou leur absence de motivation ou de confiance dans leur capacité à résister.

  • Planifier un suivi plus intensif et un renforcement des messages antitabac auprès de ces enfants.

  • Surveiller les progrès des parents qui tentent d’arrêter de fumer.

Les adolescents et les jeunes adultes (de 13 à 20 ans)

L’adolescence représente le moment pour se donner des objectifs à court terme de prévention et de désaccou-tumance au tabac (28). Il faut utiliser un ensemble de démarches, en passant par les brèves interventions pendant les visites en cabinet jusqu’aux programmes en milieu scolaire et aux interventions communautaires (29). Dans une récente étude auprès de 101 adolescents fumeurs, le timbre de nicotine combiné à un bref counseling individuel n’a pas fonctionné (30). Des recherches supplémentaires sur l’efficacité de la prévention et des stratégies relatives au tabagisme s’imposent donc dans ce groupe d’âge. Par conséquent, les activités décrites ci-dessous reçoivent une cote C pour l’instant.

Prévoir

  • Discuter de l’expérimentation du tabagisme et des comportements avec l’adolescent, dans un cadre confidentiel.

  • Offrir des conseils aux parents sur l’importance d’établir des attentes claires et sur les effets de leur propre comportement sur leur rôle de modèle.

  • Les adolescentes sont vulnérables aux portraits irréalistes du corps féminin et aux publicités du tabac qui laissent entendre que le tabagisme permet de rester mince.

Demander

  • Demander quelles sont les attitudes et les convictions envers le tabagisme dans un cadre confidentiel, et inclure des questions précises sur le tabac sans fumée.

  • S’informer des habitudes des parents, des amis et de la fratrie face au tabac.

  • Demander si les parents achètent des cigarettes à leurs enfants ou s’ils leur en donnent.

  • S’informer de la sensibilisation ou de la participation aux programmes de prévention du tabagisme à l’école ou dans la collectivité.

  • S’informer de la participation à des sports ou à des activités parascolaires dans lesquelles le tabagisme pourrait nuire à la performance.

Conseiller

  • Souligner les effets immédiats et à court terme du tabagisme et du tabac sans fumée sur la santé et la performance athlétique.

  • Discuter des avantages à court terme de ne pas fumer.

  • Examiner la publicité sur le tabac avec les adolescents et souligner que ces publicités donnent une fausse image de prestige reliée au tabagisme.

  • Offrir un plan de désaccoutumance au tabac à tous les adolescents fumeurs.

  • Féliciter les adolescents non fumeurs.

Aider

  • Encourager des activités incompatibles avec le tabagisme.

  • Conseiller les adolescents non fumeurs ou ceux qui expérimentent le tabac pour qu’ils améliorent leurs habiletés à contrer l’influence des camarades et pour les aider à dire «non».

  • Dans le cas des jeunes motivés à arrêter de fumer, remettre de la documentation autodidactique, fixer une date pour arrêter, les aider à s’inscrire à un groupe d’entraide et à renforcer leurs réactions d’adaptation.

  • Dans le cas des jeunes qui ne sont pas motivés à arrêter de fumer, parler des connaissances et des changements d’attitude.

Régler

  • Prévoir une visite de suivi de une à deux semaines après la date prévue pour arrêter de fumer, puis une autre visite de six à huit semaines plus tard pour discuter des problèmes et des progrès.

  • Encourager une nouvelle tentative pour ceux qui n’ont pas réussi à arrêter de fumer.

  • Aider à repérer les situations à haut risque de rechute et à comprendre comment les éviter.

L’ENVIRONNEMENT DU CABINET

Le médecin devrait adopter une politique sans fumée pour le personnel, les adolescents et les parents qui évoluent dans son cabinet. Des panneaux «défense de fumer» devraient être affichés dans la salle d’attente. Les revues contenant de la publicité sur le tabac devraient être re-tirées parce qu’en contrant explicitement ce type de publicité, on sensibilise les parents et leur famille à la nature insidieuse de ces messages. Les infirmières et le reste du personnel peuvent participer au counseling auprès des fumeurs.

LE MILITANTISME POUR L’ÉDUCATION EN SANTÉ SCOLAIRE

Les médecins devraient promouvoir activement des programmes de prévention du tabagisme en milieu scolaire, que ce soit sous forme de programme distinct ou de programme complet d’éducation en santé. D’après Epps et coll. (31), au moins cinq séances par année pendant au moins deux ans sont nécessaires pour obtenir des résultats soutenus. En général, ces programmes sont présentés entre la sixième et la neuvième année. Ils devraient contenir de l’information sur les influences sociales du tabagisme, sur les effets à court et à long terme du tabac et sur la formation aux habitudes de refus malgré l’«inoculation sociale» visant à aider le jeune à pratiquer ses aptitudes de refus par des jeux de rôle.

LE MILITANTISME AUPRÈS DES GOUVERNEMENTS

Il existe de nombreuses occasions d’influencer les organismes gouvernementaux en matière de décisions politiques. Les médecins devraient soutenir activement des initiatives pour promouvoir les lois antitabac comme :

  • l’interdiction du tabagisme en milieu scolaire et sur les terrains de l’école,

  • l’interdiction de toute la publicité sur le tabac, y compris toute la publicité passive (p. ex., bannières, logos) pendant des événements sportifs et d’autres événements commandités.

  • le renforcement de l’application des lois existantes sur la vente de tabac aux mineurs.

  • l’appui de l’interdiction existante sur les distributeurs automatiques de cigarettes et sur les présentoirs libre-service.

  • la restriction du nombre de magasins où il est possible d’acheter les produits du tabac.

  • la mise en vigueur de moyens financiers de dissuasion.

SOMMAIRE ET RECOMMANDATIONS

  • Le tabagisme est un problème de santé publique important qui trouve son origine pendant l’enfance et l’adolescence.

  • Plus de filles que jamais fument, et elles sont très vulnérables aux messages subtils de la publicité du tabac.

  • Le tabagisme est un problème de santé infantile sur lequel les médecins doivent se pencher, à compter de la période prénatale jusqu’à l’âge adulte.

  • Pendant la pratique clinique quotidienne, l’intervention du médecin doit inclure des conseils préventifs, des questions sur les connaissances, le comportement et les attitudes, des conseils, de l’aide dans les efforts pour arrêter de fumer et des visites de suivi.

  • Les parents doivent être invités à arrêter de fumer ainsi qu’à créer et à maintenir un environnement sans fumée à la maison pour leur enfant.

  • Les enfants doivent recevoir des messages qui soulignent les effets négatifs du tabagisme sur la santé.

  • Les adolescents doivent être encouragés à demeurer des non-fumeurs, même si la pression sociale exercée dans leur milieu les incite à fumer.

  • Les médecins doivent faire la promotion active de programmes de prévention en milieu scolaire et participer activement aux interventions antitabac auprès des gouvernements.

Footnotes

COMITÉ DE LA PÉDIATRIE PSYCHOSOCIALE

Membres : Docteurs Anne C Bernard-Bonnin, département de pédiatrie, Hôpital Sainte-Justine, Montréal (Québec); Kim Joyce Burrows, Kelowna (Colombie-Britannique); T Emmett Francœur (administrateur responsable, 1992–2000), Westmount (Québec); Anthony Ford-Jones, département de pédiatrie, Joseph Brant Memorial Hospital, Burlington (Ontario); Sally Longstaffe (présidente), clinique du développement de l’enfant, Children’s Hospital, Winnipeg (Manitoba); Theodore A Prince, pédiatrie générale et du développement, Calgary (Alberta); Sarah Emerson Shea (administratrice responsable), IWK-Grace Health Centre, Halifax (Nouvelle-Écosse)

Conseillers : Docteurs Rose Geist, The Hospital for Sick Children, Toronto (Ontario) (représentante de l’Académie canadienne de pédopsychiatrie); William J Mahoney (président, 1994–2000), Children’s Hospital – Hamilton Health Sciences Centre, Hamilton (Ontario); Peter Nieman, Calgary (Alberta)

Représentants : Docteurs Joseph F Hagan, collège de médecine de l’université du Vermont, Burlington (Vermont) (comité des aspects psychosociaux de l’enfant et de la famille de l’American Academy of Pediatrics); Diane Moddemann, clinique du développement de l’enfant, Children’s Hospital, Winnipeg (Manitoba) (section de la pédiatrie du développement de la Société canadienne de pédiatrie, 1999–2000); Maureen O’Donnell, département de pédiatrie, université de la Colombie-Britannique, centre pour la recherche communautaire en santé infantile, Vancouver (Colombie-Britannique) (section de la pédiatrie du développement de la Société canadienne de pédiatrie); Mark Wolraich, centre Vanderbilt du développement de l’enfant, Nashville (Tennessee) (comité des aspects psychosociaux de l’enfant et de la famille de l’American Academy of Pediatrics, 1996–2000)

Auteure principale : Docteur Anne C Bernard-Bonnin, département de pédiatrie, Hôpital Sainte-Justine, Montréal (Québec)

Les recommandations du présent énoncé ne constituent pas une démarche ou un mode de traitement exclusif. Des variations tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler pertinentes. Les adresses dans Internet sont à jour au moment de la publication.

RÉFÉRENCES

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Articles from Paediatrics & Child Health are provided here courtesy of Oxford University Press

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