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The Canadian Journal of Infectious Diseases & Medical Microbiology = Journal Canadien des Maladies Infectieuses et de la Microbiologie Médicale logoLink to The Canadian Journal of Infectious Diseases & Medical Microbiology = Journal Canadien des Maladies Infectieuses et de la Microbiologie Médicale
. 2010 Autumn;21(3):130–132. [Article in French]

Une étude des pratiques de rechange à l’utilisation des antimicrobiens dans le contrôle des maladies des parcs d’engraissement commerciaux – Sommaire

CS Ribble 1,2,, T Stitt 1, S Iwasawa 1, L Toews 3, C Stephen 1,2
PMCID: PMC2951806

La présente étude a deux buts : de fournir un aperçu de l’industrie des parcs d’engraissement modernes en Amérique du Nord de sorte à fournir un contexte et d’effectuer une recherche de la documentation scientifique dans le but de relever les pratiques de rechange à l’utilisation des antimicrobiens dans le contrôle des maladies au sein de cette même industrie. Un postulat de base de l’étude a été que la réduction de l’utilisation des antimicrobiens entraînerait une réduction du développement possible des bactéries résistantes aux antimicrobiens et de leur émergence et persistance dans le contexte d’un parc d’engraissement. Pour réduire l’utilisation des antimicrobiens avec le plus grand degré d’efficacité dans le parc, on doit trouver d’autres moyens de prévention ou de gestion efficaces de la pneumonie bactérienne chez les veaux (souvent la raison principale de l’utilisation des antimicrobiens) au moment de leur arrivée au parc, aussi bien que d’autres maladies provoquées par des bactéries (p. ex., les abcès du foie). Par conséquent, la question clé de l’étude a été la suivante : Existe-t-il des pratiques de gestion qui n’incluent pas l’administration d’antimicrobiens et qui réduisent l’incidence de maladie et de mortalité liée à la pneumonie, notamment chez les veaux à risque élevé des parcs d’engraissement? Pour répondre à cette question, nous avons tenté de documenter les facteurs de risque connus liés à l’émergence et au maintien de la résistance au antimicrobiens (RAM) dans les parcs d’engraissement et les points de contrôle critiques relatifs à ces facteurs de risque. Nous avons cherché des données probantes sur l’efficacité, le rendement et sur l’acceptabilité des divers points de contrôle des infections dans les parcs. Nous nous sommes interrogés à savoir si l’utilisation en métaphylaxie des antimicrobiens aurait un effet sur l’émergence de bactéries résistantes dans les parcs et s’il y aurait des retombées possibles sur les stratégies de mise en œuvre de l’utilisation d’autres drogues (y compris la rotation des drogues utilisées au sein d’un parc d’engraissement) sur la RAM. Nous avons également cherché des pratiques de gestion qui réduisent l’incidence d’abcès du foie chez le bétail de parc, mais qui ne dépendent pas de l’utilisation subthérapeutique d’antimicrobiens ou des aliments médicamentés.

Notre stratégie de recherche a compris des mentions de stratégies de gestion qui incluaient l’utilisation d’antimicrobiens ou qui analysaient le développement de la RAM pour essayer de repérer tout article qui pourrait constituer une réponse aux questions de l’étude. Nous avons procédé ainsi puisque la recherche préliminaire qui s’en tenait à trouver des stratégies de gestion de maladie qui n’incluaient pas de telles mentions a donné très peu d’articles. Nous avons adopté cette stratégie pour effectuer une recherche des bases de données bibliographiques d’OVID Medline, de CAB, d’Agricola, d’EMBASE et de BIOSIS sur les études publiées entre 1988 et avril 2009. La stratégie a permis de relever 2820 résumés analytiques distincts qui ont ensuite été soumis à une série de critères d’inclusion et d’exclusion, ce qui nous a permis de les catégoriser en fonction de leur pertinence aux questions de l’étude, de la stratégie de contrôle de la maladie ou de l’infection étudiée et du caractère concluant des résultats et des conclusions. Nous avons ensuite procédé à l’étude de la documentation citée dans les principaux articles choisis dans le but de repérer d’autres articles pertinents à l’étude. Cette recherche supplémentaire a donné 76 autres articles qui ont également été soumis aux critères d’inclusion et d’exclusion.

Les projets de recherche qui avaient procédé à une évaluation critique des méthodes de prévention et de contrôle des maladies ou du développement de la RAM dans les parcs d’engraissement se sont faits rares. Le nombre d’articles qui avaient une certaine pertinence à notre sujet se chiffrait à 387, ce qui indique une moyenne de publication de 19 articles par année au cours des 20 dernières années ou trois articles environ tous les deux mois. Nous avons compté 142 articles (5 % du nombre total des 2896 résumés analytiques) qui portaient plus précisément sur les approches de gestion visant à réduire les maladies au sein des parcs sans l’utilisation d’antimicrobiens. De ces 142 articles, 25 % portaient sur les facteurs de risque du développement des maladies dans le parc et 23 % portaient sur la vaccination dès l’arrivée au parc d’engraissement. Le sujet principal de 28 articles était la gestion des maladies au sein d’un parc; seuls neuf de ces 28 articles offraient des données probantes tirées de nouvelles données obtenues par les auteurs et aucun article ne fournissait des renseignements qui serviraient à l’élaboration de stratégies efficaces sur la gestion des maladies au sein d’un grand parc d’engraissement moderne. Le reste des articles ont étudié la gestion des maladies par des moyens alimentaires (12 %), de vaccination ou de préconditionnement (un processus par lequel on procède au sevrage des veaux au moins trois semaines avant leur vente, on leur apprend à manger du convoyeur à aliments et on leur donne des vaccins) avant l’arrivée au parc d’engraissement (10 %) et des questions diverses (10 %).

Les 36 articles qui portaient sur les facteurs de risque des maladies étaient principalement des études par observation. Des agents pathogènes précis ont fait l’objet de l’étude de la majorité de ces articles (56 %), tandis que d’autres ont étudié les facteurs de risque généraux (40 %); quelques-uns ont étudié le comportement animal (8 %), le mélange (6 %) ou le transport. Un nombre de ces études par observation est utile à la compréhension de l’épidémiologie des maladies bactériennes dans les parcs d’engraissement et à la création d’hypothèses sur les stratégies de rechange dans la gestion des maladies. Par exemple, il semble que les maladies d’un parc d’engraissement peuvent se multiplier chez les vaches et les veaux, dans les parcs et les enclos à l’intérieur des parcs, bien que ces grappes de maladie soient mal comprises. Le temps de l’année de l’achat des animaux, le poids des veaux achetés (une approximation de l’âge), la source animale, la distance parcourue en camion (dans certaines situations), le mélange des veaux provenant de différentes sources et les facteurs climatiques (spécifiquement, la précipitation totale et les variations de température) sont des variables qu’on a démontrées comme étant des raisons importantes et possibles des grappes de maladie des parcs d’engraissement. Les gestionnaires des parcs utilisent actuellement ces variables pour leur permettre de classifier et de déterminer, dès leur arrivée, les animaux qui sont à risque élevé de développer des maladies tôt dans le processus d’engraissement pour qu’ils puissent mieux les traiter à l’aide d’antimicrobiens en métaphylaxie immédiatement à leur arrivée. Malheureusement, nous avons relevé peu de détails dans la documentation liés à la gestion d’animaux à risque élevé dès leur arrivée à part le fait d’éviter d’en faire l’achat, une approche qui ne s’avère utile que pour les propriétaires des parcs d’engraissement relativement petits. Il existe beaucoup moins de documentation publiée sur d’autres variables, telles que l’hygiène des enclos, la taille ou la densité des enclos, ou encore le déplacement des animaux malades à l’intérieur du parc, qui pourraient être utilisées par les gestionnaires des parcs d’engraissement pour les aider à améliorer leurs méthodes actuelles de gestion de maladie.

Un ensemble d’opinions appréciable est en faveur d’une approche compréhensive et comprenant de multiples méthodes concernant le contrôle des infections, mais les essais cliniques ou les évaluations systématiques sur l’efficacité des pratiques de contrôle des infections ne s’en tenaient presque exclusivement à l’évaluation des effets de la vaccination des animaux avant ou dès leur arrivée au parc d’engraissement et à l’évaluation des effets du traitement des animaux au moyen de divers régimes antimicrobiens dès leur arrivée (en métaphylaxie) ou après leur arrivée sur la morbidité, la mortalité et la croissance. La plupart des articles portant uniquement sur la RAM s’inscrivaient dans le cadre d’études microbiennes et écologiques sur les organismes entériques faisant l’objet d’une préoccupation publique plutôt que sur les agents pathogènes faisant l’objet d’une grande préoccupation chez les bovins. Ces articles portaient, en grande mesure, sur des souches d’Escherichia coli, et dans une moindre mesure, de Salmonella et de Campylobacter. La plupart était de nature transversale et, par conséquent, ces articles ne fournissaient pas d’évaluations contrôlées sur les méthodes de gestion dans la prévention ou la réduction de la RAM. Plusieurs études par observation sur les facteurs de risque ont conclu que le risque de morbidité et de mortalité suite à une pneumonie chez les veaux augmente appréciablement à l’automne lorsque la vente de veaux nouvellement sevrés atteint son plus haut niveau. De plus, certaines personnes ont trouvé que le risque s’aggrave de façon importante plus l’automne avance, un phénomène que les chercheurs canadiens appelaient l’effet du mois de novembre au début des années 1990. Cette conclusion correspondait aux observations de certains gestionnaires de parcs d’engraissement qui remarquaient que l’efficacité de leurs stratégies d’antimicrobiens en métaphylaxie visant les veaux à risque élevé semblaient diminuer plus l’automne avançait. Il faut des études qui se penchent sur la question de l’effet du mois de novembre pour établir le bien-fondé et l’ampleur de ce phénomène prétendu à l’échelle de l’industrie, pour établir à quel point la RAM serait liée à ce phénomène et, enfin, pour définir les solutions qui s’imposent. Ces études devraient inclure des comparaisons de diverses stratégies de gestion des animaux à l’intérieur des parcs (en tenant compte de l’hygiène et de la densité des enclos, de l’alimentation et du déplacement des animaux, et de multiples stratégies d’utilisation d’antimicrobiens) et en quoi ces stratégies pourraient diminuer l’effet du mois de novembre d’une façon efficace.

Les vaccins donnés contre la pneumonie à l’arrivée semblent avoir un certain effet, bien qu’il semble être moindre que l’effet de la stratégie parallèle d’antimicrobiens en métaphylaxie. Ce fait n’est pas surprenant étant donné que de nombreux veaux arrivent au parc déjà infectés avant qu’ils ne soient vaccinés. Cependant, l’efficacité réelle du vaccin à l’arrivée a été embrouillée par des failles de conception renfermées dans de nombreux articles. Qui plus est, étant donné que de nombreux essais pratiques des vaccins sont effectués dans des milieux où tous les animaux à risque élevé reçoivent des antimicrobiens en métaphylaxie à leur arrivée, il est difficile de déterminer l’efficacité des vaccins sans antimicrobiens en métaphylaxie. Il existe aussi des données probantes qui indiquent que la vaccination des veaux administrée lorsqu’ils font toujours partie d’une exploitation de naissage plusieurs semaines avant d’être envoyés au parc d’engraissement réduit les maladies au parc, mais l’uniformité et le degré de l’effet ont été difficiles à déterminer, ce qui est attribuable, en partie, aux défis en matière de conception. Cette réalité, en plus de l’incapacité du système de transfert du marché en vif de fournir un montant d’argent systématiquement aux personnes chargées des exploitations de naissage leur permettant ainsi de faire vacciner les veaux, fait en sorte que les vaccins préadministrés et le préconditionnement ne se sont pas inscrits dans les stratégies efficaces de gestion de maladie des propriétaires des parcs d’engraissement en Amérique du Nord.

Les abcès du foie constituent l’une des raisons les plus citées de l’utilisation des antimicrobiens dans l’alimentation des animaux à l’intérieur des parcs d’engraissement. Seuls onze articles portaient directement sur les abcès du foie. Les tentatives de vaccination contre cette maladie bactérienne ont donné au mieux des résultats discutables. En l’absence d’un vaccin efficace et étant donné les protocoles alimentaires actuels qui nécessitent une transition rapide aux aliments pour animaux à haute teneur en énergie, les aliments médicamentés demeurent l’approche la plus commune à la réduction de la prévalence et de la gravité des abcès du foie. Il y a un manque d’études qui se penchent systématiquement sur les effets des antimicrobiens sur la RAM dans des conditions commerciales.

En conclusion et avec l’exception possible des vaccins contre certains agents pathogènes à l’arrivée ou avant, il n’existe aucun essai sur le terrain publié au cours des 20 dernières années qui offre des données probantes sur des pratiques de gestion utiles des grands parcs d’engraissement modernes qui réduiraient l’incidence de maladies et de mortalité liées à la pneumonie bactérienne qui n’inclut pas également l’administration d’antimicrobiens. Les projets d’études par observation ont fourni des renseignements utiles concernant la définition des caractéristiques d’un animal à risque élevé qui arrive au parc pour qu’on puisse ensuite assurer que les groupes plus à risque reçoivent des antimicrobiens en métaphylaxie. On devrait encourager d’autres études par observation et d’autres essais sur le terrain pour étudier à fond l’efficacité des pratiques de rechange de gestion des maladies sans recours aux antimicrobiens. On devrait étudier les effets à long terme de l’utilisation des antimicrobiens en métaphylaxie dans les parcs d’engraissement sur l’efficacité du traitement et sur la RAM, et ces études devraient être effectuées à l’intérieur des parcs et dans divers parcs d’engraissement. Dernièrement, on devrait encourager la consultation auprès des chercheurs qui étudient déjà la rotation des agents antimicrobiens dans les milieux hospitaliers pour humains puisqu’une telle approche pourrait donner des idées et des solutions qui n’ont pas encore été mises à l’essai dans les parcs d’engraissement commerciaux. Dans les deux milieux, on pourrait étudier les défis en matière de conception dans le but de déterminer comment on pourrait faire avancer la recherche à l’aide d’un échange d’idées réciproque.


Articles from The Canadian Journal of Infectious Diseases & Medical Microbiology are provided here courtesy of Wiley

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