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. 2015 May;20(4):221–222. [Article in French]

Les « nosodes » ne remplacent pas les vaccins

Michael J Rieder 1, Joan L Robinson 1
PMCID: PMC4443833

Trois évolutions de la santé publique : l’hygiène publique, les antibiotiques et la vaccination, ont radicalement changé un monde dans lequel, il n’y a pas si longtemps, les maladies infectieuses étaient la principale cause de décès pendant l’enfance.(1) La vaccination réussit particulièrement à prévenir des maladies qui ne sont pas dotées d’un traitement efficace.(2) Cependant, malgré l’efficacité et l’innocuité démontrées des vaccins, un mouvement opposé à la vaccination véhément a pris de l’expansion ces dernières années et incité de nombreux parents à remplacer la vaccination par autre chose.

Les « nosodes » (du grec nosos, maladie) sont des préparations biologiques utilisées en homéopathie pour prévenir les maladies. C’est le docteur Samuel Hahnemann (1755–1843), inventeur de l’homéopathie, qui en a proposé le concept.(3) Les nosodes désignent une catégorie précise de traitement homéopathique dérivé d’un élément de maladie ou de tissus pathologiques, définis comme « un remède homéopathique fabriqué à partir du produit d’une maladie infectieuse extrait directement de la bactérie ou du virus ou, moins directement, d’un tissu supposé contenir cette bactérie ou ce virus ».(3) La préparation de nosodes est composée de dilutions successives d’une matière biologique, généralement par un facteur de 100, qui est ensuite administrée pour prévenir ou traiter un problème de santé. Les nosodes, très utilisés en homéopathie vétérinaire, le sont désormais dans un cadre thérapeutique chez les humains.

Le modèle conceptuel de la manière dont les nosodes préviennent une maladie infectieuse diffère considérablement des modèles médicaux actuels sur le mode d’acquisition de l’immunité et sur la réponse du système immunitaire humain aux attaques infectieuses. Très peu de recherches appuient l’efficacité des nosodes dans les publications scientifiques. Selon une étude réalisée en 1997 sur des souris exposées à une dose potentiellement mortelle de Francisella tularensis, le groupe traité à l’aide de nosodes mourait plus rapidement, mais présentait une diminution modeste de la mortalité par rapport aux sujets témoins.(4) Une étude de cohorte à grande échelle faisant appel à une préparation de nosodes pour soigner une épidémie potentielle de leptospirose à Cuba semblait s’associer à une diminution des taux d’infection, même si cette étude comportait de multiples facteurs confusionnels et n’a toujours pas été répliquée.(57) Des études chez les animaux évaluant l’efficacité potentielle des nosodes pour traiter une infection par le Plasmodium berghei semblent également démontrer une survie prolongée dans un modèle murin.(8,9) L’analyse Cochrane d’une préparation aviaire de nosodes pour traiter l’influenza a conclu que les données pour en soutenir l’efficacité étaient de faible qualité.(10)

En revanche, les données probantes démontrant à la fois l’innocuité et l’efficacité de tous les vaccins administrés systématiquement aux enfants canadiens abondent. Les vaccins préviennent presque tous les cas de rougeole, de rubéole, d’oreillons, de diphtérie, de tétanos, de polio et d’hépatite B. Chaque année au Canada, les campagnes publiques de vaccination permettent également de prévenir de nombreux cas de varicelle, de coqueluche, de méningite et d’infections bactériennes invasives. Les nosodes n’ont jamais fait l’objet d’études sur la prévention de ces infections.(11)

Le Règlement sur les produits de santé naturels de Santé Canada approuve l’utilisation des nosodes chez les humains. Au moment de la publication, 179 produits différents étaient approuvés à la vente, y compris 82 dont l’étiquette indiquait qu’ils pouvaient être utilisés pour prévenir les infections courantes et importantes. Cependant, comme on l’a précisé plus haut, aucune donnée scientifique ni médicale n’appuie l’efficacité des nosodes pour la prévention des maladies infectieuses.

Il est important de faire connaître les meilleures données probantes aux parents canadiens afin qu’ils puissent prendre des décisions éclairées sur la santé de leur enfant. Selon la réglementation actuelle, l’étiquetage des nosodes doit inclure le libellé suivant : « Ce produit n’est pas une alternative à la vaccination ». La Société canadienne de pédiatrie (SCP) ne croit pas que cette réserve rend pleinement compte du fait que, de toute évidence, les nosodes ne sont ni efficaces ni sécuritaires pour remplacer la vaccination. La SCP recommande que le libellé des nosodes soit modifié pour se lire comme suit : « Il n’est pas démontré que ce produit prévient les infections. Santé Canada recommande de faire administrer à votre enfant tous les vaccins systématiques, même s’il utilise ce produit. » En plus des modifications au libellé, la SCP recommande que Santé Canada lance une campagne d’éducation publique pour favoriser l’utilisation des vaccins et pour fournir aux Canadiens les meilleures données probantes sur les avantages démontrés de la vaccination et sur les risques associés au refus des vaccins.

Acknowledgments

Le comité de la pédiatrie communautaire de la Société canadienne de pédiatrie a révisé le présent document de principes.

Footnotes

COMITÉ DE PHARMACOLOGIE ET DES SUBSTANCES DANGEREUSES DE LA SCP

Membres : Mark L Bernstein MD; François Boucher MD (représentant du conseil); Ran D Goldman MD; Geert’t Jong MD; Philippe Ovetchkine MD; Michael J Rieder MD (président)

Représentants : Daniel L Keene MD, Santé Canada; Doreen M Matsui MD, Société canadienne de pharmacologie et de thérapeutique

COMITÉ DES MALADIES INFECTIEUSES ET D’IMMUNISATION DE LA SCP

Membres : Natalie A Bridger MD; Jane C Finlay MD (membre sortante); Susanna Martin MD (représentante du conseil); Jane C McDonald MD; Heather Onyett MD; Joan L Robinson MD (présidente); Marina Salvadori MD (membre sortante); Otto G Vanderkooi MD

Conseillère : Noni E MacDonald MD

Représentants : Upton D Allen MBBS, Groupe de recherche canadien sur le sida chez les enfants; Tobey Audcent MD, Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages, Agence de la santé publique du Canada; Carrie Byington MD, comité des maladies infectieuses, American Academy of Pediatrics; Nicole Le Saux MD, Programme canadien de surveillance active de l’immunisation (IMPACT); Dorothy L Moore MD, Comité consultatif national de l’immunisation; Nancy Scott-Thomas MD, Le Collège des médecins de famille du Canada; John S Spika MD, Agence de la santé publique du Canada

Auteurs principaux : Michael J Rieder MD, Joan L Robinson MD

Les recommandations contenues dans le présent document ne sont pas indicatrices d’un seul mode de traitement ou d’intervention. Des variations peuvent convenir, compte tenu de la situation. Tous les documents de principes et les points de pratique de la Société canadienne de pédiatrie sont régulièrement révisés. Les documents de principes retirés sont supprimés du site Web. Consultez la zone Documents de principes du site Web de la SCP (www.cps.ca) pour en obtenir la version complète à jour.

RÉFÉRENCES

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