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Canadian Journal of Respiratory Therapy: CJRT = Revue Canadienne de la Thérapie Respiratoire : RCTR logoLink to Canadian Journal of Respiratory Therapy: CJRT = Revue Canadienne de la Thérapie Respiratoire : RCTR
editorial
. 2014 Autumn;50(3):71–72. [Article in French]

Réagir au virus Ebola : le rôle des revues médicales pendant les urgences mondiales de santé publique

Jason Nickerson
PMCID: PMC4456841  PMID: 26078613

En qualité de chercheur en santé publique mondiale et de clinicien dans un système de santé riche et bien doté en ressources, j’ai eu la chance de travailler dans divers services de santé, du traitement de maladies tropicales négligées aux soins de pathologies chirurgicales courantes. Malheureusement, les programmes de recherche-développement du monde entier sont surtout tournés vers des sujets très éloignés des besoins des pauvres. Par conséquent, on porte très peu attention aux problèmes de santé mondiaux pressants, et les innovations les visent rarement (1). Il arrive toutefois qu’une préoccupation de santé émergente propulse les maladies tropicales à l’avant-plan de l’exercice de la médecine au Canada ou ailleurs, nous incitant à réévaluer nos vulnérabilités dans un milieu de plus en plus mondialisé.

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Dr Jason Nickerson

Les systèmes de santé du monde entier se préparent à l’arrivée potentielle de patients susceptibles d’avoir été exposés au virus Ebola par suite d’une éclosion qui s’est manifestée en Guinée en décembre 2013, mais qui a seulement été déclarée en mars et qui s’est répandue au Liberia, en Sierra Leone et au Nigeria depuis (2). Au moment de mettre sous presse, le taux de fatalité de cette éclosion s’élevait à 54,9 %, pour un total cumulatif de 2 240 cas et 1 229 décès, sans que rien n’en indique la résolution (3).

Il est difficile de contrôler le virus pour plusieurs raisons (4). La dispersion géographique des cas dans les pays mêmes et d’un pays à l’autre représente un immense défi logistique pour dépister et retracer les cas d’exposition éventuelle au virus. On s’est beaucoup intéressé au développement de nouveaux médicaments pour traiter le virus Ebola, mais beaucoup moins au rôle de solides systèmes de santé pour dépister et contrôler l’épidémie ainsi que pour y réagir. Malheureusement, de graves problèmes grèvent depuis longtemps les systèmes de santé des pays touchés, y compris d’importantes pénuries de travailleurs de la santé. Dans des milieux pauvres en ressources, il est difficile d’accéder à de simples soins de première ligne. Les soins de base sont souvent entravés par des problèmes systémiques comme la pénurie de médicaments essentiels, l’absence de systèmes d’information efficaces sur la santé pour surveiller les tendances et les profils des maladies et la difficulté à mettre en œuvre des traitements fondés sur des données probantes. Ces obstacles compliquent énormément le dépistage, le contrôle et le traitement efficace de maladies complexes comme le virus Ebola.

Au Canada, l’éclosion du virus Ebola continue d’être au cœur des discussions publiques et des préoccupations des travailleurs de la santé, peut-être en partie à cause de l’infection de quelques travailleurs humanitaires américains et européens. Dans le présent numéro du Journal, par exemple, nous présentons un bref commentaire (pages 87–90) sur le protocole de contrôle des infections d’un hôpital, créé précisément pour une situation de ce genre. Le commentaire fait ressortir les difficultés que doivent vaincre les établissements de santé pour déterminer les pratiques exemplaires dans des scénarios à haut risque et à faible probabilité, tout en continuant à offrir des traitements à la fois efficaces et vigilants.

Malgré les efforts de sensibilisation et les préparatifs, plusieurs experts ont souligné que le risque d’épidémie du virus Ebola est probablement faible au Canada. Assez naturellement, ils justifient cette déclaration raisonnée non pas par l’existence d’un médicament efficace au Canada, mais par les outils dont dispose le système de santé du Canada pour affronter une telle éclosion avec efficacité. Les définitions de cas sont établies, les protocoles de contrôle des infections sont en place et le système de surveillance de la santé publique est solide. Qualifier le risque d’épidémie de faible n’est pas un signe de complaisance, mais un appel aux armes afin que tous les professionnels de la santé sachent soigner en toute sécurité des patients atteints d’une maladie hautement transmissible comme le virus Ebola et que le matériel, les politiques et les protocoles nécessaires puissent être immédiatement utilisés.

Au-delà des difficultés des soins cliniques, les épidémies comme le virus Ebola, le syndrome respiratoire aigu sévère ou la grippe H1N1 représentent un défi intellectuel majeur pour les professionnels de la santé qui possèdent peu, sinon aucune assise factuelle pour orienter les traitements. Le virus Ebola a rarement été soigné à l’extérieur de quelques pays pauvres en ressources, où les soins intensifs sont peu accessibles. Il est donc concevable que plus de ressources permettent de réduire le taux de mortalité. Ainsi, les cliniciens se mettent à accumuler les données probantes sur lesquelles fonder les futurs protocoles et directives comme si ce n’avait jamais été fait auparavant. C’est là que la médecine universitaire, y compris les investigateurs-cliniciens, les auteurs et les revues révisées par des pairs comme la nôtre, doit prendre les devants pour faire progresser la santé mondiale. À titre de cliniciens ayant accès aux ressources nécessaires pour effectuer des interventions complètes auprès de patients atteints de maladies rares ou négligées et capables de rendre compte de nos réussites et de nos échecs, nous avons la responsabilité de faire connaître ces expériences afin que d’autres puissent en profiter.

Les inhalothérapeutes jouent un rôle de premier plan dans les soins de première ligne aux patients gravement malades, y compris la prise de décisions importantes sur les processus et les systèmes à mettre en place pour que les établissements de santé canadiens puissent soigner, en toute sécurité, les patients atteints de maladies comme le virus Ebola. En partageant ces expériences dans des tribunes accessibles à des cliniciens de pays à faible et moyen revenu et en donnant à ces cliniciens l’occasion de partager leurs expériences avec nous, nous avons la possibilité d’influencer l’organisation et la prestation des soins dans le monde. C’est une possibilité à laquelle nous devrions tous nous rallier.

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