Summary
Présentation de fiches d’autopostures modélisées afin d’aider le masseur-kinésithérapeute dans sa prise en charge et servir de support pour établir des fiches d’autopostures personnalisées qui accompagneront le patient tout au long de son parcours de soin pour la prise en charge de ses brûlures.
Keywords: autoposture, auto-rééducation, brûlures, séquelles
Abstract
We present self-postural patterns designed to help the physiotherapist in administering his care, and tailored ones that the patient will maintain throughout the period of burn care.
Introduction
La rééducation chez le patient brûlé adulte s’échelonne sur de longs mois pouvant aller jusqu’à 24 mois.1,2 L’adhésion de ce dernier à sa rééducation est primordiale conditionnant en partie le succès thérapeutique. 3 Les postures sont un maillon clé de nos techniques. Elles ont pour but principal de permettre un gain en longueur cutanée.4 Elles permettent de limiter les rétractions cutanées ayant des conséquences sur le plan fonctionnel.5 Les postures manuelles font parties de nos soins dispensés au lit du patient comme sur le plateau technique. Elles sont complétées en dehors des séances de kinésithérapie et d’ergothérapie par des postures appareillées et des autopostures. Nous avons mis en place un support se présentant sous forme de fiches d’autopostures pour accompagner et aider le patient dans sa prise en charge. Ce support lui permet ainsi d’être acteur de sa rééducation.
Matériel et méthodes
L’étude a été réalisée au Centre de Rééducation et de Réadaptation Fonctionnelle (CRRF) Mélioris « Le Grand Feu » à Niort en 2017. Ce protocole nécessite très peu de matériel car le patient doit être en mesure d’effectuer les autopostures à domicile. Il a seulement besoin d’un coussin, d’un lit et d’un tabouret.
Objectif de l’étude
L’objectif de l’étude est la mise en place de fiches d’autopostures personnalisées pour poursuivre la rééducation en dehors des séances de kinésithérapie en centre ou en cabinet libéral afin d’optimiser la rééducation.
Description de l’étude
Dans un premier temps, nous avons confectionné des fiches modélisées en fonction des brides et des rétractions cutanées retrouvées dans la littérature ainsi que de notre expérience. Elles servent de support pour les professionnels de santé et aident à l’élaboration de fiches individualisées pour le patient. Dans un deuxième temps, nous élaborons des fiches d’autopostures spécifiques à chaque patient, à partir de ses photos. Les autopostures sont en concordance avec les brides et les rétractions du patient adaptées aux données de la littérature. Elles sont également réalisées en fonction du bilan initial du patient (examen cutané, caractère inflammatoire, localisation des brûlures, mobilité de la peau, l’examen articulaire en fonction des brides limitant les amplitudes). Elles présentent les intérêt : d’effectuer les autopostures pour favoriser la participation et la motivation du patient à continuer le programme d’auto-rééducation ; d’apporter des conseils pour que les postures soient réalisées dans les meilleures conditions ; de conseiller la durée d’exécution de chaque posture et d’en préciser la fréquence. Nous nous entretenons avec le patient pour lui donner toutes les informations nécessaires à la mise en place du protocole d’autopostures : qu’est-ce qu’une posture, la brûlure, intérêt à long terme, fréquence, que faire en cas de douleur durant les postures etc. De plus, nous élaborons avec le patient une planification du programme d’autopostures en fonction des créneaux dédiés aux autres professionnels de santé et du moment le plus adéquat pour les réaliser.
Nous avons inclus 16 patients atteints de brûlures ayant nécessité un recouvrement par greffes cutanées (Tableau I). L’échantillon comprenait 60% d’hommes. L’âge moyen était de 54 ans (21- 82) et la surface corporelle brûlée moyenne était de 15,7%, (5-51). Les critères d’inclusion étaient la localisation de la brûlure, la présence de brides ou placards cicatriciels pouvant entraîner un risque sur le plan fonctionnel. Le patient devait être stable sur le plan psycho-affectif afin de permettre l’adhésion aux autosoins. Les critères d’exclusion étaient l’incompréhension du patient face aux consignes, son absence d’adhésion à sa rééducation et une incapacité d’effectuer les mouvements demandés sans risque local.
Tableau I. Caractéristiques des patients.
Les fiches d’autopostures modélisées sont un support pour faciliter la prise en charge, en particulier des kinésithérapeutes remplaçants ou de garde et des stagiaires (Figs. 1 à 18). Elles sont une annexe au protocole de kinésithérapie. Elles facilitent l’élaboration des fiches individualisées. Elles sont réalisées à partir d’une modélisation du corps humain en 3D. Nous indiquons le sens du mouvement à réaliser par le patient, la localisation de la tension ressentie et le positionnement du patient. Elles exposent un panel (non exhaustif) de différentes autopostures, à adapter en fonction du patient et de la localisation des brûlures (Figs. 1 à 18).
Fig. 1. Fiche d’autoposture modélisée, face antérieure du tronc.
Fig. 2. Fiche d’autoposture modélisée, face latérale du tronc.
Fig. 3. Fiche d’autoposture modélisée, face antérieure du cou.
Fig. 4. Fiche d’autoposture modélisée, face latérale du cou.
Fig. 5. Fiche d’autoposture modélisée, pilier antérieur de l’aisselle.
Fig. 6. Fiche d’autoposture modélisée, pilier postérieur de l’aisselle.
Fig. 7. Fiche d’autoposture modélisée, face postérieure du coude Cas d’une limitation < 90°.
Fig. 8. Fiche d’autoposture modélisée, face postérieure du coude Cas d’une limitation > 90°, 2 techniques possibles.
Fig. 9. Fiche d’autoposture modélisée, face antérieure du coude.
Fig. 10. Fiche d’autoposture modélisée, face postérieure du poignet.
Fig. 11. Fiche d’autoposture modélisée, face antérieure du poignet.
Fig. 12. Fiche d’autoposture modélisée, région fessière.
Fig. 13. Fiche d’autoposture modélisée, face antérieure de cuisse.
Fig. 14. Fiche d’autoposture modélisée, face externe de cuisse.
Fig. 15. Fiche d’autoposture modélisée, faces internes de cuisses.
Fig. 16. Fiche d’autoposture modélisée, région poplitée.
Fig. 17. Fiche d’autoposture modélisée, face postérieure de jambe.
Fig. 18. Fiche d’autoposture modélisée, face antérieure de jambe, 2 possibilités.
La plaquette personnalisée est réalisée en fonction du cas clinique et avec l’aide des fiches modélisées. Celles-ci comprennent une fiche explicative où nous rappelons l’intérêt des autopostures, spécifions la localisation de la tension cutanée ressentie et le sens du mouvement à effectuer. Lorsque nous remettons la fiche d’autopostures, nous profitons d’un temps d’échange pour insister sur l’intérêt et la réalisation des postures. Celles-ci doivent être progressives et douces. Il s’agit de bien faire comprendre que ce n’est pas « plus nous tirons plus nous gagnons ». Les informations doivent être adaptées en fonction des conditions comportementales, sociales et intellectuelles du patient en simplifiant les consignes. Elles comprennent également les photos du patient dans différentes postures (Fig. 19). La fiche personnalisée d’autopostures facilite et incite visuellement à la réalisation de celles-ci. En parallèle des soins kinésithérapiques, elles peuvent également servir aux autres soignants afin d’aider le patient dans la réalisation au quotidien des autopostures. Au centre, nous aidons le patient à planifier ses autopostures dans son programme de rééducation.
Fig. 19. Fiche d’autoposture personnalisée.
Résultats
Les autopostures ont été possibles pour 14 patients sur 16. En moyenne, elles sont réalisées à 1 mois et demi après leur arrivée en SSR (3 mois après leur accident). Le nombre de postures à réaliser par patient allait de 1 à 7, la majorité des patients ayant 1 à 2 postures à réaliser. Notre retour d’expérience a montré une bonne adhésion au support, d’autant plus que celui-ci est facilement transportable lors des week-ends thérapeutiques. Les autopostures sont un complément des techniques manuelles pour permettre de conserver les bénéfices obtenus pendant les séances.6 Elles aident le patient dans la réappropriation de son corps et lui permettent de trouver sa place au sein de sa rééducation.
Discussion
Le délai de mise en place des autopostures est très variable suivant l’état psychologique du patient, sa capacité à les réaliser et la surface corporelle brûlée. Les autopostures sont mises en place lorsque la localisation des brûlures pourraient avoir un impact fonctionnel ou esthétique pour le patient. Parfois, un délai de mise en place est nécessaire lorsque le patient n’est pas psychologiquement réceptif ou que la confrontation à son image lui est encore difficile. Une des limites de la mise en place des autopostures est la difficulté de réalisation pour les patients grands brûlés, ayant perdu leur autonomie, ainsi que pour certains patients qui n’adhérent pas à leur rééducation. En effet, cela a été le cas pour 2 patients de l’étude. Une des limites de l’étude est l’évaluation de l’observance du patient.
Conclusion
La rééducation du patient brûlé s’échelonne sur de longs mois. L’adhésion du patient à sa rééducation est primordiale, elle conditionne en partie le succès thérapeutique. Le support de fiches personnalisées est un outil pour permettre un rappel visuel incitatif ainsi qu’un lien avec le kinésithérapeute libéral dans la continuité du parcours de soins. Les principales limites rencontrées ont été la localisation de certaines brûlures lorsque le patient n’est pas prêt à se confronter à sa nouvelle image corporelle, le manque d’autonomie et un patient opposant aux soins. Cette auto-rééducation permet au patient de devenir acteur de sa prise en charge à part entière celle-ci étant le plus souvent subie et passive dans ses premières phases composée de drainages, de mobilisations cutanées et de postures manuelles ou appareillages qui restent cependant le socle de la prise en charge du patient brûlé en rééducation.7
References
- 1.Vigneron L, Chiron C, Malivoir S. La prise en charge des patients brûlés en centre de rééducation. Soins. 2012;57:49–52. [PubMed] [Google Scholar]
- 2.Roques C. Les cicatrices de brûlures. Soins. 2013;58:47–49. [PubMed] [Google Scholar]
- 3.Dujardin F, Roussignol X. L’adhésion du patient à son traitement, une difficulté thérapeutique méconnue. Rev Chir Orthopédique Traumatol. 2010;96:1018–1022. [Google Scholar]
- 4.Jaudoin D, Mathieu Y, Galaup F. Kinésithérapie de la grande brûlure: identifier les situations de handicap. Kinesither Rev. 2008;8:28–34. [Google Scholar]
- 5.Sainton C. Prise en charge d’une bride axillaire rétractile suite à une brûlure profonde. Kinésithérapie Rev. 2006;6:24–28. [Google Scholar]
- 6.Godleski M, Oeffling A, Bruflat AK. Treating burn-associated joint contracture: results of an inpatient rehabilitation stretching protocol. J Burn Care Res. 2013;34:420–426. doi: 10.1097/BCR.0b013e3182700178. [DOI] [PubMed] [Google Scholar]
- 7.Échinard C, Latarjet J. Masson Ed., Issy-Les-Moulineaux; 2010. « Les brûlures ». [Google Scholar]