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. 2018 Nov 6;57(580):50–55. [Article in French] doi: 10.1016/j.actpha.2018.09.012

Les principales maladies du porc

The main diseases of pigs

Pascal Coudert 1
PMCID: PMC7132676  PMID: 32288136

Abstract

Plusieurs pathologies autrefois mortelles au sein des élevages porcins ont disparu de notre territoire, mais de nombreuses maladies polysystémiques subsistent. Si l’antibiothérapie s’avère parfois efficace, la vaccination permet de prévenir un certain nombre de pathologies alors qu’il n’existe aucun traitement préventif ni curatif pour d’autres. Par ailleurs, tous les organes du porc sont susceptibles d’être la cible d’agents pathogènes. Là encore, des vaccins et des traitements antibiotiques sont disponibles.

Mots clés: élevage, maladie polysystémique, maladie spécifique d’un appareil, médicament vétérinaire, porc


Avec l’amélioration des conditions d’élevage, notamment grâce aux contrôles vétérinaires réguliers, l’état sanitaire des élevages porcins s’est nettement amélioré au fil des années. C’est ainsi qu’en France, certaines affections ont quasiment disparu. À l’inverse, des pathologies, comme la maladie de Glässer, sont encore susceptibles d’engendrer d’importantes pertes économiques dans des élevages à haut niveau sanitaire. L’élevage en flux continu sur paille ou en plein air associé à des insuffisances de prophylaxie favorise l’apparition de pathologies comme le rouget, la gale et l’ascaridose. En engraissement, les maladies respiratoires et les entérites sont fréquemment retrouvées. Enfin, l’âge des animaux constitue un élément à prendre en compte : la diarrhée colibacillaire peut entraîner une forte mortalité chez le porcelet. En 2018, six maladies et infections à déclaration obligatoire (encéphalite à virus Nipah, gastro-entérite transmissible, cysticercose, peste porcine classique et africaine, syndrome dysgénésique et respiratoire) ont été recensées par l’Organisation mondiale de la santé animale pour les suidés1 .

Les maladies polysystémiques

Un certain nombre de maladies polysystémiques causent encore aujourd’hui des pertes économiques significatives pour les éleveurs [1], [2], [3].

Peste porcine

Causée par un virus de la famille des Flaviridae, la peste porcine classique n’est actuellement plus présente en France tant dans les cheptels porcins domestiques que sauvages. Les porcs peuvent se contaminer au contact d’un animal malade, par ingestion de viande de porc contaminée ou de produits dérivés infectés. Les sangliers sauvages constituent un réservoir de virus en Europe de l’Est.

Les animaux infectés présentent de la fièvre, une perte d’appétit, une conjonctivite, une constipation suivie de diarrhées et des lésions hémorragiques cutanées, l’ensemble pouvant être fatal dans les formes aiguës. À l’inverse, il existe des formes bénignes sans symptômes apparents. Aucun traitement spécifique n’est disponible et la vaccination préventive des cheptels porcins n’est plus autorisée dans l’Union européenne depuis 1988 suite à la mise en place d’un programme d’éradication de la maladie.

La peste porcine africaine, dont l’agent responsable est un virus à acide désoxyribonucléique (ADN) de la famille des Asfarviridés, est apparue en Europe en 2014 mais ne touche actuellement que les pays de l’Est (Lituanie, Pologne, Lettonie, Estonie, République tchèque) tout en progressant régulièrement vers l’Ouest. La symptomatologie de cette maladie est très proche de celle de la peste porcine classique.

Maladie d’Aujeszky

Provoquée par l’Herpèsvirus porcin 1, la maladie d’Aujeszky est une maladie virale très contagieuse transmise par voie aérogène via un animal infecté (porc ou sanglier), par contact avec du matériel ou de la viande contaminés ou par voie génitale. Le virus circule encore au sein de la faune sauvage en France puisqu’en 2017, des foyers ont été identifiés dans le Var et la Meuse.

Qualifiée de pseudo-rage, cette pathologie se caractérise par des signes d’encéphalite (fièvre, convulsions, tremblements, pédalages), des troubles respiratoires et de la reproduction. Une fois infectés, les animaux restent porteurs du virus toute leur vie et sont ainsi susceptibles de transmettre la maladie. Par ailleurs, bien qu’ils ne soient pas à même de la véhiculer, d’autres espèces comme les chiens, les chats et les ruminants peuvent la contracter. Le taux de mortalité est de 100 % chez les porcelets de moins de 2 semaines alors qu’il est quasiment nul chez les adultes. Il n’existe pas de traitement spécifique et aucune vaccination préventive n’est préconisée.

Syndrome dysgénésique et respiratoire porcin

Également dénommé maladie des oreilles bleues, le syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP) est causé par un virus à acide ribonucléique (ARN) du genre Arterivirus se transmettant le plus souvent à la suite de déplacements d’animaux infectés. Cette pathologie est fréquemment rencontrée dans les élevages en contact avec les multiples sources potentielles d’infections : insectes piqueurs, inhalation de gouttelettes dispersées par le vent au sein des troupeaux, transmission de la truie au porcelet par voie transplacentaire, véhicules et approvisionnements contaminés, insémination artificielle par de la semence contaminée.

Le SDRP se caractérise par des troubles de la reproduction (avortement, stérilité, mortinatalité) et des symptômes respiratoires (respiration difficile, éternuements, toux) auxquels s’associent fièvre, perte d’appétit, apathie, coloration du corps en rouge et des oreilles en bleu. Afin de prévenir et contrôler la maladie, il est nécessaire de dépister et de mettre en quarantaine les animaux entrants ainsi que d’utiliser du sperme issu de verrats certifiés indemnes du virus. La filtration de l’air contribue à protéger les bâtiments non contaminés. La vaccination à l’aide de souches vivantes (Ingelvac® PRRSFlex EU, Porcilis® PRRS, ReproCyc® PRRS EU et ImpranFlex®, Unistrain® PRRS) ou inactivées (Ingelvac® PRRS KV, Progressis®) permet de maîtriser l’apparition de nouveaux foyers et de diminuer les pertes financières.

Fièvre aphteuse et maladie vésiculeuse

La fièvre aphteuse est causée par un aphtovirus, virus à ARN de la famille de Picornaviridae. La symptomatologie de la maladie est caractérisée par de la fièvre à laquelle s’associent des aphtes dans la bouche et des cloques sur les pieds. Il n’existe aucun traitement spécifique. Si les porcs adultes guérissent généralement spontanément, une mort soudaine suite à des lésions de la musculature cardiaque est possible chez les porcelets. L’Europe est considérée indemne mais des épizooties peuvent apparaître suite à l’introduction d’animaux malades, d’objets ou de produits contaminés. Ainsi, en 2001, plusieurs foyers ont été recensés en France après utilisation, en Angleterre, de déchets de cuisine d’un navire comme aliments pour porcs.

La maladie vésiculeuse, impossible à distinguer d’un point de vue clinique de la fièvre aphteuse, provoque également de la fièvre, des vésicules se transformant en ulcères superficiels sur les pieds, le groin, les mamelles ou dans la bouche. Cette affection, pour laquelle il n’existe ni traitement ni vaccin, résulte d’une infection par des entérovirus de la famille des Picornaviridae. Il est donc nécessaire de procéder à des analyses en laboratoire pour établir un diagnostic de certitude.

Salmonellose

Plusieurs espèces de salmonelles sont à l’origine de la salmonellose porcine, en particulier Salmonella Derby, S. typhimurium et S. choleraesuis. Si l’infection d’un élevage est souvent inapparente, une multiplication importante de ces bactéries au niveau intestinal peut engendrer une diarrhée aqueuse brun jaunâtre avec amaigrissement, des sténoses rectales, une septicémie, voire une toux en cas d’atteinte pulmonaire.

La thérapeutique fait appel à la colistine ou la gentamycine par voie injectable car les animaux malades ne boivent plus et cessent de s’alimenter. Néanmoins même à la suite d’un traitement antibiotique, les porcs peuvent rester porteurs sains pendant des semaines, voire des mois.

Maladie de Glässer

Due à la bactérieHaemophilus parasuis, dont il existe 15 sérotypes différents plus ou moins virulents, la maladie de Glässer est une affection dont le symptôme principal est une polysérosite fibrineuse. Streptococcus suis, Mycoplasma hyorhinis peuvent être à l’origine d’un tableau clinique similaire chez le porc. D’autres troubles sont susceptibles d’apparaître tels une polyarthrite, une méningite, une septicémie, une myosite et des difficultés respiratoires. Le regroupement d’animaux d’origines différentes et les facteurs de stress (sevrage, transport) favorisent l’apparition de la maladie au sein de grandes exploitations.

L’antibiothérapie fait appel aux bêtalactamines (amoxicilline, ampicilline, ceftiofur) ou aux associations pénicilline-streptomycine et triméthoprime-sulfamide. Toutefois, du fait de l’existence d’un nombre élevé de souches d’H. parasuis multirésistantes, la réalisation d’un antibiogramme est recommandée pour la mise en place d’un traitement. Les vaccins disponibles stimulent le développement d’une immunité active uniquement contre les sérotypes les plus prévalents 4 et 5 (Suvaxyn® M. Hyo-Parasuis) ou seulement 5 (Porcilis® Glässer).

Rouget ou érysipèle

L’agent du rouget est une bactérie à Gram positif dénommée Erysipelothrix rhusiopathiae. Les principales voies d’inoculation sont cutanées et intradermiques (écorchures). La maladie peut présenter des évolutions variées : suraiguë ou aiguë, parfois fatales en quelques heures, chronique, septicémique ou localisée. Les symptômes sont donc divers : lésions cutanées sous forme de plaques d’urticaire rectangulaires, endocardites, néphrites et arthrites surtout au niveau des jarrets.

Les pénicillines A ou G s’avèrent en général efficaces, mais la doxycycline ou les macrolides peuvent être utilisés en cas d’allergie aux bêtalactamines. Des vaccins existent en prévention du seul rouget (Eryseng®, Ruvax®) ou couplés à la parvovirose porcine (Eryseng Parvo®, Parvoruvax®, Porcilis® Ery + Parvo). Ces derniers ne protègent pas les porcs contre l’évolution chronique de cette affection et favorisent même parfois l’apparition d’arthrites.

Streptococcose

Les infections àStreptococcus suisfont partie des infections majeures dans les élevages porcins. Elles affectent surtout les porcelets sevrés et les porcs à l’engraissement. La pathologie peut revêtir plusieurs aspects selon la virulence de la souche et l’organe atteint : hyperthermie, septicémie, méningite, pneumonie, endocardite ou atteinte articulaire.

Le traitement fait appel à des antibiotiques : l’ampicilline ou l’amoxicilline.

Les maladies spécifiques d’un appareil

Des agents pathogènes d’origine virale, bactérienne ou parasitaire sont susceptibles d’atteindre tous les organes du porc [1], [2], [3].

Système digestif

La plupart des affections du système digestif du porc se traduisent par une diarrhée dont l’origine peut être virale, bactérienne, parasitaire ou alimentaire. Sa diffusion rapide plaide en faveur de l’implication d’un virus, un début simultané et général est plutôt lié à des facteurs alimentaires alors qu’une dissémination insidieuse est plus souvent le reflet d’une infection bactérienne ou parasitaire.

Différents types de virus sont incriminés, tels les coronavirus, les rotavirus, les adénovirus et les réovirus (tableau 1 ). L’expression clinique des infections est étroitement liée au statut immunologique des animaux. Aucun vaccin n’étant disponible contre ces pathogènes, seul un traitement symptomatologique est envisageable, lequel repose essentiellement sur des mesures de lutte contre la déshydratation et une réalimentation précoce. En revanche, un vaccin est disponible contre les infections à circovirus responsables de la maladie de l’amaigrissement du porcelet (tableau 2 ).

Tableau 1.

Principaux virus responsables de diarrhées chez le porc.

Famille Nom Symptomatologie
Coronaviridae Coronavirus de la gastro-entérite transmissible (TGEV) Vomissements et diarrhée liquide souvent mortels chez les porcelets de moins de 7 jours
Coronaviridae Coronavirus de la diarrhée épidémique porcine (PEDV) Vomissements et diarrhée liquide engendrant une mortalité de 50 à 100 % chez les porcelets à la mamelle
Reoviridae Rotavirus Entérite avec diarrhée importante chez les porcs nouveau-nés ou en post-sevrage
Adenoviridae Adénovirus Diarrhée en général bénigne pouvant être associée à des troubles respiratoires
Circoviridae Circovirus de la maladie de l’amaigrissement du porcelet Essentiellement fièvre, perte d’appétit et troubles respiratoires parfois accompagnés de diarrhée chez les porcelets âgés de 7 à 15 semaines

Tableau 2.

Vaccins proposés en prévention des diarrhées porcines.

Pathologie Type de vaccin Nom commercial
Clostridiose Inactivé Coglamune®, Entericolix®, Gletvax® 5 Eclos, Porcilis® Coliclos, Suiseng®
Colibacillose Inactivé Entericolix®, Gletvax® 5 Eclos, Neocolipor®, Porcilis® Coliclos, Porcilis® Porcoli Diluvac Forte, Suiseng®
Colibacillose Vivant Coliprotec® F4
Iléite à Lawsonia intracellularis Vivant Enterisol® Ileitis
Maladie de l’œdème Recombinant Ecoporc Shiga®
Maladie de l’amaigrissement du porcelet Inactivé Circovac, Ingelvac® CircoFLEX, Porcilis® PCV, Porcilis® PCV ID, Porcilis® PCV M Hyo, Suvaxyn® Circo + MH RTU

Sur le plan bactérien, les colibacilles (Escherichia coli) occupent une place prépondérante : ils sont responsables d’entérites de maternité (diarrhée néonatale et chez les porcelets de 3 semaines, traitement à base de quinolones, sulfamides, ceftiofur, ampicilline) et d’entérites de sevrage (traitement à base de colistine ou de gentamycine). Certaines souches de colibacilles peuvent produire des entérotoxines responsables de la maladie de l’œdème durant laquelle les animaux, qui présentent un œdème des paupières, poussent des cris aigus caractéristiques. En l’absence de traitement précoce et massif faisant appel à la colistine ou à la gentamycine, une mort brutale peut survenir, l’autopsie révélant alors des œdèmes de l’estomac et des viscères. Enfin, E. coli porteur de l’adhésine K88 s’attache aux cellules intestinales et provoque une gastro-entérite hémorragique chez les porcelets. La maladie est brutale, avec une mortalité sporadique, et tout traitement s’avère illusoire.

D’autres germes affectent le système digestif, comme les salmonelles, mais aussi Brachyspira pilosicoli, responsable de la spirochétose du côlon (traitement par la tiamuline), B. hyodysenteriae, à l’origine de la dysenterie porcine (traitement par la tiamuline ou la tylvalosine), Lawsonia intracellularis, agent de l’entéropathie proliférative porcine (traitement par la tylvalosine), Clostridium perfringens de type A et C engendrant respectivement une diarrhée légère et une entérite nécrotique. L’antibiothérapie est peu efficace lors de clostridiose du fait de la gravité de la maladie, mais la vaccination des truies peut permettre la protection des porcelets. Des vaccins sont également disponibles envers la colibacillose, l’iléite à Lawsonia intracellularis et la maladie de l’œdème (tableau 2).

Enfin, au rang des maladies parasitaires, la coccidiose à Isospora suis est une pathologie fréquente chez le porcelet de 1 à 2 semaines, se manifestant par une diarrhée blanche avec alternance de selles molles pâteuses et de selles dures. Le toltrazuril à la dose de 0,4 mL/kg en administration unique chez les animaux de 3 à 5 jours permet de prévenir les signes cliniques de cette affection. L’ascaris du porc, Ascaris suum, est le plus courant des endoparasites. Le ver adulte engendre rarement une diarrhée mais le passage des larves dans les poumons peut provoquer des troubles pulmonaires. Le lévamisole, l’ivermectine et le pyrantel sont efficaces contre cette parasitose sans danger, mais dont il est parfois difficile de se débarrasser dans un bâtiment contaminé. Par ailleurs, dans les élevages de plein air, une dysenterie hémorragique due à Trichuris suis, nématode sensible au lévamisole, l’ivermectine et à la doramectine, peut être observée.

Système respiratoire

La rhinite atrophique est causée par deux bactéries à Gram négatif : Bordetella bronchiseptica et Pasteurella multocida. La première, responsable de la forme mineure régressive, affecte préférentiellement les porcelets de 1 à 6 semaines. La seconde est l’agent de la rhinite atrophique dite “progressive” car les lésions du jeune âge sont irréversibles et persistent jusqu’à l’abattoir. Ainsi, certaines souches de P. multicoda toxinogènes sont susceptibles de coloniser l’épithélium nasal et d’engendrer une atrophie progressive du septum nasal et des cornets. Le dispositif général de lutte consiste à vacciner les truies (Porcilis® AR-T DF, Rhiniffa®-T, Rhiniseng) et à mettre en place une antibioprophylaxie (ceftiofur, sulfamides, tylosine, tétracyclines) des porcelets s’ils sont dans une zone d’infection élevée. Leur vaccination est également possible.

La grippe porcine est due à une infection par un virus influenza de type A, le plus souvent H1N1, H1N2 ou H3N2. Les taux de mortalité demeurent très faibles malgré des symptômes spectaculaires : abattement intense, fièvre élevée, respiration abdominale, jetage, conjonctivite, toux polypnée. Il n’existe pas de traitement spécifique mais la mise en place d’une antibiothérapie peut limiter les complications dues à une infection bactérienne secondaire. En prévention, un vaccin inactivé est disponible (Respiporc Flu® 3).

La pleuropneumonie porcine est une affection particulièrement grave, à l’origine d’une mortalité importante chez les porcelets de moins de 6 mois. L’agent causal est une bactérie à Gram négatif, Actinobacillus pleuropneumoniae, qui entraîne une nécrose hémorragique pulmonaire. La rapidité d’apparition de la maladie et la persistance de cet agent pathogène dans les troupeaux infectés rendent le traitement difficile. La vaccination est possible (Porcilis® Actinoporc) alors que les antibiotiques généralement utilisés sont les pénicillines hémisynthétiques, le ceftiofur, les sulfamides, les tétracyclines, la tylosine et la tilmicosine.

Enfin, la bronchopneumonie enzootique résulte de l’attachement d’une bactérie à Gram positif Mycoplasma Hyopneumoniae à l’appareil mucociliaire, empêchant de ce fait son fonctionnement. Cet agent pathogène, présent chez les porcs du monde entier, engendre une toux chronique sèche et quinteuse sans autre signe clinique. Cependant, la présence de cette bactérie chez les animaux affaiblit leurs défenses naturelles, les rendant sensibles aux surinfections bactériennes (Bordetella bronchiseptica, Pasteurella multocida, Haemophilus parasuis, Actinobacillus pleuropneumoniae, Streptococcus suis) et virales (virus du syndrome dysgénésique et respiratoire porcin, virus de la grippe porcine, circovirus porcin de type 2). Lorsque les troubles respiratoires ont une étiologie multifactorielle liée à plusieurs agents infectieux, la pathologie est dénommée complexe respiratoire porcin (CRP). Le recours à l’antibiothérapie (tylosine, lincomycine, tiamuline, quinolones ou tétracyclines) permet de réduire la sévérité des signes cliniques. Il est possible de vacciner les porcs vis-à-vis de M. hyopneumoniae à l’aide de vaccins inactivés (Hyogen®, Ingelvac® M. Hyo, Ingelvac® MycoFlex, Porcilis® M. Hyo, Porcilis® M. Hyo ID Once, Porcilis® PCV M. Hyo, Stellamune® Mono Injection, Stellamune® Mycoplasma, Suvaxyn® Circo + MH RTU, Suvaxyn® M. Hyo, Suvaxyn® M. Hyo Mono, Suvaxyn® M  Hyo-Parasuis).

Sphère cutanée

La gale sarcoptique, encore fréquente dans les élevages, est en général localisée à l’oreille chez la truie mais retrouvée sur l’ensemble du corps chez les porcelets sevrés. Cette ectoparasitose due à Sarcoptes scabiei variété suis est source de nervosité chez les truies en maternité avec risque d’écrasement des jeunes porcelets. La forme allergique engendre un prurit accompagné de papules et de zones érythémateuses, tandis que la forme chronique se caractérise par des croûtes blanchâtres contenant des centaines d’acariens. Par ailleurs, un retard de la vitesse d’engraissement des animaux est rapporté. Le cycle biologique des parasites étant d’une quinzaine de jours, deux traitements (ivermectine ou doramectine) à 15 jours d’intervalle sont recommandés.

Le syndrome du porc gras ou épidermite exsudative est une dermatose généralisée causée par une bactérie à Gram positif, Staphylococcus hyicus. Plus fréquente chez les porcelets nourris à la mamelle ou récemment sevrés, cette pathologie peut entraîner jusqu’à 90 % de mortalité en cas de septicémie et de déshydratation. L’infection se produit à la suite de lésions provoquées par des coupures et des plaies associées aux bagarres entre animaux. Les toxines exfoliatives produites par S. hyicus vont provoquer une augmentation de la sécrétion sébacée avec des poils collés et des paupières soudées. De nombreux antibiotiques s’avèrent efficaces (amoxicilline, ampicilline, céphalosporines, érythromycine, lincomycine, tylosine, triméthoprime-sulfamide, aminosides) sous réserve de les administrer par aspersion pendant sept à dix jours.

Des lésions cutanées préexistantes peuvent être colonisées par d’autres bactéries (Fusobacterium necrophorum, Borrelia suilla, Streptococcus sp.) provoquant, par exemple, une nécrobacillose faciale.

Système urinaire

Les cystites et les pyélonéphrites sont plus fréquentes chez les femelles que chez les mâles, les secondes constituant la principale cause de mortalité chez les truies. Deux germes principaux sont à l’origine des infections de l’appareil urinaire : Actinobaculum suis bactérie à Gram positif et Escherichia coli bactérie à Gram négatif. Ces pathologies sont liées pour une grande part au fait que certaines truies ne se lèvent pas assez pour boire et uriner : l’urine est plus concentrée, ce qui source d’inflammation vésicale, et les germes pathogènes, qui ne sont plus régulièrement éliminés, peuvent atteindre le rein et le bassinet. Les bêtalactamines sont les antibiotiques de choix et doivent être administrées le plus précocement possible.

Reproduction, mise bas et lactation

Un certain nombre d’affections rencontrées au cours de la reproduction est consécutif à des problèmes alimentaires tel le syndrome de la truie maigre qui apparaît en cas de sous-alimentation en gestation, puis en lactation. Il est souvent difficile de convaincre les éleveurs que, dans cette situation, un parasitisme externe est la conséquence et non la cause de la maladie. À l’inverse, il existe un syndrome de la truie grasse due à une suralimentation modérée continue, appréciée par des replis graisseux entre les cuisses.

Par ailleurs, la présence de problèmes locomoteurs avec une faiblesse des membres en fin de gestation, d’un allongement de la durée moyenne de la mise bas et d’écoulements vulvaires caractérise une truie grasse à la mise bas et maigre au sevrage (“truie accordéon”). Il est aujourd’hui admis qu’il est possible d’améliorer le déroulement des mises bas et de la lactation par l’alimentation afin de dynamiser la vitalité des porcelets nouveau-nés.

Si les écoulements vulvaires sont physiologiques chez la truie en chaleurs, ils ont pour origine, chez la cochette non saillie, des infections ascendantes provenant de l’environnement et traduisant une immaturité du système immunitaire. Chez la truie nullipare, un épisode infectieux peut apparaître 17 à 20 jours après une contamination lors de la saillie. Classiquement l’endométrite post-partum se rencontre chez la truie multipare après une colonisation de l’endomètre par des staphylocoques et des streptocoques. Principale cause de problèmes néonataux, l’hypogalactie transitoire survient à la suite d’une endotoxémie ou d’un stress. Elle fait partie d’une séquence d’événements qui concourent à l’apparition de mammites, au même titre qu’une contamination environnementale (coliformes, staphylocoques, Pseudomonas, Enterobacter) des trayons. Dans tous les cas, l’infection sera contrôlée par une antibiothérapie par voie systémique (bêtalactamines, tylosine…). Les corticostéroïdes ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être associés afin de réduire l’intensité du phénomène inflammatoire lors des mammites aiguës.

Peu fréquente, la brucellose porcine concerne les élevages de plein air contaminés par la faune sauvage. Transmissible à l’homme, cette zoonose est due à une bactérie à Gram négatif, Brucella suis, responsable en premier lieu d’un avortement au cours du dernier tiers de la gestation chez les truies et de lésions testiculaires chez les mâles. Arthrites et abcès aux niveaux cutané, musculaire, rénal et vertébral sont également présents. Il n’existe pas de vaccin pour cette affection et aucun traitement standard n’est véritablement efficace. Aussi, en cas d’infection confirmée, les autorités sanitaires peuvent décider de l’abattage total du cheptel.

Enfin, le parvovirus porcin peut infecter l’embryon ou le fœtus deux semaines après une contamination oro-nasale ou vénérienne de la truie avec, pour conséquences, la présence de fœtus momifiés, une baisse de la fertilité et des retours en chaleurs irréguliers des truies. La vaccination (Parvovax®) constitue le moyen essentiel de contrôle de la maladie.

Conclusion

L’impact des maladies porcines s’est énormément réduit en France depuis plusieurs années, grâce essentiellement à l’amélioration des techniques d’élevage (nettoyage et désinfection des locaux appropriés, contrôle de la température, de la ventilation des bâtiments et de la densité de population, alimentation adaptée, réduction des situations de stress des animaux). Au-delà, il est essentiel, afin d’éviter la circulation d’agents pathogènes, de respecter les périodes d’isolement et d’acclimatation des porcs nouvellement introduits dans une exploitation mais aussi de proscrire le mélange des animaux à toutes les étapes de production. En cas de phénomène infectieux, des analyses bactériologiques doivent être effectuées afin de connaître le plus rapidement possible l’agent contaminant incriminé pour mettre en place le traitement le plus approprié. Il est également nécessaire de savoir quelles sont les zones de production atteintes : la maladie est-elle limitée à un seul bâtiment ? Plusieurs élevages sont-ils atteints ? L’infection fait-elle suite à des transferts d’animaux ? Une enquête épidémiologique détaillée pourra éventuellement être réalisée imposant alors diverses mesures aux exploitations : vaccination d’urgence, restriction de déplacement des animaux et du sperme de porc, voire interdiction de transport pour tout le cheptel excepté les porcs de boucherie.

Déclaration de liens d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Footnotes

1

Toujours dénommée OIE en référence à l’Office international des épizooties créé en 1924 (www.oie.int).

Références

  • 1.Martineau G.P., Morvan H. La France Agricole; Paris: 2010. Maladies d’élevage des porcs. [Google Scholar]
  • 2.Quinn P.J., Markey B.K., Leonard F.C., et al. Wiley-Blackwell; Chichester: 2011. Veterinary microbiology and microbial disease. [Google Scholar]
  • 3.Merck Sharp & Dohme Corp. MSD Veterinary Manual. www.msdvetmanual.com/.

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