© Michel Segondy
En 2003 a émergé en Chine un coronavirus inconnu à ce jour et responsable d’un syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS ou SARS : Severe Acute Respiratory Syndrome) et appelé SARS coronavirus (SARS-CoV). Plus de 8 000 personnes ont été infectées et près de 800 décès ont été observés. Le virus a été identifié dans 27 pays (dont sept cas en France), mais la diffusion hors de la Chine est restée limitée. Les mesures barrières rapidement mises en place (détection des cas, isolement, masques) se sont révélées très efficaces pour stopper la diffusion du virus et l’épidémie était considérée comme endiguée début juillet 2003. Il n’y a pas eu de pandémie à proprement parler.
Fin 2019, à nouveau, a émergé en Chine un coronavirus inconnu à ce jour et responsable d’un syndrome respiratoire aigu sévère. Ce virus, très proche génétiquement du SARS-CoV, est désormais dénommé SARS-CoV-2 et la maladie associée dénommée Covid19 (coronavirus disease 2019). Bien que les deux virus soient très proches, la situation épidémiologique est très différente car la transmission interhumaine du SARS-CoV-2 paraît très supérieure à celle du SARS-CoV. En l’espace de deux mois, ce sont près de 100 000 cas répertoriés, dont 5 000 hors de Chine dans plus de 50 pays et sur les cinq continents et près de 3 000 décès. La situation en cette fin février aura certainement encore beaucoup évolué lorsque paraîtra ce numéro de la RFL ! La situation épidémiologique est déjà explosive dans certains pays, comme l’Italie ou l’Iran, et va probablement le devenir dans d’autres. Le nombre de cas répertoriés à l’échelle mondiale ne pourrait représenter que la partie visible de l’iceberg. Il faut donc reconnaître que nous sommes au début d’une véritable pandémie pouvant toucher toute la population mondiale. La mortalité associée à l’infection par le SARS-CoV-2 est pour l’instant estimée à environ 2 %. Dans le pire des cas, si la majorité des individus dans le monde devait être infectée par le virus, il faudrait alors s’attendre à plus de 100 millions de morts et l’on se retrouverait dans une situation comparable à celle de la pandémie de grippe espagnole, responsable de 30 à 50 millions de morts entre 1918 et 1920. La Chine, qui a mis en place des mesures barrières draconiennes de confinement des individus et de désinfection à grande échelle, annonce un reflux de l’épidémie. Il paraît toutefois extrêmement difficile d’appliquer ces mesures à l’ensemble des régions du monde et pendant une période prolongée. Il est beaucoup trop tôt pour mesurer l’impact sanitaire, économique et social du SARS-CoV-2 à l’échelle planétaire mais la lutte contre la pandémie apparaît d’ores et déjà comme un immense défi à relever.
Conseil scientifique
PRÉSIDENT : Paul LAFARGUE (Paris).
BUREAU : Bruno BAUDIN (Paris), Dominique CHABASSE (Angers), Éric GARNOTEL (Marseille), Marie-Nathalie KOLOPP-SARDA (Lyon), Marc MAYNADIé (Dijon), Michel SEGONDY (Montpellier).
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