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. 2020 May 11;46(3):S53–S59. [Article in French] doi: 10.1016/j.encep.2020.05.003

Les effets de confinement SARS-CoV-2 sur le sommeil : enquête en ligne au cours de la quatrième semaine de confinement

The effects of quarantine for SARS-CoV-2 on sleep: An online survey

S Hartley a,b,*, C Colas des Francs a, F Aussert a,c, C Martinot a, S Dagneaux a, V Londe a, L Waldron a, S Royant-Parola a
PMCID: PMC7211567  PMID: 32475692

Résumé

Objectif

Déterminer l’évolution du sommeil chez les Français pendant le confinement motivé par la pandémie du SARS-CoV-2 et définir les facteurs comportementaux associés à un sommeil détérioré.

Méthodologie

Une enquête en ligne via les réseaux sociaux pendant la période de confinement. Les questions ont ciblé les conditions de confinement, les comportements relatifs au sommeil et les éléments de l’environnement potentiellement perturbateurs du sommeil (exposition à la lumière et activités sportives).

Résultats

Au total, 1777 participants ont été inclus dont 77 % femmes, 72 % âgés de 25–54 ans. Les conditions de confinement les plus fréquentes étaient en couple avec enfants (36 %) et en maison avec jardin (51 %). Quarante-sept pour cent rapportent une diminution de la qualité du sommeil en confinement. Les facteurs associés à une détérioration du sommeil retenus par l’analyse multivariée sont une diminution de la durée du sommeil (OR 15,52 — p < 0,001), un coucher plus tardif (OR 1,72 — p < 0,001), un lever plus matinal (2,18 — p = 0,01), des horaires plus irréguliers (OR 2,29 — p < 0,001), une diminution de l’exposition à la lumière du jour (OR 1,46 — p = 0,01) et une augmentation de l’utilisation des écrans le soir (OR 1,33 — p = 0,04).

Conclusion

La mauvaise qualité subjective du sommeil en confinement est associée à une modification des comportements relatifs au sommeil et de l’exposition à la lumière (moins de lumière du jour et plus d’écran le soir). Pour optimiser le sommeil en confinement, des horaires adaptés et réguliers, une exposition de plus d’une heure/jour à la lumière du jour et l’éviction des écrans le soir sont à conseiller.

Mots clés: Sommeil, Confinement, COVID 19, « Jet-lag » social, Habitudes de sommeil

1. Introduction

Le confinement de la très large majorité de la population française pendant deux mois à l’occasion de la pandémie de COVID 19 a créé une situation exceptionnelle. Le confinement isole les personnes et les familles afin de limiter la propagation du virus. Au cours des épidémies précédentes, un confinement a été appliqué aux populations potentiellement exposées à une maladie, et a duré le temps de l’incubation de la maladie. Bien que certaines villes entières aient été placées sous confinement en Chine et au Canada lors de l’épidémie de SARS en 2003, ce confinement généralisé au niveau international est sans précédent.

Le confinement est une période souvent anxiogène du fait de différents facteurs : peur de la contamination, possibles tensions intrafamiliales, et est majoré par une limitation de l’autonomie, des difficultés professionnelles, une perte des repères et des modifications de l’activité physique [1]. Le confinement a donc des effets indésirables, non seulement psychologiques, mais aussi sociaux et économiques avec des répercussions qui peuvent durer bien au-delà de la période de confinement.

Le confinement peut modifier le sommeil. La durée et la qualité du sommeil dépendent à la fois de la pression du sommeil, qui traduit l’activité du système homéostatique, et de l’horloge biologique [2]. La pression du sommeil est augmentée par la durée de l’éveil et par la durée et l’intensité de l’activité physique. Les effets d’une modification des habitudes sont rapides : par exemple une augmentation de l’activité physique est suivie d’une augmentation de l’activité du sommeil lent profond la nuit suivante [3]. Pendant le confinement, deux éléments peuvent diminuer la pression du sommeil : une diminution de l’activité physique et une augmentation de l’anxiété qui agissent directement sur les systèmes de l’éveil [4]. Mais le sommeil dépend aussi de l’activité de l’horloge biologique et ses synchronisateurs. Une exposition à la lumière le soir (par exemple par les écrans) a tendance à décaler l’horloge, surtout si l’exposition à la lumière pendant la journée est à basse intensité [5], [6] L’horloge biologique réagit moins vite que le système homéostatique : un décalage horaire de plusieurs fuseaux horaires ne sera rattrapé qu’en plusieurs jours [7]. Pendant une période de confinement prolongée, une diminution de l’exposition à la lumière du jour pendant la journée, une augmentation de l’utilisation des écrans (pour le travail ou pour se distraire) le soir et la perte des routines habituelles peuvent interférer avec l’horloge biologique avec un affaiblissement, voire une désynchronisation des rythmes circadiens [8].

Les études sur les effets de confinement portent sur quatre épidémies historiques : SARS, MERS, Ebola et l’influenza H1N1. L’insomnie a augmenté chez les confinés : l’étude de Bai a comparé les soignants confinés aux non confinés et a retrouvé une fréquence augmentée d’insomnie [9]. Plusieurs études sans groupe contrôle constatent une augmentation des symptômes d’insomnie pendant la période de confinement [10], [11], [12] et cette insomnie est souvent considérée comme secondaire à une anxiété [11], [12]. Une anxiété est retrouvée dans la quasi-totalité des études comparatives de confinement, notamment chez les soignants confinés par rapport aux soignants non confinés pendant l’épidémie de SARS [9] et aussi dans une étude récente de SARS-CoV-2 en Chine [13] avec une augmentation du risque d’un état de stress post-traumatique chez les adultes à trois ans [14], mais aussi chez les enfants [15]. Les symptômes dépressifs sont plus fréquents chez les personnes confinées (60 % vs 15 % chez les non-confinés) [14].

Aucune étude à ce jour n’a porté sur les effets du confinement sur la durée et sur le rythme du sommeil ni sur les modifications comportementales potentiellement associées. Notre objectif a été d’examiner les modifications comportementales du sommeil pendant la période de confinement.

2. Méthodologie

Un questionnaire en ligne a été développé par un comité d’experts. Les questions comportaient des items généraux (sexe, âge, mode d’habitation, nombre de personnes en confinement sous le même toit, exposition ou non à la maladie), l’appréciation de l’évolution de la qualité du sommeil au moment de l’enquête, et des questions comparatives avant et pendant le confinement concernant les horaires et le rythme du sommeil, la pratique de sport, le temps passé à l’extérieur, le temps passé sur écran le soir. Les réponses étaient anonymes et alimentaient une base de données.

Participants : les participants ont été recrutés à travers les réseaux sociaux (Facebook, Linkedin, Twitter) et le blog du Réseau morphée, pendant la période du 11 au 23 avril, c’est-à-dire, trois semaines après le début du confinement. Tous les participants ont été informés de l’objectif de l’étude et ont donné leur accord pour l’exploitation des données en vue de publication. Les réponses ont été totalement anonymes : aucune donnée ne permet d’identifier les participants. Il s’agit d’une étude non interventionnelle, classée MR003.

3. Analyse

L’analyse a été faite avec XLStat. Les questionnaires avec données manquantes (deux sujets), ainsi que les réponses de sujets de moins de 18 ans (42 sujets) ont été exclus de l’analyse. Les données de l’évolution du sommeil exprimées sur une échelle de 5 (1 = beaucoup moins bien, 2 = moins bien, 3 = comme d’habitude, 4 = mieux et 5 = beaucoup mieux) ont été catégorisées en trois groupes : améliorés, stables et détériorés. L’analyse multivariée a comparé les personnes ayant une détérioration du sommeil à ceux ayant un sommeil stable ou amélioré, et l’âge a été catégorisé en trois groupes (18–25, 25–70 et plus de 70 ans).

Les données catégorielles ont été analysées par test Chi2. Pour chaque participant, les données avant et pendant la période de confinement ont été comparées en utilisant un test de Wilcoxon. Le seuil de significativité est p  < 0,05.

Pour chaque participant, la différence entre les données du sommeil (durée, heure de coucher, heure de lever, temps passé au lit, régularité du sommeil et qualité du sommeil) et de comportement (exposition à la lumière, écrans et sport) avant et pendant le confinement a été calculée et exprimée en trois catégories. La durée du sommeil et le temps passé au lit ont été exprimés en « plus court », « stable » ou « plus long », le temps de coucher et de lever en « plus tôt », « stable » ou « plus tard », la régularité du sommeil en « plus régulier », « stable » et « moins régulier » et la qualité du sommeil en « améliorée », « stable » et « détériorée ». Le delta entre les comportements (sport, exposition à la lumière de jour et exposition aux écrans) a été calculé et exprimé en trois catégories. Le sport a été exprimé en « moins de sport », « stable » et « plus de sport », l’exposition à la lumière de jour et aux écrans en « moins d’exposition », « stable » et « plus d’exposition ».

Une analyse monovariée a identifié les éléments associés à la modification du sommeil. Une régression logistique a identifié les facteurs associés à une détérioration de sommeil pendant le confinement.

4. Résultats

4.1. Participants et conditions de confinement

Mille huit cent vingt et un participants ont répondu à l’enquête (Tableau 1 ). Quarante-deux ont été exclus, car âgés de moins de 18 ans et deux en raison d’un questionnaire incomplet. Mille sept cent soixante-dix-sept questionnaires ont été analysés dont 77 % femmes. Soixante-douze pour cent des participants étaient âgés de 25 à 54 ans, 7 % de 18–24 ans et 4 % de plus de 70 ans. Dix pour cent des participants ont rapporté des symptômes compatibles avec une infection par COVID (fièvre, toux dyspnée). Dix-huit pour cent des participants étaient confinés seuls, 28 % en couple, 36 % en couple avec leurs enfants et 18 % en groupe (soit en famille regroupée, soit avec d’autres adultes). L’âge a une influence sur les modalités de confinement (p  < 0,0001) : les 18–24 ans étaient le plus souvent confinés en groupe (62 %), les 35–45 ans en couple avec leurs enfants (65,9 %) et les plus de 70 ans en couple (63 %). Soixante-dix-huit pour cent étaient confinés dans un lieu qui permettait un accès à la lumière de jour, et le lieu de confinement est influencé par l’âge.

Tableau 1.

La population de l’étude et les conditions de confinement.

(%)
Sexe
 Hommes 23
 Femmes 77
Âge
 18 à 24 ans 7
 25 à 34 ans 20
 35 à 45 ans 30
 46 à 55 ans 22
 56 à 70 ans 16
 Plus de 70 ans 4
Conditionsdeconfinement
 Tout seul 18
 En couple 28
 En couple avec les enfants 36
 En famille regroupée 18
Lieudeconfinement
 En appartement 20
 En appartement avec terrasse ou balcon 27
 En maison sans jardin 2
 En maison avec jardin 51
InfectionparCOVID
 Non 90
 Oui 10
Évolutiondusommeilpendantleconfinement
 Détérioré 47
 Stable 40
 Amélioré 13

4.2. Qualité du sommeil en confinement

Pour 47 % des participants le sommeil a été moins bien ou beaucoup moins bien pendant le confinement (Tableau 1). Sur une échelle visuelle analogique de 1 (beaucoup moins bien) à 10 (beaucoup mieux), la qualité du sommeil a diminué pendant le confinement avec une moyenne de 6 ± 2 vs 7 ± 2 avant le confinement (p  < 0,0001).

4.3. Évolution du sommeil en confinement

La durée du sommeil a varié en période de confinement (p  = 0,009) avec une tendance moyenne à l’augmentation du temps de sommeil de 42 minutes (7h18 min avant le confinement vs 8 h pendant le confinement), certains (2 %) dormant plus de 10 h (Tableau 2 ). Néanmoins, on note aussi un doublement des sommeils très courts (moins de 6 h). Une heure de coucher nettement plus tardive en confinement a été constatée chez 41 %, plus marquée chez les jeunes (<0,0001). L’heure de lever a été également plus tardive en confinement (p  < 0,0001) : avec une diminution importante des levers avant 07h00 (16 % vs 48 %). L’irrégularité des horaires est augmentée avec 16 % (vs 8 %) ayant des horaires très irréguliers.

Tableau 2.

Le sommeil et les comportements avant et pendant le confinement.

Avant
(%)
Pendant
(%)
p
Durée du sommeil
 Moins de 6 h 10 20 0,009
 Entre 6 et 7 h 34 24
 Entre 7 et 8 h 44 29
 Entre 8 et 10 h 13 26
 Plus de 10 h 0 2
Heure de coucher
 Entre 21 h et 22 h 9 4 <0,0001
 Entre 22 h et 23 h 36 18
 Entre 23 h et 24 h 39 37
 Entre 24 h et 1 h 12 20
 Entre 1 h et 3 h 3 16
 Plus tard que 3 h du matin 1 5
Heure de lever
 Avant 6 h du matin 7 4 <0,0001
 Entre 6 et 7 h 41 12
 Entre 7 et 8 h 36 28
 Entre 8 et 9 h 11 29
 Entre 9 et 11 h 5 21
 Plus tard que 11 h du matin 1 6
Régularité des horaires
 Horaires réguliers 72 48 <0,0001
 Petite irrégularité 21 36
 Très irréguliers 8 16
Sport
 Jamais 30 35 <0,0001
 1 fois/semaine 27 17
 2 fois/semaine 20 12
 3 fois/semaine 14 13
 Tous les jours ou presque 8 23
Exposition à la lumière de jour
 1 h ou moins 27 50 <0,0001
 Entre 1 à 2 h 34 20
 Entre 2 et 3 h 19 14
 Entre 3 et 4 h 8 8
 Plus de 4 h 11 7
Exposition aux écrans
 1 h ou moins 11 4 <0,0001
 Entre 1 h et 2 h 33 15
 Entre 2 et 3 h 33 30
 Entre 3 h et 4 h 13 23
 Plus de 4 h 10 29

4.4. Les éléments perturbateurs

L’exposition à la lumière du jour a diminué pendant le confinement (p  < 0,0001) avec 50 % (vs 27 % avant confinement) ayant une exposition inférieure à une heure par jour (Tableau 2). Or, l’exposition à la lumière des écrans le soir a nettement augmenté en confinement : 29 % vs 10 % utilisent des écrans plus de quatre heures le soir. L’exposition à la lumière est associée aux horaires de coucher et de lever (Tableau 3 ) : 80 % de ceux qui se couchent après 01h00 du matin et 74 % qui se lèvent tard ont une utilisation intense des écrans le soir. Une exposition faible à la lumière de jour (moins de 2 h/j) se retrouve chez 80 % de ceux qui se couchent après 01h00 vs 66 % qui se couchent tôt, mais avec peu d’effet sur l’heure de lever. Une évolution significative (<0,0001), mais hétérogène a été constatée avec les activités sportives.

Tableau 3.

Effets de la lumière sur les heures de coucher et de lever.

Exposition aux écrans le soir
p Exposition à la lumière de jour
p
<2 h
(%)
2–3 h
(%)
>3 h
(%)
<2 h
(%)
2–3 h
(%)
>3 h
(%)
Heure de coucher
 <23h00 39 34 28 <0,0001 66 15 19 <0,0001
 23h00–01h00 16 33 51 69 15 15
 >01h00 4 16 80 80 11 9
Heure de lever
 <07h00 31 29 40 <0,0001 73 11 17 0,01
 07h00–09h00 20 35 45 68 16 16
 >9h00 7 19 74 75 13 12

4.5. Effets du confinement sur la qualité du sommeil : analyse monovariée

Une détérioration du sommeil était plus marquée chez les femmes (49 % vs 38 % p  < 0,0001), les jeunes (54 % des 25–34 ans vs 22 % des plus de 70 ans, p  < 0,0001), les couples confinés avec enfant (50 % vs 41 % couples confinés sans enfant p  < 0,0001) et en appartement (55 % vs 43 % en maison avec jardin p  < 0,0001) (Tableau 4 ). Les facteurs liés au sommeil étaient fortement associés à une perception d’un sommeil détérioré : 90 % rapportent un sommeil plus court, 59 % une heure de coucher plus tardive (vs 32 % plus tôt) et 70 % une heure de lever plus matinale (vs 48 % une heure de lever plus tardive). Une irrégularité des horaires plus marquée se retrouvait chez 66 % vs 33 % dont les horaires étaient plus réguliers p  < 0,0001). Une détérioration est associée à une utilisation augmentée des écrans le soir (55 % vs 30 % p  < 0,0001), une diminution de l’exposition à la lumière de jour (55 % vs 38 % p  < 0,0001) et de l’activité sportive (54 % vs 43 % p  < 0,001).

Tableau 4.

Effets du confinement sur la qualité du sommeil.

Qualité du sommeil en confinement
Détériorée
(%)
Stable
(%)
Améliorée
(%)
p
Sexe
 Hommes 38 49 12 <0,0001
 Femmes 49 37 14 <0,0001
Âge
 18 à 24 ans 49 34 17 <0,0001
 25 à 34 ans 54 34 13 <0,0001
 35 à 45 ans 49 38 13 <0,0001
 46 à 55 ans 46 40 14 <0,0001
 56 à 70 ans 41 46 12 <0,0001
 Plus de 70 ans 22 65 13 <0,0001
Conditions de confinement
 Tout seul 48 39 12 <0,0001
 En couple 41 46 13 <0,0001
 En couple avec les enfants 50 37 13 <0,0001
 En famille regroupée 48 37 15 <0,0001
Lieu de confinement
 En appartement 55 32 13 <0,0001
 En appartement avec terrasse ou balcon 48 39 13 <0,0001
 En maison sans jardin 47 39 14 0,0400
 En maison avec jardin 43 43 14 <0,0001
Infection par COVID
 Non 46 41 13 <0,0001
 Oui 54 34 12 <0,0001
Durée du sommeil
 Diminuée 90 10 0 <0,0001
 Stable 31 64 6 <0,0001
 Augmentée 28 40 33 0,001
Heure de coucher
 Plus tôt 32 40 28 NS
 Inchangée 32 53 15 <0,0001
 Plus tard 59 31 10 <0,0001
Heure de lever
 Plus tôt 70 23 7 <0,0001
 Inchangée 38 55 6 <0,0001
 Plus tard 48 36 17 <0,0001
Régularité des horaires
 Moins irrégulière 33 40 27 NS
 Stables 37 50 13 <0,0001
 Plus irrégulière 66 24 10 <0,0001
Utilisation des écrans
 Moins qu’avant 30 47 22 0,01
 Stable 36 50 14 <0,0001
 Plus qu’avant 55 33 12 <0,0001
Activité sportive
 Moins qu’avant 54 35 11 <0,0001
 Stable 45 43 12 <0,0001
 Plus qu’avant 43 41 16 <0,0001
Exposition à la lumière de jour
 Moins qu’avant 55 34 11 <0,0001
 Stable 41 47 11 <0,0001
 Plus qu’avant 38 42 19 <0,0001

4.6. Éléments associés à une détérioration du sommeil pendant le confinement : analyse multivariée

Un modèle (Tableau 5 ) contrôlant l’âge, le sexe, les conditions de confinement, les symptômes compatibles avec une infection par COVID 19 et la modification des facteurs comportementaux liés au sommeil, a montré une association forte entre une diminution de la durée du sommeil (OR 15,52 p  < 0,0001) et une détérioration du sommeil pendant le confinement. Les heures de coucher et de lever et leur régularité sont également importantes ; un coucher plus tardif (OR 1,72 p  = 0,001), un lever plus matinal (2,18 p  = 0,01) et des horaires plus irréguliers (OR 2,29 p  < 0,0001) ont été identifiés.

Tableau 5.

Facteurs associés à une détérioration du sommeil.

Odds ratio IC IC Valeur de p Standard erreur
Confinement
 En couple 1,001 0,69 1,453 0,99 0,190
 En couple avec les enfants 1,43 1 2,021 0,052 0,188
 En famille regroupée 1,46 0,98 2,1 0,08 0,216
Durée du sommeil
 Diminuée 15,52 10,90 22,09 <0,0001 0,180
 Augmentée 0,63 0,47 0,86 0,001 0,144
Heure de coucher
 Plus tôt 0,66 0,38 1,125 0,13 0,276
 Plus tard 1,72 1,30 2,27 <0,0001 0,142
Heure de lever
 Plus tôt 2,18 1,20 3,95 0,01 0,303
 Plus tard 1,31 0,95 1,82 0,09 0,164
Régularité des horaires
 Moins irréguliers 1,04 0,69 1,60 0,82 0,216
 Plus irréguliers 2,29 1,74 3,00 <0,0001 0,138
Exposition aux écrans le soir
 Moins qu’avant 0,81 0,44 1,45 0,48 0,309
 Plus qu’avant 1,33 1,02 1,73 0,04 0,136
Exposition à la lumière de jour
 Moins qu’avant 1,46 1,08 1,97 0,01 0,153
 Plus qu’avant 0,94 0,66 1,31 0,69 0,174

Une diminution de l’exposition à la lumière de jour (OR 1,46 p  = 0,01) et une augmentation de l’utilisation des écrans le soir (OR 1,32 p  = 0,04) ont été associées à une détérioration du sommeil. Enfin, on trouve une tendance à la détérioration du sommeil chez les personnes confinées en couple avec leurs enfants (OR 1,42 p  = 0,058).

Aucune association n’a été démontrée pour l’âge, le sexe, la pratique de sport, le lieu de confinement ou une possible infection par le COVID 19.

5. Discussion

Notre étude démontre une diminution de la perception de la qualité du sommeil chez près de la moitié des participants en période de confinement. L’analyse multivariée a identifié une association nette entre la détérioration du sommeil en confinement et les comportements du sommeil, et une exposition à la lumière tandis qu’on note seulement une tendance pour les conditions de confinement. Certains éléments identifiés en analyse monovariée : l’âge et le sexe, le pratique de sport et le lieu de confinement, n’ont pas été retenus comme facteurs explicatifs par l’analyse multivariée.

En revanche, il existe une forte association entre la diminution du temps du sommeil estimé par les patients et le sentiment d’une détérioration de la qualité du sommeil pendant le confinement, alors qu’une augmentation de la durée du sommeil est au contraire un facteur protecteur. L’appréciation du sommeil est subjective, et l’estimation de la durée du sommeil par un patient sous-estime souvent la durée réelle du sommeil [16], surtout chez les insomniaques [17]. Or, la plainte de diminution de la durée du sommeil chez nos participants ayant une détérioration de la qualité du sommeil est accompagnée d’une modification des heures de coucher (plus tardifs) et de lever (plus tôt), néanmoins on ne sait rien d’éventuels éveils, possibles, mais non documentés lors de l’enquête. La régularité des horaires joue aussi un rôle : on trouve une association entre l’irrégularité des horaires et la plainte d’un sommeil détérioré. Un sommeil de qualité nécessite des horaires réguliers : de nombreuses études sur les effets délétères de travail posté et du « jet-lag » social témoignent des effets négatifs de ces rythmes perturbés tant sur le plan métabolique que psychiatrique [18], [19], [20]. Le sommeil est sous le contrôle d’une régulation forte de l’horloge circadienne qui est émoussée par une irrégularité des horaires, ce qui peut aboutir à un décalage progressif de l’horloge, le plus souvent vers le soir, car sa période innée est supérieure à 24 h [21]. Ce décalage peut poser problème au moment du déconfinement : recaler l’horloge peut s’avérer difficile, avec une somnolence sévère le matin et une insomnie d’endormissement le soir. L’horloge biologique est de moins en moins flexible avec l’âge [22], qui peut expliquer le fait que l’analyse monovariée ait retrouvé une détérioration du sommeil beaucoup moins marquée chez les plus de 70 ans. Ce résultat n’a pas été confirmé par l’analyse en multivariée, mais peu de nos participants sont âgés de plus de 70 ans.

Nous avons démontré une association importante entre l’exposition à la lumière, les comportements du sommeil et la qualité du sommeil. L’horloge biologique dépend d’un signal lumineux fort le matin pour la mise à jour de l’horloge centrale. Une exposition à la lumière intense le soir a deux effets sur le sommeil : tout d’abord un effet stimulant direct sur les systèmes d’éveil ce qui permet aux utilisateurs de rester plus vigilants et de se coucher plus tard [23]. Par ailleurs, une exposition à la lumière le soir décale l’horloge biologique par le blocage de la sécrétion de mélatonine, rendant l’éveil du matin plus tardif [24], [25], [26]. Une exposition limitée à la lumière de jour a été retrouvée chez 50 % de nos participants, couplée à une utilisation majorée des écrans le soir : 52 % de nos participants (vs 23 % avant le confinement) ont utilisé leurs écrans pendant plus de trois heures le soir. Nous avons montré un lien direct entre une utilisation intense des écrans le soir (plus de trois heures) et un coucher plus tardif, et cette utilisation intense est aussi identifiée par l’analyse multivariée comme facteur associé à une détérioration du sommeil. Notre étude confirme qu’une détérioration de la qualité du sommeil est associée à une exposition peu importante à la lumière de jour, même en contrôlant l’exposition à la lumière le soir. L’intensité de la lumière du jour est importante : une exposition intense à la lumière du jour peut partiellement pallier une exposition intense à la lumière artificielle le soir [5], [6]. D’autres synchronisateurs peuvent remplacer la lumière, notamment ceux liés aux activités professionnelles ou sociales [27]. Or, ces rythmes sont affaiblis en confinement, ce qui ne peut qu’aggraver les effets d’un environnement lumineux inadapté et provoquer l’apparition de décalages très marqués : 41 % de notre population se couchait plus tard pendant le confinement, dont 6 % après 04h00.

Le confinement est une période stressante, surtout pour les couples confinés avec leurs enfants, qui doivent souvent cumuler travail, garde de leurs enfants, voire école à la maison. Le stress stimule les systèmes d’éveil et rend l’endormissement plus difficile : il est souvent un facteur déclenchant des insomnies ; ce lien entre stress, anxiété et insomnie a aussi été retrouvé dans d’autres études de confinement [9], [11], [12]. Un sommeil court et un éveil plus matinal sont des symptômes de stress ou de dépression [28], et l’apparition des troubles dépressifs a été soulignée dans les études de confinement [14]. Or, nous n’avons pas évalué la dimension du stress, de l’anxiété ou de l’angoisse, qui aurait pu permettre d’anticiper un risque de décompensation psychiatrique. L’irrégularité des horaires notamment un « jet-lag » social important est connu dans les troubles de l’humeur, notamment chez les patients bipolaires [29]. Une durée du sommeil courte [30], l’insomnie, les troubles circadiens et les troubles psychiatriques sont fortement liés, et les interventions qui améliorent les troubles du sommeil améliorent souvent les troubles psychiatriques [31], [32]. A contrario, on peut s’interroger sur la persistance ou non de ces troubles du sommeil après la période de confinement, sachant que les personnes chez lesquelles ils persisteront seront plus à risque suicidaire [33].

Une détérioration de la qualité du sommeil en confinement est un constat important, surtout pour les personnes qui dorment moins : le sommeil joue un rôle important dans les défenses immunitaires. Une revue récente conclut que non seulement le risque d’infection, mais aussi la sévérité de l’infection par le SARS-CoV-2 sont influencées par la qualité du sommeil [34], d’où l’importance de maintenir un sommeil de qualité en confinement.

Les limitations de notre étude sont liées à notre méthodologie. Il n’est pas possible de déterminer le taux de réponse au moyen de questionnaires diffusés au travers des réseaux sociaux, sauf à disposer de dispositifs de traçages qui ne sont pas à la disposition du public, mais les études concordent sur un taux de réponse plus faible pour les enquêtes en ligne [35]. Nos profils d’âge et de sexe ne correspondent pas à ceux de la population française : les femmes et les personnes d’âge moyen sont sur-représentées et nos résultats ne sont pas généralisables au niveau national. Les difficultés démographiques associées aux questionnaires en ligne sont bien connues [36]. Une participation aux enquêtes en ligne diminue à partir de 50 ans [37] et une sur-représentation des femmes est souvent retrouvée, bien que les résultats soient hétérogènes concernant les études dans le domaine de la santé [38], [39]. En outre, notre étude est subjective et aucune évaluation objective du temps du sommeil n’a été faite. Enfin, nous nous sommes centrés sur les comportements du sommeil pour disposer d’un questionnaire court, facile à remplir afin d’optimiser le nombre de réponses et de ce fait d’autres facteurs explicatifs, notamment psychologiques sont manquants.

Néanmoins nos résultats, qui mettent en exergue les effets néfastes de l’irrégularité des horaires, de l’insuffisance de sommeil, et d’une exposition à la lumière inadaptée, sont en accord avec les conseils des experts publiés en 2020 pour optimiser le sommeil en période de confinement qui proposent des horaires fixes, un temps passé au lit adapté aux besoins du sommeil et une exposition optimisée à la lumière [40].

6. Conclusion

Une détérioration du sommeil est observée chez presque la moitié des personnes en confinement. Cette détérioration est associée à une modification des horaires de coucher et de lever avec une diminution de la durée du sommeil, des horaires irréguliers, une exposition inadéquate à la lumière du jour et une utilisation excessive des écrans le soir. Pour optimiser le sommeil en confinement, des horaires adaptés et réguliers, une exposition maximale à la lumière du jour et l’éviction des écrans le soir sont à conseiller.

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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