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. 2020 Jul 22;42(1):61–62. [Article in French] doi: 10.1016/j.revmed.2020.05.012

Une couleur inhabituelle

An unusual color

J Campagne a, S Kurt b, T Moulinet a,, S Mohamed a, J Deibener-Kaminsky a, R Jaussaud a
PMCID: PMC7374124  PMID: 32709435

1. Histoire

Une femme, âgée de 96 ans, institutionnalisée depuis juillet 2017, était admise pour une pneumopathie documentée à SARS-CoV-2 (PCR nasopharyngée positive) à 11 jours du début des symptômes. Ses antécédents comportaient une démence vasculaire évoluée avec un état grabataire (GIR 1). Elle avait présenté en juillet 2018 un épisode de rétention aiguë d'urine nécessitant la pose d'une sonde vésicale à demeure, avec plusieurs échecs de sevrage par la suite. À l'entrée, la patiente était apyrétique, normotendue, avec une saturation à 98 % en air ambiant. L'interrogatoire était impossible. Elle présentait une toux productive et des crépitants discrets des deux bases ; le reste de l'examen clinique était sans particularité. L'urine contenue dans la poche de recueil avait une coloration violette (Fig. 1A). Le bilan biologique retrouvait une anémie inflammatoire (Hb : 11,2 g/dL, CRP : 70 mg/L) et une dénutrition marquée (pré-albumine < 0,05 g/L). Devant une bandelette urinaire anormale (leucocyturie : +, pH > 9), un ECBU révélait une hématurie (2 × 104/mL), une leucocyturie (4 × 104/mL) et plus de 3 espèces bactériennes en culture. Le prélèvement urinaire dans un pot stérile était trouble mais de couleur jaune foncé (Fig. 1B). La radiographie montrait un syndrome interstitiel modéré et quelques opacités périphériques prédominant à droite. Une antibiothérapie par ceftriaxone était débutée dans l'hypothèse d'une surinfection pulmonaire. Un simple changement de la poche à urine entraînait une disparition de la coloration violette.

Fig. 1.

Fig. 1

Coloration violette dans la poche à urine (A), urine trouble de couleur jaune foncé dans un pot de recueil (B)

Cette coloration violette était déjà rapportée en février 2019 par le personnel de l'institution où vivait la patiente. Un ECBU avait été réalisé, retrouvant une hématurie (2 × 105/ml), une leucocyturie (8 × 105/mL) et 2 germes à la culture : Morganella morganii et Enterococcus faecalis (1 × 106 UFC/mL). Devant l'absence de fièvre et de syndrome inflammatoire biologique, un diagnostic de bactériurie asymptomatique/colonisation avait été retenu.

2. Diagnostic

Un syndrome de la poche urinaire violette.

3. Commentaires

Le syndrome de la poche à urine violette (Purple Urine Bag Syndrome, PUBS) a été décrit pour la première fois par Barlow et Dickson en 1978 [1]. Il est rare, asymptomatique et bénin. La physiopathologie fait intervenir le métabolisme du tryptophane alimentaire, qui est dégradé en indole par le microbiote intestinal. L'indole est ensuite hydroxylé dans le foie pour donner le 3-hydroxy-indole, qui est lui-même transformé dans le foie en indoxyl sulfate, excrété dans les urines. Sous l'influence d'enzymes bactériennes (sulfatases, uréases…), l'indoxyl sulfate est dégradé en 2 pigments (indigo et indirubine qui vont réagir avec un composant de la membrane de la poche (polychlorure de vinyle) pour donner la coloration violette de l'urine [2].

Les facteurs de risque sont l'âge avancé, le sexe féminin, la constipation, la démence, l'alitement prolongé, l'institutionnalisation, l'insuffisance rénale terminale, le sondage urinaire ou la néphrostomie au long cours, la déshydratation, les infections urinaires récurrentes, une bactériurie élevée et un pH urinaire alcalin [3]. Une infection urinaire, volontiers apyrétique, est quasi-systématiquement retrouvée [3]. Les bactéries les plus fréquemment associées au syndrome de la poche à urine violette sont : Escherichia coli, Proteus mirabilis, Klebsiella pneumoniae, Enterococcus, Pseudomonas aeruginosa, Providencia stuartii, Morganella morganii, Enterobacter aerogenes, etc. [4].

La connaissance de ce syndrome est importante, pour rechercher une infection urinaire sous-jacente, souvent nosocomiale à bactérie multi-résistante, et les facteurs de risque tels que la déshydratation et la constipation [5]. Le risque d'évolution vers un sepsis sévère n'est. pas nul chez ces patients fragiles [5]. Sur le plan thérapeutique, une antibiothérapie et un changement de sonde urinaire sont préconisés en cas d'infection urinaire associée aux soins (IUAS, recommandations SPILF 2015).

Déclaration des liens d'intérêts

aucun.

Références

  • 1.Barlow G.B., Dickson J.S. Purple urines bags. Lancet. 1978;311:220–221. [Google Scholar]
  • 2.Ben-Chetrit E., Munter G. Purple Urine. JAMA. 2012;307:193–194. doi: 10.1001/jama.2011.1997. [DOI] [PubMed] [Google Scholar]
  • 3.Sabanis N., Paschou E., Papanikolaou P., Zagkotsis G. Purple urine bag syndrome: more than eyes can see. Curr Urol. 2019;13:125–132. doi: 10.1159/000499281. [DOI] [PMC free article] [PubMed] [Google Scholar]
  • 4.Guei M.C., Yao K.H., Lagou D.A., Coulibaly P.N.A., Sawadogo A., Moudachirou M.I.A., et al. Le syndrome de la poche à urines violette: à propos d’un cas. Nephrol Ther. 2018;14:172–174. doi: 10.1016/j.nephro.2017.11.004. [DOI] [PubMed] [Google Scholar]
  • 5.Rooney H., Mokool L., Ramsay A., Nalagatla S. Purple urine bag syndrome : a truly harmless sign? Scott Med J. 2018;63:99–101. doi: 10.1177/0036933017743128. [DOI] [PubMed] [Google Scholar]

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