La pandémie actuelle causée par le nouveau coronavirus SARS-COV-2 (COVID-191 ) qui a débuté fin 2019 dans la province chinoise de Hubei [1] a profondément ébranlé nos sociétés sur le plan sanitaire, économique, politique, psychologique et social. Nous nous proposons ici de l’interpréter au travers du prisme de la biologie évolutive et de l’histoire des maladies infectieuses. On peut ainsi relativiser son caractère exceptionnel et constater ses nombreuses similitudes avec les grandes épidémies du passé, comme notamment la peste noire de l’époque médiévale ou, plus près de nous, la grippe espagnole.
Hommes et microbes, une histoire commune
Les êtres humains et les microbes2 , sont des membres du règne vivant qui partagent une lointaine parenté au sein du grand arbre de l’évolution. Les maladies infectieuses ont sévi dès le début de l’humanité et on peut en retrouver des traces sur des restes fossiles de la période préhistorique ou au niveau de momies de l’Égypte ancienne (tuberculose, bilharziose, paludisme, helminthiases notamment) [2]. Elles appartiennent en grande majorité à la catégorie des zoonoses et sont passées de l’animal à l’Homme par le phénomène du « saut d’espèce ». Ainsi, pour ne prendre que deux exemples, le virus de la grippe humaine provient des porcs (grippe porcine) ou des oiseaux (grippe aviaire) ; le VIH dérive d’un rétrovirus présent chez les singes d’Afrique [3]. Les épidémies majeures apparaissent à certaines périodes où existent quasi-systématiquement des modifications du mode de vie des populations et/ou des déséquilibres environnementaux à côté de facteurs liés à la virulence des agents infectieux. Il s’agit parfois d’évènements majeurs comme des migrations, guerres, troubles sociaux, ou désastres naturels (tremblements de terre, inondations…) [4]. Ainsi, il a été décrit au fil de l’histoire humaine des périodes dites de « transition » caractérisées par des changements importants du profil de distribution des maladies infectieuses au sein des populations [5].
Les périodes de transition
Durant la préhistoire, la période néolithique a été le théâtre de deux révolutions dans notre mode de vie : la sédentarisation des populations et l’adoption de l’agriculture et de l’élevage. Elle a coïncidé avec une augmentation de la fréquence des maladies infectieuses (zoonoses) en rapport avec une poussée démographique associée à une concentration des individus, une plus grande proximité avec les animaux (ceux domestiqués et certains de leurs congénères comme les rats, réservoirs de nombreux germes pathogènes pour l’Homme) et des modifications de l’environnement (la déforestation et les retenues d’eau pour l’activité agricole ont favorisé le développement du paludisme par exemple) [3], [5], [6], [7], [8]. Les premières grandes civilisations eurasiatiques, en raison de l’essor des déplacements humains à des fins militaires ou commerciales, ont été confrontées à la propagation d’épidémies comme la peste de Justinien (entre 541 et 767, première pandémie attribuée à Yersinia pestis) qui a frappé tout le bassin méditerranéen et particulièrement Constantinople. La route de la soie et les mouvements militaires ont été les supports de la diffusion de l’agent de la peste bubonique de la Chine vers l’Occident au 14e siècle [5], [8]. Au Moyen Âge, l’urbanisation va faciliter la transmission de ce fléau qui tuera environ 30 % des Européens [7], [8]. L’âge des grandes découvertes débutant au 15e siècle va coïncider avec la propagation transocéanique de pathologies infectieuses. Les conquistadors ont implanté dans le nouveau monde un certain nombre d’agents infectieux qui se sont révélés très agressifs pour les populations autochtones dénuées de toute défense à leur égard3 . Il s’agit en premier lieu du virus de la variole (mais aussi de ceux de la rougeole ou de la grippe) qui, au niveau du Mexique actuel, auraient terrassé jusqu’à 15 millions d’Amérindiens, mettant fin ainsi à la civilisation aztèque. D’autres cataclysmes sanitaires de ce type ont été observés ailleurs au niveau du continent américain (chez les Incas par exemple) ou de l’Océanie (aux îles Fidji particulièrement) [4], [8]. De même, le COVID-19 représente actuellement une menace majeure pour les peuples autochtones isolés d’Amazonie. Enfin, nous vivons actuellement au cœur d’une période de transition épidémiologique majeure consécutive aux modifications démographiques, environnementales, sociales, technologiques débouchant sur une mondialisation et des déséquilibres écologiques. Tout ceci explique l’apparition de nombreuses « nouvelles » pathologies infectieuses ces dernières décennies [5]. Le terme « anthropocène » est utilisé pour qualifier l’époque présente afin de souligner l’impact sans précédent des activités humaines sur la vie de notre planète.
L’illusion d’une victoire définitive sur les microbes
Le développement de nombreux antibiotiques très actifs à la suite de la découverte de la pénicilline en 1928 ont réduit considérablement les décès par infections bactériennes. Les vaccinations ont fait reculer la polio, la diphtérie, le tétanos et ont conduit à l’éradication de la variole (proclamée par l’OMS en 1979). En 1967, le Dr William H. Stewart déclarait devant le congrès des États-Unis « qu’il était temps de refermer le livre des maladies infectieuses »4 [4]. Mac Farlane Burnet et David White, deux microbiologistes renommés, allaient dans le même sens dans un ouvrage écrit en 1972 [9]. On pensait donc avoir vaincu définitivement les pathologies microbiennes. L’essentiel des efforts de recherche allait se porter alors vers deux autres problèmes majeurs de santé publique : les affections cardio-vasculaires et les cancers.
Maladies émergentes et ré-émergentes
Après cette période de triomphalisme naïf, l’humanité a dû affronter depuis la fin du 20e siècle plusieurs dizaines de nouvelles infections causées par des agents précédemment inconnus tels que la maladie liée au virus Ebola en 1976, le SIDA (VIH) en 1981, le SRAS en 2002, tout récemment le MERS et l’infection à COVID-19 (toutes trois en rapport avec un coronavirus), ou les infections dues aux virus Nipah et Hendra [10]. Mirko Grmek a proposé voici une trentaine d’années le concept de « maladies émergentes » (et « ré-émergentes ») [11]. Plus des deux-tiers d’entre elles sont des zoonoses, ces dernières étant majoritairement en lien avec la faune sauvage. Elles résultent d’une exploitation déraisonnable des écosystèmes presque toujours dictée par une logique financière ou de confort de vie. L’excès de promiscuité avec le monde animal est un facteur de risque pour beaucoup d’infections. Ainsi, la maladie de Lyme a été mise initialement en évidence chez des personnes s’étant installées dans des zones forestières de la côte est des USA en réaction à l’urbanisation à outrance et ayant été mordus par des tiques hébergeant la bactérie responsable, Borrelia burgdorferi [4], [5]. Le SRAS semble avoir été transmis aux humains par la civette abondamment présente sur les marchés animaliers en Chine [12] (alors que l’on soupçonne l’implication du pangolin dans le cas du COVID-19 [1]). On s’est rendu compte que les chauves-souris constituaient un réservoir naturel pour plusieurs agents de zoonoses (virus Ebola, virus Nipah et coronavirus notamment) [10] qui ont émergé avec les perturbations de l’écosystème de cet animal engendrées par l’Homme [5]. On a également constaté que des épidémies qui étaient précédemment géographiquement localisées pouvaient secondairement s’étendre, comme l’infection liée au virus Ebola ayant d’abord sévi dans des zones rurales isolées d’Afrique sub-saharienne puis ensuite, à plus grande échelle, en Sierra Leone et au Liberia pour constituer enfin une menace hors d’Afrique (Espagne, USA) [13]. Les échanges rapides des biens et des personnes par voie terrestre, maritime et aujourd’hui aérienne majorent le risque de diffusion d’agents infectieux. Dès les années 1930, le transport aérien de personnes, alors pourtant peu développé, était identifié comme source d’importation de maladies infectieuses [14]. Ceci s’est vérifié à plusieurs reprises ultérieurement, par exemple lors des épidémies de conjonctivite aiguë hémorragique en 1981, de méningite à méningocoque liées au pèlerinage à La Mecque, et du SRAS en 2002–2003 (de la province de Guangdong à toute une partie du globe via Hong Kong) [4]. Le VIH, qui est apparu aux yeux du monde au début des années 1980, a infecté plusieurs dizaines de millions de personnes. Il serait passé des singes vers l’Homme il y a environ 80 ans, peut-être par le biais de la consommation de « viande de brousse ». Cette infection a d’abord sévi à petite échelle pendant plusieurs décennies dans certains villages d’Afrique puis, avec le phénomène de l’exode rural, a gagné les métropoles de ce continent où les cas se sont multipliés en association avec la prostitution et la toxicomanie intraveineuse. Le développement des déplacements par voie aérienne va parachever ensuite sa diffusion sur toute la planète. Le VIH a particulièrement frappé les homosexuels masculins, les toxicomanes et les personnes ayant reçu des produits d’origine sanguine [4]. Le commerce international des marchandises et le réchauffement climatique ont permis à l’arthropode du genre Aedes, vecteur d’arboviroses comme la dengue mais aussi le chikungunya et l’infection à virus Zika, d’étendre sa zone géographique qui inclut depuis quelques années le sud de la France [15].
L’hépatite C est un exemple de maladie émergente reflétant les changements sociaux et technologiques. Le virus responsable, mis en évidence en 1989, circulait depuis très longtemps au sein des populations humaines mais sa diffusion a été accélérée par la pratique de la toxicomanie intraveineuse et des transfusions sanguines [3]. La légionellose, infection pulmonaire qui a été identifiée pour la première fois en 1976, peut être contractée via l’exposition à une installation de conditionnement d’air contaminée [4], [11]. Enfin, certaines pathologies qui étaient devenues rares ont eu tendance à resurgir, comme par exemple la tuberculose, en association avec certains éléments (infection à VIH, difficultés socioéconomiques). On a noté de surcroît le développement préoccupant de souches résistantes aux agents antituberculeux et antipaludéens (alors qu’il n’y a toujours pas de vaccin efficace contre le paludisme) [4]. Le tableau I propose une liste de facteurs impliqués dans l’émergence des maladies infectieuses [4].
Tableau I.
Facteurs impliqués dans l’émergence des maladies infectieuses [4]
| Adaptation et modifications au niveau des microbes |
| Susceptibilité humaine à l’agent infectieux |
| Climat et conditions météorologiques |
| Modifications des écosystèmes |
| Comportements des populations humaines et démographie |
| Développement économique et utilisation des terres |
| Voyages et échanges commerciaux internationaux |
| Technologie et industrie |
| Affaiblissement des mesures de santé publique |
| Pauvreté et inégalités sociales |
| Guerres et famines |
| Absence de volonté politique |
| Désir de porter préjudice (bioterrorisme) |
Adaptation et sélection naturelle
À côté des facteurs « environnementaux » développés plus haut, le combat Homme/microbes met en jeu des éléments génétiques. La pression sélective a fait émerger des caractéristiques particulières chez certains de ces deux protagonistes permettant de se protéger des assauts de son (ses) adversaire(s). Ceci explique la grande hétérogénéité rencontrée dans l’agressivité des souches microbiennes et dans la capacité des êtres humains à plus ou moins résister à un agent infectieux [6]. À n’en pas douter la large variété dans la gravité des tableaux cliniques associés au COVID-19 trouve son explication pour une bonne part dans différents profils de susceptibilité d’origine génétique (à côté des paramètres âge, comorbidités et types de souches). Plusieurs variants ayant un fort impact vis-à-vis de la résistance à certaines infections microbiennes ont été décrits [16]. Le premier sur le plan historique a été rapporté en 1954, c’est une mutation ponctuelle conduisant à la production d’une hémoglobine particulière dite S et provoquant la déformation des érythrocytes en faucille (S pour sickle). L’hémoglobine S représente un facteur de résistance vis-à-vis du paludisme à Plasmodium falciparum et sa distribution est principalement africaine. Il s’agit d’un polymorphisme balancé, alors que les hétérozygotes sont moins vulnérables aux assauts du parasite, les homozygotes souffrent d’une anémie hémolytique sévère qui réduit considérablement leur espérance (et leur qualité) de vie [16], [17]. La non expression des antigènes du groupe érythrocytaire Duffy (gène DARC), constituant normalement le récepteur à l’origine de la pénétration de Plasmodium vivax, représente un facteur de protection théoriquement absolu… mais certaines souches mutantes de parasites sont capables d’utiliser une autre porte d’entrée ! [17]. Dans les zones anciennement impaludées d’Océanie certains individus présentent une ovalocytose dite « mélanésienne » constituant une parade à l’encontre de Plasmodium falciparum [16], [17] . Les sujets homozygotes pour la mutation 32 du CCR5 sont « imperméables » à l’infection par le VIH [6]. Le statut non sécréteur au niveau du gène FUT2 a lui un effet protecteur à l’encontre de la diarrhée due au virus Norwalk [16]. Bien d’autres caractéristiques génétiques interviennent comme les types HLA ou certains antigènes de groupes érythrocytaires par exemple. Les chercheurs les traquent aujourd’hui en explorant le génome entier ou par approche exomique [6], [16]. Le paludisme, anciennement installé à l’état endémique dans les populations humaines, est probablement l’une des infections qui a le plus induit de pression sélective au sein de notre génome [17]. Les microbes s’adaptent de leur côté au travers du développement d’une résistance aux thérapeutiques par divers mécanismes génétiques (mutations, acquisition de plasmides chez les bactéries). De surcroît, les progrès des traitements médicaux ont engendré des situations à haut risque (sujets immunodéprimés à la suite de greffes ou de thérapies anticancéreuses) favorisant la multiplication d’infections dites « opportunistes » dues à Pneumocystis carinii ou Aspergillus fumigatus par exemple [8].
Impacts des grandes épidémies sur les communautés humaines
La peste noire du Moyen Âge avait considérablement déséquilibré les pays touchés, paralysé toute la vie sociale et les échanges commerciaux conformément à ce que nous vivons aujourd’hui. Les conséquences induites par les grandes épidémies sur les sociétés humaines sont toujours les mêmes au fil de l’histoire ; nous les observons également avec le COVID-19.
Réactions des populations
Les épidémies engendrent un climat de panique et de suspicion qui se propage plus rapidement que l’agent pathogène lui-même [18]. La diffusion de l’information à outrance par nos chaînes d’information en continu ainsi que les réseaux sociaux accroissent l’anxiété des populations. La pandémie de choléra du 19e siècle aux États-Unis où la presse était déjà très développée a engendré une véritable panique dans le pays [8]. Les individus fuyaient les villes. Lors du COVID-19, les images d’amoncellement de cercueils diffusées sur nos écrans de télévision, en particulier en provenance du nord de l’Italie, ont rappelé à moindre échelle les photographies prises lors de l’épidémie de grippe espagnole ou les représentations artistiques du temps de la peste noire. L’autre type de réaction est d’assigner des responsabilités et de trouver une cause au problème (« boucs émissaires »), tout ceci se répandant dans la population grâce à la rumeur (aujourd’hui via les réseaux sociaux) [19]. Les Juifs avaient été accusés de contaminer les puits lors de la peste de la période médiévale (conduisant à des persécutions et à des exécutions en masse). Cette épidémie comme bien d’autres avait été interprétée par certains comme une punition divine contre les péchés de l’humanité [8]. Les personnes au faciès asiatique avaient été mis à l’index lors de la peste de San Francisco en 1900, du SRAS en 2003… et aux premiers temps du COVID-19 [20]. Alors qu’au début des années 1980 la cause du SIDA était encore inconnue, la presse américaine accusait les Africains d’avoir eu des relations sexuelles avec des chimpanzés et les agents soviétiques soutenaient qu’il s’agissait d’un microbe issu d’un laboratoire de recherche des États-Unis5 . À l’époque, il régnait un climat important d’homophobie et l’accent avait été mis sur le patient « zéro », un steward gay d’une compagnie aérienne [18].
Réactions des pouvoirs publics et mesures sanitaires
Il est souvent difficile pour les autorités de prendre d’emblée la mesure du problème d’où une certaine lenteur à reconnaître la menace comme l’évoque élégamment Albert Camus dans La peste 6 [21]. Cela a été le cas pour le COVID-19 alors que de surcroît de nombreux spécialistes avaient pronostiqué une épidémie insignifiante. Lors des grands désastres sanitaires avec des taux de mortalité élevés l’ampleur des pertes humaines est souvent volontairement sous-évaluée ou carrément non communiquée7 . Face au COVID-19, nous nous sommes retrouvés tout aussi démunis (moyens de réanimation mis à part) que lors des grandes épidémies des temps passés, ne disposant d’aucun traitement médical efficace sur le plan préventif ou curatif. Notre stratégie s’est donc limitée à opposer des armes très anciennement connues comme le « confinement » ou la « quarantaine » [19]. Ironie de l’histoire, c’est dans le nord de l’Italie, durement frappé par le COVID-19, que furent mises en place les premières mesures coordonnées de santé publique dès la fin du Moyen Âge. Durant la pandémie de peste noire, la République de Venise avait constitué un conseil des sages (l’équivalent de notre comité d’experts scientifiques pour le COVID-19) et créé des lazarets, établissements d’isolement et de soin. Bien que l’on ne connaisse pas à cette époque le mode de transmission de ce mal et la notion de contagion, on procédait à une « mise à l’écart »8 des individus malades ou suspects de contamination. En 1377, la « trentaine » (« trenta » = 30) était instaurée : période d’isolement de trente jours avant la décharge des bateaux dans le port de Raguse (actuellement Dubrovnik) et la quarantaine (période de 40 jours) pour les déplacements terrestres [22]. Des cordons sanitaires sécurisés par des soldats avaient été érigés sur la frontière et au niveau de l’entrée des cités encore protégées par leurs fortifications afin de prévenir l’introduction de la peste. La situation économique était désastreuse du fait de l’arrêt de la production des biens et des échanges commerciaux. Les rues étaient désinfectées avec des branches incandescentes de genévrier, alors qu’on utilisait du sulfure pour les maisons, les meubles, et les couchages. Les rassemblements étaient interdits, les écoles et marchés fermés. Les malades étaient rassemblés dans des lieux situés en dehors des murs des villes [19] (modèle également appliqué à la tuberculose, « la grande peste blanche », avec la création des sanatoriums en Europe et Amérique du Nord entre 1880 et 1930). En 1423, c’est sur une île proche de Venise que l’on met en place l’un des premiers lazarets (station de quarantaine), système ensuite adopté partout ailleurs en Europe. Pendant plusieurs siècles la quarantaine sera appliquée de façon variable et fortement influencée par le contexte politique [22]. Pendant la peste en France, Colbert avait établi d’importantes mesures de santé publique : lieux de mise en quarantaine des équipages, nettoyage des logements de malades et cordon sanitaire pour isoler les zones touchées [8]. Durant un épisode de peste bubonique en 1900 à San Francisco, le quartier chinois avait été isolé et seuls les blancs étaient autorisés à entrer ou quitter cette zone (c’était sans compter sur la libre circulation des rats contaminés !) [20]. Lors du SRAS, épidémie véhiculée par des voyageurs aériens, l’OMS a utilisé les aéroports comme « filtres » pour la mise en quarantaine [8]. L’histoire de la pandémie grippale de 1918 montre qu’aux USA les villes qui avaient imposé les mesures les plus drastiques sur le plan de l’isolement des personnes, l’interdiction des rassemblements et l’application de la quarantaine étaient celles qui avaient le plus réduit la propagation de l’infection et le nombre des décès [23]. On peut penser que ces mesures adoptées en Chine puis partout dans le monde en 2020 ont eu un très fort impact pour limiter les méfaits du COVID-19. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité plusieurs milliards d’individus ont vécu simultanément plusieurs semaines en confinement.
Prises en charge médicales
Les polémiques sur les traitements et les essais thérapeutiques, les conseils charlatanesques circulant sur internet (comme les boissons chaudes) au cours de la pandémie à COVID-19 ne sont pas des situations nouvelles mais au contraire stéréotypées tout au long de l’histoire. Lors de la peste noire par exemple, il avait été proposé pêle-mêle comme remèdes un cocktail à base de plantes (la fameuse thériaque), des sécrétions animales (sang de vipère et bave de crapaud) et les inévitables saignées (qui précipitaient le décès !) [8]. Le mercure a été utilisé pour traiter la syphilis pendant plusieurs siècles jusqu’à ce qu’apparaisse la pénicilline. Son efficacité n’avait jamais été démontrée et sa toxicité était majeure [24] 9 ! Pour traiter la variole, le célèbre médecin anglais Sydenham (1624–1689) préconisait d’éviter tout chauffage au feu de bois dans la chambre des patients ; il fallait au contraire laisser constamment les fenêtres ouvertes, le thorax en dehors des couvertures et enfin boire abondamment de la bière [8]. C’était finalement moins dangereux que les injections d’eau de javel préconisées par le président des États-Unis pour éliminer le nouveau coronavirus !
Ces grandes épidémies ont très souvent ôté la vie à de nombreux soignants. Beaucoup de décès de médecins ont ainsi été documentés durant la peste du Moyen Âge en Europe, l’épidémie de fièvre jaune de Philadelphie en 1793, celle liée au virus Ebola en 2014 ou lors du SRAS et du COVID-19 [20]. Concernant ces deux dernières affections à coronavirus le parallèle est hélas tragique. Le Dr Carlos Urbani, expert des maladies infectieuses pour l’OMS à l’hôpital français d’Hanoï, qui avait été l’un des premiers à évoquer une nouvelle maladie face aux symptômes associés au SRAS (février 2003) est décédé de cette infection tout comme récemment son confrère Li Wenliang de l’hôpital de Wuhan a été emporté par le COVID-19 dont il avait, dès les prémices de l’épidémie, souligné la dangerosité.
Nos tenues de protection actuelles contre le COVID-19 rappellent celle des « médecins » de la peste utilisée aux 15e et 16e siècles qui comportait l’équivalent de notre masque ressemblant à un bec d’oiseau (contenant des herbes aromatiques ou des parfums destinés à éliminer les « miasmes » et les odeurs nauséabondes) avec lunettes, une longue blouse faite en tissu épais ou en cuir, des gants et un long bâton afin de maintenir la « distanciation sociale » (figure 1 ). Cet équipement aurait été conçu par Charles de Lorme, premier médecin du roi Louis XIII.
Figure 1.

Tenue d’un soignant (a) durant l’épidémie de peste noire à Rome au 17e siècle (gravure de Paul Fürst, 1656) et (b) lors de l’épidémie de COVID-19 en avril 2020 (cliché de l’auteur)
Conclusion et perspectives
La pandémie de COVID-19, si elle revêt un caractère exceptionnel dans notre époque de mondialisation à l’extrême, réunit cependant toute une série de caractéristiques décrites lors des grandes épidémies ayant frappé l’humanité dans le passé. Elle s’est développée en Extrême-Orient, zone de forte promiscuité avec certains animaux non habituellement domestiques, de grande condensation de population et d’intenses échanges aériens avec le reste du globe. Sa prise en charge est calquée sur des schémas connus depuis plusieurs siècles faute de thérapeutique efficace (quarantaine, confinement, distanciation des personnes, tenues de protection). On y a retrouvé comme dans le passé au cours des mêmes circonstances, empirisme, rumeurs, charlatanisme, recherche de boucs émissaires, plus la surmédiatisation propre à notre siècle. Cet épisode tragique nous donne plusieurs leçons qui doivent d’abord déboucher sur beaucoup plus d’humilité car nous restons, malgré toutes nos connaissances médicales, très vulnérables vis-à-vis de ces grandes menaces. La variole demeure la seule maladie infectieuse qui a été éradiquée jusqu’à présent [25] ; nous disposons de peu de molécules réellement actives dans les infections virales, la vaccination anti-grippale n’est pas systématiquement efficace, celles contre le paludisme ou le SIDA sont promises de longue date mais toujours pas sur le marché. La recherche sur les coronavirus n’a malheureusement pas été maintenue à distance de l’épisode du SRAS que l’on pensait sans lendemain. Il existerait 1031 particules virales sur notre planète [10]. À l’heure actuelle, on connaît environ 263 virus issus de 25 familles différentes qui sont capables d’infecter l’Homme mais on estime qu’il resterait à découvrir plus d’1,6 millions de virus hébergés par les mammifères et les oiseaux (dont plus de 600 000 seraient possiblement pathogènes pour notre espèce) [10]. La plus grande part du défi qui nous est posé, à côté de l’avancée de la recherche médicale, concerne des considérations écologiques, notre modèle économique et nos modes de vie. Sera-t-il possible demain de changer de paradigme sociétal et économique, de politique écologique, de comportements dans notre vie quotidienne ? La nécessité de replacer l’Homme dans sa dimension biologique en tenant compte de ses interactions avec les autres membres du règne animal et de l’environnement en général a donné naissance au concept One health [26]. Hommes et microbes ont leurs destins liés pour le pire en ce qui concerne les maladies infectieuses mais ils ont établi depuis bien longtemps un certain nombre de collaborations tout à fait indispensables (cf. encadré 1 ). Le scénario catastrophe d’une épidémie qui terrasserait la totalité de l’humanité est fortement improbable mais cela n’exclut pas la possibilité d’une pandémie à fort pouvoir létal dans l’avenir. Les experts ont prédit des épidémies destructrices qui ne se sont cependant jamais manifestées (grippe H1N1 en 1976, 2006 et 2009 par exemple) [20]. Le COVID-19, que certains spécialistes considéraient comme une « grippette », a tué « davantage que toutes les épidémies de grippe saisonnières, même les plus sévères, même les plus longues » (Jérôme Salamon, directeur général de la santé, communiqué du 27 avril 2020). La réponse face à la menace fait appel à une gouvernance et des infrastructures de qualité, une volonté politique, une communication adaptée, l’implication des sciences sociales, et un dispositif de recherche et développement optimal. L’épidémie de SRAS a été rapidement circonscrite grâce pour la première fois à la contribution d’internet permettant l’échange instantané et continu des données entre les autorités sanitaires des quatre coins de la planète [8]. Nous disposons de nouveaux outils technologiques de lutte contre les épidémies avec l’intelligence artificielle, la cristallographie (pour configurer la structure des virus et des anticorps), ou les plateformes de technologie vaccinale [26].
Encadré 1. La symbiose ou l’indispensable collaboration entre êtres humains et microbes.
On ne peut résumer la co-évolution entre êtres humains et microbes à un combat destructeur.
Ces deux protagonistes ont également mis en place un certain nombre de collaborations indispensables à leur survie. Ainsi une disparition des microbes entraînerait immanquablement celle des êtres humains !
Deux exemples très importants se doivent d’être cités. Le premier se retrouve dans notre génome. Comme c’est le cas pour la plupart des mammifères, notre capital génétique est constitué en partie par des séquences rétrovirales (environ 8 %12 ) dont l’intégration remonte à des millions d’années. Cette observation est loin d’être anodine puisque l’on doit entre autres à ces rétrovirus endogènes la formation du placenta [10]. On s’est également rendu compte que d’autres types de virus avaient également colonisé notre ADN avec des conséquences qui ne sont pas complètement déterminées. Le second exemple se situe au niveau du microbiote. Notre organisme contient environ dix fois plus de bactéries que de cellules. Ces microbes, surtout présents au niveau de notre tube digestif, assument un certain nombre de fonctions vitales comme la synthèse de certaines substances (vitamine K), la régulation du métabolisme (glycémie, stockage des graisses), le maintien en éveil de notre système immunitaire et la défense contre des pathogènes intestinaux exogènes par effet barrière [7], [28]. L’équilibre de cet écosystème peut être rompu (« dysbiose ») lors de mauvaises habitudes alimentaires, de traitements antibiotiques ou de certaines maladies (obésité par exemple). Le microbiote constitue actuellement une thématique phare de la recherche biomédicale.
Le COVID-19 sera-t-il un fléau transitoire à l’image de la suette [27], maladie probablement aussi d’origine virale (avec une symptomatologie voisine) qui avait brusquement surgi en Angleterre en 1485 puis a disparu en gardant tout son mystère ? Ce nouveau coronavirus deviendra-t-il un agent d’épidémies récurrentes10 ? Quelques mois après l’acmé de la pandémie de nombreux pays se trouvent confrontés à une recrudescence du nombre de cas (phénomène dit de « 2e vague »)11 . La course à la fabrication d’un vaccin efficace et bien toléré, seule solution face à ce défi de santé publique pour retrouver le monde « d’avant », est lancée. En attendant, il est important de bloquer la recirculation du virus en portant des masques, en respectant les gestes barrières et en bannissant les regroupements d’individus. Ce dernier point est capital en cette fin du mois d’août 2020 où reprennent des évènements culturels et sportifs qui avaient été totalement interrompus durant la période de confinement. En effet, l’histoire de la grippe espagnole nous révèle que lors de la 2e vague aux USA 10 000 décès avait été observés un mois après une parade ayant regroupé plus de 200 000 personnes à Philadelphie alors que dans la ville de Saint-Louis, où tous les rassemblements avaient été interdits, seulement 700 morts avaient été enregistrés (Centers for Disease Control and Prevention, https://www.cdc.gov/ncezid/dgmq/feature-stories/pandemic-flu-100).
Certains prédisent de grands changements dans nos sociétés pour la période post-crise. Les historiens pensent que la peste de Justinien aurait contribué à l’effondrement de l’empire byzantin et que la peste noire, mettant à mal la vision du monde par le prisme exclusif de la religion, aurait favorisé l’éclosion de la Renaissance [8]. La pandémie de COVID-19 doit conduire les sociétés humaines à réfléchir sur leurs modèles de développement pour les années qui viennent et à ne pas oublier que le combat contre les fléaux infectieux nous réserve de nouveaux challenges auxquels il faut se préparer avec modestie, détermination et inventivité.
Déclaration de liens d’intérêts
l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Remerciements
ce texte est dédié à la mémoire de Marc Labourdette.
Footnotes
En comparaison les gènes dédiés à la synthèse de protéines n’occupent seulement qu’1 % de notre ADN.
Pour Coronavirus disease 2019.
Les virus ne sont pas considérés comme des êtres vivants car ils sont dépendants de cellules pour leur multiplication.
À l’opposé d’autres maladies infectieuses comme la syphilis ont traversé l’Atlantique en sens inverse.
Curieusement cette citation reprise dans une multitude d’ouvrages est sujette à controverse et lorsqu’il fut interrogé à ce sujet l’intéressé lui-même n’avait plus souvenir d’avoir prononcé ces mots !
De même il a été dit que l’agent du COVID-19 se serait « échappé » d’un laboratoire de recherche de Wuhan.
Bien que l’accumulation de rats morts ait suscité rapidement l’inquiétude ce n’est qu’après une série d’hésitations que les autorités vont se résoudre à isoler la ville.
La grippe espagnole doit son nom au fait que seul ce pays non engagé dans la 1re guerre mondiale avait consenti à communiquer le nombre de décès en rapport avec cette infection.
La mise à l’écart en cas de lèpre est déjà évoquée dans l’Ancien testament.
À l’heure où l’on rédige ces lignes la polémique concernant la pertinence de l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans le COVID-19 n’est toujours pas réglée…
N’oublions pas que l’agent de la peste bubonique a été à l’origine d’épidémies en Europe du 14e au 18e siècle !
Ceci a également été observé en 1918 lors de l’épidémie de grippe espagnole.
Références
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