Le polysulfate de pentosan est le principal traitement de la douleur vésicale associée à la cystite interstitielle
La cystite interstitielle est un trouble chronique de la vessie qui cause une douleur pelvienne et des mictions fréquentes ou urgentes, avec une prévalence estimée de 2,7 %–6,5 % chez les femmes adultes1. Le polysulfate de pentosan peut agir comme un tampon entre l’épithélium vésical et les irritants; il s’agit du seul médicament oral approuvé par Santé Canada pour traiter la cystite interstitielle1. Il est généralement administré par voie orale en doses de 100 mg prises 3 fois par jour.
La maculopathie est associée à une utilisation prolongée du polysulfate de pentosan
Une vaste étude rétrospective a révélé une augmentation de la probabilité de maladie maculaire après une exposition cumulative de 7 ans au polysulfate de pentosan (rapport de cotes 1,41; intervalle de confiance à 95 % 1,09–1,83)2. Une étude transversale de 50 patients ayant été traités au polysulfate de pentosan a montré que 15 %–20 % d’entre eux manifestaient des signes de toxicité maculaire décelables à l’imagerie rétinienne. La prévalence de la maladie maculaire pouvait atteindre 50 % chez les patients dont la dose cumulative dépassait 1500 g3.
La maculopathie causée par le polysulfate de pentosan peut s’apparenter à la dégénérescence maculaire liée à l’âge
La maculopathie causée par le polysulfate de pentosan est associée à des difficultés de lecture et à des troubles de la vision dans des conditions de faible luminosité. Les patients qui en sont atteints obtiennent souvent des diagnostics de maladies plus fréquentes, comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge2.
La maladie maculaire peut poursuivre sa progression malgré l’arrêt du polysulfate de pentosan
On croit que la pathogenèse de la maculopathie liée au polysulfate de pentosan comprend une perturbation de la matrice extracellulaire entourant les photorécepteurs ou une toxicité directe de l’épithélium pigmentaire de la rétine2–4. On ne sait pas si l’évolution de la maladie est modifiée par l’interruption de la prise du médicament4. Des études de cas ont documenté la progression de la maculopathie jusqu’à 6 ans après la cessation de la prise du polysulfate de pentosan5.
Les patients exposés au polysulfate de pentosan qui rapportent des troubles de la vision devraient subir un dépistage ophtalmique
Les prescripteurs de polysulfate de pentosan et les fournisseurs de soins primaires devraient savoir que l’Association des urologues du Canada recommande ce dépistage5. Des études ophtalmiques récentes recommandent une ophtalmoscopie et une prise d’images initiales, particulièrement chez les patients dont l’exposition cumulative au polysulfate de pentosan dépasse 500 g, mais davantage de données probantes sont nécessaires pour affiner les lignes directrices de dépistage3,5.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.201900
Intérêts concurrents: Varun Chaudhary a siégé aux comités consultatifs de Novartis et de Bayer et a été consultant pour ces entreprises. Il touche des subventions de recherche parrainées par des chercheurs et participe à des essais cliniques financés par Novartis, Bayer et Allergan. David Sarraf a été consultant pour Amgen, Bayer, Genentech, Novartis et Optovue, et il reçoit des subventions de recherche d’Amgen, Genentech, Heidelberg Engineering, Optovue, Regeneron et Topcon. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Références
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