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. 2021 Oct 26;49(1):27–33. [Article in French] doi: 10.1016/j.encep.2021.08.012

Pandémie COVID-19 : impact psychosocial sur le personnel de santé en Tunisie

COVID-19 Pandemic: Psychosocial impact among healthcare professionals in Tunisia

MH Aoun a, R Ben Soussia a,b,c,, S Brahim a, I Betbout a, W Bouali a, A Hadj-Mohamed a, S Younes a, L Zarrouk a
PMCID: PMC8547967  PMID: 35725517

Abstract

Objectif

Déterminer l’impact psychoaffectif de la pandémie Covid-19 sur la santé mentale des professionnels de santé en Tunisie et estimer les facteurs associés.

Méthodes

Étude transversale, descriptive et analytique auprès des professionnels de santé en Tunisie. Les participants ont répondu à un questionnaire incluant deux échelles psychométriques, le GAD-7 (General Anxiety Disorder-7) et le PHQ-9 (Patient Health Questionnaire-9) pour évaluer la prévalence et l’intensité des symptômes anxieux et des symptômes dépressifs respectivement.

Résultats

L’étude a inclus 203 participants. Un tiers (34,3 %) a travaillé dans les départements comportant des patients Covid-19. Parmi tous les participants, 52,2 % ont déclaré que leur santé mentale a été altérée avec la pandémie de Covid-19 et seulement 4,4 % ont déclaré que leur santé mentale était devenue gravement insupportable. Parmi tous les professionnels, 37,5 % avaient des symptômes anxieux d’intensité modérée à grave et 35,5 % avaient des symptômes dépressifs d’intensité modérée à grave. Selon l’analyse multivariée, le sexe féminin était un facteur de risque de symptômes anxieux modérés à graves. Avoir un antécédent de trouble dépressif ou de trouble anxieux était un facteur de risque de survenue de symptômes dépressifs modérés à graves. La profession d’infirmier était le facteur le plus associé au développement de symptômes psychiatriques. Le fait de travailler dans les départements Covid-19 augmente le risque de développer des symptômes anxieux d’intensité grave.

Conclusion

Afin de garantir une meilleure prise en charge des patients, le dépistage précoce des troubles psychiatriques chez les professionnels de santé et la mise en œuvre de stratégies préventives sont des priorités au cours de la pandémie actuelle.

Mots clés: Pandémie Covid-19, Personnels de santé, Symptômes dépressifs, Symptômes anxieux, Dépression, Anxiété

1. Introduction

La pandémie à coronavirus (Covid-19) représente un bouleversement problématique et problématisant de la santé mondiale [1]. Cette pandémie a été à l’origine d’un confinement de populations entières, d’un nombre accru de patients sévèrement atteints et d’un accroissement gravissime de la mortalité globale [2]. La population générale n’est pas la seule vulnérable à subir une souffrance psychologique. Après le confinement et l’augmentation brutale de la morbidité et de la mortalité, le système sanitaire envisagerait une ascension de la prévalence des troubles psychiatriques, en particulier chez le personnel soignant [2]. En effet, le risque de contamination, la surcharge de travail, l’épuisement physique, la réorganisation des espaces de travail, l’adaptation à des organisations rigides de travail, le manque de matériaux de protection, la mortalité élevée des patients et la sensation de perte de contrôle sont tous pourvoyeurs d’une anxiété et d’une dépression chez les professionnels de la santé [3], [4], [5], [6], [7]. L’impact psychologique des épidémies et des pandémies sur la santé mentale des professionnels de la santé a été rapporté dans la littérature [2]. Lors des épidémies antérieures comme celle de SRAS en 2002 et de H1N1 en 2009 [8], [9], les professionnels de la santé ont révélé des sentiments d’extrême vulnérabilité, des symptômes somatiques, des symptômes cognitifs [8], des niveaux élevés d’anxiété et de dépression et une détresse psychologique à long terme [9], [10]. Par l’évaluation de la prévalence des troubles psychiques grâce à des échelles psychométriques [11], [12], [13], [14], au cours de ces épidémies, les infirmiers avaient présenté des symptômes anxieux intenses avec un risque surélevé de morbidité psychiatrique [15], [16]. Pendant les épidémies antérieures SRAS [17], MERS-Cov [18], Ebola [19], H1N1 [20], le personnel infirmier impliqué dans la prise en charge des patients atteints, a développé plusieurs symptômes psychiques [21]. Les infirmiers avaient rapporté des sentiments de solitude, d’anxiété, de peur, de fatigue et des troubles du sommeil [21]. D’autres études avaient montré que les médecins présentaient une vulnérabilité plus élevée à développer des troubles mentaux [22]. Parmi les caractéristiques rapportées lors des épidémies, la déstabilisation de la pratique clinique, l’augmentation de la charge du travail, le défaut de matériaux de protection, le sentiment de perte de contrôle et la crainte subséquente de déstabilisation potentielle des services de santé sont à l’origine de développement d’une anxiété et d’une dépression chez les professionnels de santé [3], [4], [5], [6], [7].

De rares études tunisiennes ont été publiées traitant la problématique d’impact psychosocial de la pandémie Covid-19 sur les professionnels de santé en Tunisie. Par conséquent, on a mené ce travail dont l’objectif était d’évaluer la santé mentale chez les professionnels de la santé, y compris les médecins, les infirmiers, les médecins dentistes et les pharmaciens pendant les mois de mai et juin 2020. L’étude a porté d’une part, sur l’évaluation de l’intensité des symptômes anxieux et dépressifs et d’une autre part, sur la détermination des facteurs associés au développement de ces symptômes.

2. Méthodes

Il s’agit d’une étude multicentrique, transversale, descriptive et analytique auprès des professionnels de santé réalisée du 2 mai 2020 au 30 juin 2020 en Tunisie. Les professionnels de la santé comprenaient des médecins, des infirmiers, des médecins dentistes et des pharmaciens. À l’aide d’un formulaire électronique « Google Form », un questionnaire a été établi, comportant 32 items. Ce questionnaire a été diffusé par les réseaux sociaux et les adresses mail. Ce questionnaire a exploré les antécédents psychiatriques, les données démographiques et la profession (infirmier, médecin, médecin dentiste, pharmacien). Pour la profession médecin, on a spécifié le grade : médecin senior (professeur agrégé, médecin assistant, médecin spécialiste et médecin généraliste) et médecin junior (médecin résident en spécialité médicale, en spécialité chirurgicale ou les médecins internes). On a également spécifié le lieu de travail ou la structure sanitaire (CHU (centre hospitalo-universitaire), hôpital régional ou cabinet privé). Par ailleurs, on a demandé aux professionnels s’ils ont travaillé dans les départements comportant des patients suspects ou infectés par le virus Covid-19. L’évaluation de la symptomatologie anxio-dépressive a été réalisée à l’aide de deux échelles psychométriques, la GAD-7 (General Anxiety Disorder-7) [11] et la PHQ-9 (Patient Health Questionnaire-9) [12], [13] pour estimer respectivement l’intensité des symptômes anxieux, des symptômes dépressifs. Dans l’étude descriptive, les scores totaux de ces échelles psychométriques ont été interprétés de la façon suivante :

  • l’échelle GAD-7 : des symptômes anxieux d’intensité minime (Score de 0 à 4). Un score supérieur ou égal 5 était en faveur de la présence d’une anxiété possible, précisément des symptômes anxieux d’intensité légère (Score de 5 à 9), des symptômes anxieux d’intensité modérée (Score de 10 à 14) et des symptômes anxieux d’intensité grave ou sévère (Score de 15 à 21) [12], [13], [14] ;

  • l’échelle PHQ-9, des symptômes dépressifs d’intensité minime (Score de 0 à 4). Un score supérieur ou égal 5 était en faveur de la présence de dépression possible notamment, des symptômes dépressifs d’intensité légère (Score de 5 à 9), des symptômes dépressifs d’intensité modérée (Score de 10 à 14), des symptômes dépressifs d’intensité modérément grave (Score de 15 à 19) et d’intensité grave (Score de 20 à 27) [12], [13], [14].

Concernant l’étude analytique, on a ajouté 3 autres classifications : un participant ayant un score à l’échelle GAD-7 entre 10 et 21 était classé comme ayant des symptômes anxieux modérés à sévères. Un professionnel ayant un score à l’échelle PHQ-9 entre 10 et 27 était retenu comme ayant des symptômes dépressifs modérés à graves alors qu’un score entre 15–27 était en faveur de symptômes dépressifs graves.

L’analyse statistique a été réalisée à l’aide du logiciel statistique « Statiscal Package for Social Sciences 21.0 version » (SPSS Inc., Chicago, IL, États-Unis). Pour les variables qualitatives, on a déterminé les fréquences relatives et absolues. Les variables quantitatives ont été déterminées en utilisant les moyennes et les écarts types. Pour l’analyse univariée entre les groupes des professionnels avec ou sans trouble psychique, le test de Chi2 et le test de Fisher ont été utilisés pour comparer deux fréquences. Pour la comparaison de deux moyennes, le test-t de Student et le test U de Mann Whitney ont été utilisés. L’analyse multivariée par régression logistique a été effectuée. Les coefficients de corrélation de Pearson ont été également calculés. Le seuil de significativité a été fixé à 5 %.

3. Résultats

3.1. Caractéristiques générales de la population d’étude

Parmi 208 participants ayant répondu au questionnaire, 5 participants ont répondu de façon incomplète et n’ont pas été inclus par la suite. L’étude a inclus alors 203 professionnels de la santé ayant répondu complètement au questionnaire. Les professionnels étaient majoritairement des femmes 69,5 % d’âge moyen égal à 30,74 ± 6,33 ans avec des extrêmes allant de 24 à 62 ans. La tranche d’âge la plus prédominante était de 24 à 30 ans dans 70 % des cas. Parmi la totalité des professionnels, 11,8 % avaient un antécédent psychiatrique à type de trouble dépressif ou de trouble anxieux. La majorité des professionnels étaient des médecins 77,8 % et 9,4 % des participants étaient des infirmiers. Concernant la répartition des médecins selon les grades, 21,5 % étaient des médecins seniors et 78,5 % étaient des médecins juniors. La majorité des participants travaillent dans les CHU 84,2 %. Un tiers des participants, (34,3 %) ont travaillé dans les départements comportant des patients Covid-19 avec des taux respectifs de 57 % pour les infirmiers et de 36 % pour les médecins. Les médecins dentistes et les pharmaciens n’ont pas travaillé dans les circuits Covid-19 (Tableau 1 ).

Tableau 1.

Caractéristiques générales et cliniques de la population d’étude.

Paramètres Effectif/Moyenne Pourcentage
Âge moyen : 30,74 ± 6,33 [24–62]
 [24–30] 50 24,6 %
 [31–40] 142 70 %
 [>40] 11 5,4 %
Sexe :
 Hommes 62 30,5 %
 Femmes 141 69,5 %
Antécédent personnel psychiatrique de trouble dépressif ou trouble anxieux :
 Oui 24 11,8 %
 Non 179 88,2 %
Profession :
 Médecins 158 77,8 %
  Médecins séniors 34/158 21,5 % des médecins
  Médecins juniors 124/158 78,5 % des médecins
 Infirmiers 19 9,4 %
 Médecins dentistes 15 7,4 %
 Pharmaciens 11 5,4 %
Le lieu de travail :
 CHU 171 84,2 %
 Hôpital régional 22 10,8 %
 Cabinets privés 10 4,9 %
Travail dans les circuits Covid-19
 Oui 70 34,3 %
  Infirmiers 11/19 57 %
  Médecins 58/158 36 %
 Non 133 65,7 %
Symptômes anxieux Effectif Fréquence
 Prévalence
  Oui 156 76,8 %
  Non 47 23,2 %
 Intensité des symptômes :
  Symptômes minimes 47 23,2 %
  Symptômes anxieux légers 84 41,4 %
  Symptômes anxieux modérés 53 26,1 %
  Symptômes anxieux graves 19 9,4 %
Symptômes dépressifs Effectif Fréquence
 Prévalence
  Oui 76 37,4 %
  Non 127 62,6 %
 Intensité des symptômes :
  Symptômes minimes 45 22,1 %
  Symptômes légers 82 40 %
  Symptômes dépressifs modérés 47 23,2 %
  Symptômes dépressifs modérément graves 20 9,9 %
  Symptômes dépressifs graves 9 4,4 %

3.2. Évaluation des répercussions psychoaffectives

Parmi la totalité des professionnels de santé participants à l’étude, 86,7 % ont déclaré que la pandémie actuelle de coronavirus Covid-19 a eu un impact néfaste sur leur santé mentale et 16,7 % ont estimé que cet impact était grave. Parmi tous les participants, 52,2 % ont déclaré que leur santé mentale a été altérée après la pandémie de Covid-19 et seulement 4,4 % des participants ont déclaré que leur santé mentale était devenue gravement insupportable.

Suite à l’évaluation psychométrique à l’échelle GAD-7, le score moyen étant de 8,08 ± 4,45. Des symptômes d’anxiété généralisée étaient présents chez 76,8 % des professionnels, dont l’intensité était modérée dans 26,1 % des cas et grave dans 9,4 % des cas (Tableau 1).

Concernant la dépression, le score moyen à l’échelle PHQ-9 était égal à 8,62 ± 5,35, des symptômes dépressifs étaient notés chez 37,4 % des professionnels, dont l’intensité était modérée dans 23,2 % des cas et grave dans 4,4 % des cas. Parmi la totalité des professionnels, 35,5 % ont exprimé des symptômes dépressifs d’intensité modérée à grave (Tableau 1).

3.3. Étude analytique

3.3.1. Analyse univariée

Une corrélation positive et significative a été révélée entre les deux scores des échelles psychométriques, GAD-7 et PHQ-9 (r = 0,70 ; p  < 0,0001*) donc plus l’un des deux scores est élevé, plus l’autre sera élevé.

L’âge n’avait pas une influence sur les différents scores. Par contre, les femmes ont exprimé plus de symptômes anxieux (p  = 0,009). Les participants ayant des antécédents psychiatriques de dépression ou de trouble anxieux avaient des scores significativement plus élevés de symptômes anxieux (p  = 0,01*) et de symptômes dépressifs (p  < 0,001*). Concernant le travail dans les départements Covid-19, aucune différence significative n’a été retrouvée entre les deux groupes en termes de scores aux échelles psychométriques. Par ailleurs, des corrélations significatives ont été retrouvées entre la profession et les scores : les deux scores psychométriques des infirmiers étaient significativement plus élevés et de gravité plus sévère par rapport aux autres professionnels notamment celui évaluant les symptômes anxieux (p  = 0,04*) et celui évaluant les symptômes dépressifs (p  = 0,001*). Les médecins dentistes avaient des scores psychométriques de symptômes dépressifs significativement plus élevés (p  = 0,001*).

Par l’analyse univariée, nous avons établi que le fait d’avoir un antécédent psychiatrique de trouble dépressif ou de trouble anxieux était associé significativement au développement de symptômes anxieux d’intensité modérée à sévère (p  = 0,04*, OR 2,40, IC [1,01–5,68]). Les professionnels ayant ce facteur, avaient aussi 6,25 fois plus de risque à développer des symptômes dépressifs modérés à graves (p  < 0,0001, OR 6,25, IC [2,35–16,61] et presque trois fois plus de risque à éprouver des symptômes dépressifs graves (p  = 0,05, OR 2,93, IC [1,09–7,88]).

La profession d’infirmier était la profession la plus prédisposée à avoir des troubles psychiques. En effet, cette catégorie de professionnels avait des odds ratio élevés pour la survenue de symptômes anxieux d’intensité modérée à grave (p  = 0,01, OR 3,39, [1,26–9,13]), de symptômes anxieux d’intensité grave (p  = 0,02, OR = 3,98, IC [1,23–12,81]), de symptômes dépressifs d’intensité modérée à grave (p  = 0,002, OR = 4,41, IC [1,58–12,28]), de symptômes dépressifs d’intensité grave (p  = 0,02, OR = 3,82, IC [1,28–11,39]). Les différents résultats de l’analyse univariée sont détaillés dans les Tableau 2, Tableau 3 .

Tableau 2.

Comparaison des moyennes des scores psychométriques.

Paramètres cliniques et scores psychomé-triques Sexe Présence d’antécédent de trouble dépressif ou trouble anxieux Profession
Femmes (141) Hommes (62) p Oui (24) Non (179) p Infirmiers (19) Médeci-ns (158) Médecins dentistes (15) Pharmaciens (11) p
GAD-7 8,62 ± 4,29 6,85 ± 4,58 0,009* 10,08 ± 5,28 7,81 ± 4,27 0,01* 10,84 ± 4,64 7,80 ± 4,38 7,80 ± 5,10 7,73 ± 2,76 0,04*
PHQ-9 8,84 ± 4,92 8,10 ± 6,24 0,36 12,79 ± 5,15 8,06 ± 5,14 ≤ 0,001* 12,42 ± 6,25 7,92 ± 4,91 10,93 ± 7,20 8,82 ± 3,76 0,001*
Tableau 3.

Les résultats de l’analyse univariée : facteurs cliniques associés au développement des symptômes psychiatriques.

Paramétres Symptômes anxieux d’intensité modérée à grave Symptômes anxieux d’intensité grave Symptômes dépressifs d’intensité modérée à grave Symptômes dépressifs d’intensité grave Symptômes du TSPT
Antécédent psychiatrique de trouble dépressif ou de trouble anxieux :
Oui
p = 0,04*
OR = 2,40*
IC (1,01–5,68)
p < 0,0001*
OR = 6,25*
IC (2,35–16,60)
p = 0,05*
OR = 2,93*
IC (1,09–7,88)
Travailler dans les départements Covid-19
Oui
p = 0,02*
OR = 2,98
IC (1,14–7,82)
Profession
 Infirmiers p = 0,01*
OR = 3,39*
IC (1,26–9,13)
p = 0,02*
OR = 3,98*
IC (1,23–12,81)
p = 0,002*
OR = 4,41*
IC (1,58–12,28)
p = 0,02*
OR = 3,82*
IC (1,28–11,39)
p = 0,006*
OR = 3,63*
IC (1,37–9,61)
 Médecins dentistes p = 0,02*
OR = 4,14*
IC (1,26–13,57)

3.3.2. L’analyse multivariée

L’analyse multivariée pour chaque trouble psychique a été effectuée avec la méthode régression logistique. La régression logistique a inclus chacun des troubles psychiques (symptômes anxieux d’intensité modérée à grave, symptômes anxieux d’intensité grave, symptômes dépressifs modérés à graves et symptômes dépressifs d’intensité grave) comme variable indépendante et les variables explicatives suivantes : l’âge, le sexe, l’antécédent personnel de trouble anxieux ou de trouble dépressif, travailler dans les départements Covid-19, la structure sanitaire et la profession. Les variables retenues après régression logistique avec les symptômes anxieux d’intensité modérée à grave étaient le sexe féminin (p  = 0,04), le fait de travailler dans les départements Covid-19 (p  = 0,03), la profession d’infirmier (p  = 0,02). En outre, il y avait une corrélation non significative entre le développement de symptômes anxieux d’intensité modérée à grave et la profession de médecin (p  = 0,09). Aucune variable n’a été significativement associée au développement de symptômes anxieux d’intensité grave en dehors de corrélations non significatives constatées avec la profession d’infirmier (p  = 0,08) et le fait de travailler dans les départements Covid-19 (p  = 0,08). Une relation significative a été établie entre le développement de symptômes dépressifs d’intensité modérée à grave avec l’antécédent de trouble dépressif ou de trouble anxieux (p  = 0,001) et la profession d’infirmier (p  = 0,01). Une corrélation non significative a été observée avec la profession de médecin (p  = 0,06). Concernant les symptômes dépressifs d’intensité grave, les facteurs de risque retenus étaient : l’antécédent de trouble dépressif ou de trouble anxieux (p  = 0,04) et les professions de médecin (p  = 0,02) et de médecin dentiste (p  = 0,006). Ainsi, selon l’analyse multivariée, le sexe féminin était un facteur de risque de développement de symptômes anxieux modérés à graves. Avoir un antécédent de trouble dépressif ou de trouble anxieux était un facteur de risque de survenue de symptômes dépressifs modérés à graves. La profession d’infirmier était le facteur le plus associé aux troubles psychiques. Le fait de travailler dans les départements Covid-19 augmente le risque de développer des symptômes d’anxiété grave. Les différents résultats de l’analyse bivariée sont détaillés dans le Tableau 4 .

Tableau 4.

Analyse multivariée : facteurs cliniques associés au développement des symptômes psychiatriques.

Symptômes anxieux modérés à graves Symptômes anxieux grave
Symptômes dépressifs modérés à graves
Symptômes dépressifs graves
p p p p
Âge 31–40 ans 0,56 0,74 0,32 0,87
Sexe féminin (oui) 0,04* 0,32 0,66 0,42
Antécédent psychiatrique de trouble dépressif ou de trouble anxieux (oui) 0,10 0,45 0,001* 0,04*
Travailler dans les départements Covid-19 0,03* 0,08 0,64 0,16
Médecins 0,09 0,40 0,06 0,02*
Infirmiers 0,02* 0,08 0,01* 0,19
Médecins dentistes 0,64 0,85 0,29 0,006*

4. Discussion

L’étude présente a inclus 203 professionnels de santé. La plupart des participants étaient des femmes, âgées de 24 à 30 ans, n’ayant pas d’antécédent psychiatrique, médecins et travaillant dans les CHU. Parmi la totalité des personnels de santé, la prévalence de symptômes dépressifs d’intensité modérée à sévère et de symptômes anxieux d’intensité modérée à sévère était plus élevée par rapport aux résultats d’autres études publiées : pour les symptômes dépressifs : 35 % versus 5,3 % [23] et 28,6 % [24] et pour les symptômes anxieux : 37,5 % versus 8,7 % [23] et 28,6 % [24]. Cette différence de résultat peut être expliquée par le fait que notre étude a été réalisée à la période de mai et juin 2020, la période où il y avait une ascension plus importante du nombre de cas confirmés et du nombre de décès par jour dans le monde par rapport aux autres études faites au mois de février à avril 2020. Parmi les résultats pertinents de notre étude, les corrélations positives et significatives trouvées entre les deux scores des échelles psychométriques, GAD-7 et PHQ-9 (r = 0,70 ; p  < 0,0001*) donc plus l’un des deux scores est élevé, plus l’autre sera élevé. Cette corrélation montre la nécessité de dépister les symptômes dépressifs chez les professionnels de santé qui présentent des symptômes anxieux et vice versa. Les femmes ont exprimé des symptômes anxieux plus importants, en effet le sexe féminin était un facteur de risque de survenue de symptômes anxieux modérés à graves. Ceci a été retrouvé par plusieurs études notamment les travaux de Lai et al., [25]. Les participants ayant des antécédents psychiatriques de dépression ou de trouble anxieux avaient des scores significativement plus élevés sur les échelles psychométriques dépistant les symptômes d’anxiété et de dépression. Le fait d’avoir un antécédent de trouble dépressif ou de trouble anxieux était un facteur de risque de survenue de symptômes dépressifs d’intensité modérée à sévère avec un odds ratio égal à 6,25 (IC 95 % [2,35–16,60]) et même des symptômes dépressifs sévères (OR 2,93 ; IC 95 % [1,09–7,88]). Ce facteur de risque a été décrit lors de précédentes épidémies comme celle de SARS-COV1 comme étant associé à la survenue d’une dépression avec un odds ratio égal à 5,6 (IC 95 % [1,3,9]) [7], [26]. Dans notre échantillon, les infirmiers avaient des scores significativement plus élevés et de gravité plus sévère sur les deux échelles psychométriques par rapport aux autres professionnels (GAD-7 et PHQ-9). La profession d’infirmier était le facteur le plus associé aux troubles psychiques, en effet il était un facteur de risque pour l’apparition de symptômes dépressifs modérés à sévères, de symptômes anxieux modérés à sévères. Effectivement, les infirmiers sont les plus exposés aux patients atteints d’une infection à Covid-19 et travaillant plus d’heures que d’habitudes. Ces résultats sont concordants avec ceux rapportés dans la littérature [25], [27], [28]. La profession de médecin également, était un facteur de risque au développement de symptômes dépressifs sévères et des symptômes anxieux modérés à sévères. En effet, une revue de la littérature récente [7] a montré l’apparition de ces troubles psychiques chez les professionnels de santé. Parmi les signes prodromiques rapportés de la dépression dans la littérature nous citons l’insomnie, l’anxiété et les états de stress [7], [26]. Figurant sur la liste des métiers à haut risque d’exposition patients Covid-19, les médecins dentistes devraient présenter une anxiété sévère pendant cette pandémie [29]. Dans notre étude, la profession de médecin dentiste était un facteur de risque pour le développement de symptômes dépressifs sévères. Les médecins dentistes, d’une part, travaillent en contact étroit avec les patients et d’une autre part, ils sont exposés aux sécrétions buccales du patient [30], [31]. Ainsi, les médecins dentistes ont un risque élevé de devenir atteint d’une infection Covid-19 et de diffuser le virus à leurs familles et à d’autres patients [32]. Par conséquent, comme toute profession à haut risque d’exposition, les personnels auraient plus de symptômes d’anxiété et de dépression [7], [25]. Dans l’étude présente, le fait de travailler dans les départements Covid-19 était un facteur de risque de développement de symptômes anxieux modérés à sévères. Dans leur étude, Lai et al., [25] ont établi que travailler dans les départements Covid-19 était non seulement un facteur de risque de développement d’une anxiété généralisée mais aussi d’une dépression, d’une insomnie et d’un stress professionnel [25].

Parmi les limites de notre travail, nous citons le fait que le questionnaire était sur ligne, mais ceci a été dans le but d’éviter tout risque de contamination et de diffusion du virus Covid-19. Notre échantillon était non représentatif de la population étudiée, vu la participation volontaire des sujets, notamment la sur représentation des internes et le petit effectif des infirmiers, ainsi une généralisation n’est pas possible. Nous n’avons pas évalué le fait que les participants aient contracté le virus ou non. Nous n’avons pas abordé les conduites addictives et les conduites suicidaires, qui sont deux complications fréquentes des troubles dépressifs.

L’optimisation de la prévention, la création de traitement spécifique, la promotion de l’éducation sanitaire et des règles d’hygiène spécifique participeraient à améliorer la santé mentale des professionnels de santé. Des mesures de soutien psychologique pour garantir santé mentale devraient être établies rapidement, comme le cas des expériences précédentes [3], [9] ceci pour assurer la continuité et l’efficacité des soins. L’institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) [33] a fait une revue de la littérature concernant les mesures à mettre sur les terrains hospitaliers en cas de pandémie comme la pandémie actuelle. Les mesures ont été partagées entre le gouvernement, les établissements et les personnels de santé [33]. Parmi les mesures rapportées dans cette revue, nous citons :

  • des activités de communication publique ;

  • l’optimisation des compétences par des formations et des webinaires ;

  • lutter contre l’épuisement professionnel (une organisation de pauses avec une rotation des professionnels.) ;

  • les rencontres des professionnels pour le partage d’expériences, de décisions et des solutions créatives ;

  • la nécessité d’évaluer l’état physique ou mental des personnels de santé ;

  • une formation concernant la prévention et la détection de signes de détresse chez les professionnels de santé ;

  • un protocole de support psychologique individuel [33].

La santé mentale des femmes, des infirmiers, des personnels travaillant dans les départements Covid-19 mérite une attention particulière pour un dépistage précoce des troubles psychiatriques. Les présents résultats soulignent la nécessité de poursuivre les études autour de ce sujet.

5. Conclusion

La pandémie COVID-19 s’avère avoir un impact néfaste sur la santé mentale des infirmiers, des médecins dentistes et des médecins particulièrement les femmes, ceux ayant un antécédent de troubles anxieux ou dépressifs et ceux travaillant dans les départements Covid-19. Ainsi le dépistage précoce des troubles psychiatriques et la mise en œuvre de stratégies spécifiques pour garantir une meilleure santé mentale des professionnels de santé sont des priorités non seulement au cours de la pandémie actuelle mais aussi dans l’éventualité d’une prochaine pandémie semblable afin de garantir une meilleure prise en charge des patients.

6. Qu’est ce qui est connu sur ce sujet

La survenue d’épisodes dépressifs caractérisés, de symptômes anxieux, d’une altération de la qualité du sommeil, d’une majoration de la consommation d’alcool, voire de son mésusage, font partie des autres risques de souffrance psychique retrouvés chez les soignants pendant cette pandémie COVID-19.

7. Qu’est-ce que notre étude apporte de nouveau

Ces résultats nous incitent à optimiser la prévention, à créer des traitements spécifiques, à promouvoir l’éducation sanitaire et les règles d’hygiène spécifique afin d’améliorer la santé mentale des professionnels de santé.

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Contributions des auteurs

Tous les auteurs sus-cités ont contribué à la réalisation de ce travail.

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