Les anticonvulsivants sont associés à un risque accru de malformations congénitales majeures
L’utilisation d’anticonvulsivants s’est répandue; en effet, 90 % des patientes en prennent pour traiter une maladie psychiatrique ou des douleurs1. L’exposition in utero à ces agents est associée à un risque de malformations congénitales majeures de 2 à 5 fois plus grand qui varie d’un médicament à l’autre. Le risque est moindre (2 %–3 %) avec la lamotrigine, le lévétiracétam et l’oxcarbazépine et plus élevé avec le valproate (5 %–15 %), surtout lorsqu’il est pris avec d’autres anticonvulsivants2.
Le recours à la plus faible dose efficace est un important élément de la planification de la grossesse
Avec nombre d’agents, le risque de tératogénicité est proportionnel à la dose2. Le risque de malformations congénitales majeures est plus grand au cours du premier trimestre de la gestation, surtout durant l’organogenèse (3–8 semaines). S’il est impossible de cesser les anticonvulsivants sans danger, une consultation préconceptionnelle avec un spécialiste pourrait aider à déterminer la plus faible dose efficace pour le plus petit nombre d’anticonvulsivants ayant le plus faible potentiel tératogène2.
On recommande la prise d’acide folique chez les personnes qui prennent des anticonvulsivants
Les personnes enceintes qui prennent des anticonvulsivants exposent leur bébé à un risque accru d’anomalies du tube neural, mais la prise d’acide folique avant la grossesse atténue ce risque (risque relatif 0,28; intervalle de confiance à 95 % 0,12–0,71)3. Toute personne traitée par anticonvulsivants qui pourrait potentiellement tomber enceinte devrait aussi prendre 1 mg d’acide folique par jour, voire jusqu’à 4–5 mg par jour en présence d’un risque accru d’anomalie du tube neural2.
Les changements physiologiques amenés par la grossesse modifient les taux sériques des médicaments
Étant donné que la grossesse est associée à une élimination accrue de certains anticonvulsivants (p. ex., lévétiracétam, lamotrigine et oxcarbazépine) et qu’une baisse de 35 % ou plus des taux sanguins de ces agents peut nuire à leur efficacité contre les épisodes convulsifs en cours de grossesse4, il faut en contrôler les taux sériques au moins 1 fois par trimestre, ou plus souvent selon l’indication clinique (p. ex., si la fréquence des épisodes convulsifs change ou en cas d’effets indésirables).
La prise d’anticonvulsivants pendant l’allaitement est sûre
Même s’il existe un risque théorique d’exposition aux anticonvulsivants lors de l’allaitement, aucun effet indésirable n’a été observé dans ce contexte2. Une étude menée auprès de 181 nourrissons a plutôt révélé que les enfants exposés durant l’allaitement présentaient à l’âge de 6 ans une intelligence supérieure et une meilleure aptitude pour les langues5.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.210065
Intérêts concurrents: Aucun déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Références
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