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. 2022 Jun 1;100(6):423–427. [Article in French]

L’expérimentation médicale sur les prisonniers (partie 1): les évènements historiques marquants

Medical experimentation on prisoners (part 1): historical milestones

Meriem Gaddas 1, Tasnim Masmoudi 2, Maher Jedidi 2, Helmi Ben Saad 1,3
PMCID: PMC9585612  PMID: 36206060

Résumé

L’exploitation des prisonniers dans la recherche médicale est un phénomène ancien. Toutefois, l’histoire du XXème siècle a été marquée par des évènements majeurs ayant atteint l’apogée de l’horreur au décours de la seconde guerre mondiale. Bien que l’esprit collectif ait gardé en mémoire les outrances du régime Nazi, la vérité est que ces pratiques étaient adoptées par la majorité des puissances militaires de l’époque et étaient poursuivies après la fin de la guerre. Cette note d’histoire est la première d’une série qui vise à passer en revue les circonstances et les implications de ces moments sombres qui ont entaché l’histoire de la recherche médicale afin de rendre hommage aux innombrables victimes qui ont payé de leur vie « le progrès scientifique » et pour comprendre les raisons des considérations éthiques actuelles en matière d’expérimentation biomédicale sur les personnes privées de liberté.

Mots Clés: Prisonnier, Recherche médicale, Seconde guerre mondiale

Introduction

Le prisonnier est « toute personne qui est confinée involontairement ou retenue dans une institution pénale » (1). L’exploitation des prisonniers dans le domaine de la recherche médicale est un phénomène ancien ( 2, 3 ). Bien que les médecins et les chercheurs soient aujourd’hui plus ‘avisés’ des droits des personnes incarcérées, la réalité est que la recherche médicale avait depuis toujours su tirer ‘profit’ de l’environnement carcéral (3 ). Le recours aux prisonniers date d’avant l’ère Persique (2, 3 ). Dans l’empire Romain, les médecins se servaient des prisonniers de guerre pour confectionner et tester de nouveaux poisons (3 ). Au cours du XVIIIémesiècle, en Europe, les captifs de guerre étaient prédestinés à être inoculés avec les maladies vénériennes, typhoïde et tout autre type de fièvre ou de cancers (3 ). Plus tard, au milieu du XXémesiècle, les expérimentations du régime Nazi se sont démarquées par leur ampleur et le degré de leur atrocité (3 ).

L’environnement carcéral a toujours été considéré comme attractif pour y entreprendre de l’expérimentation médicale : « les prisons représentent le lieu idéal pour la recherche : l’environnement et la population y sont stables, l’imposition de règles même strictes du protocole expérimental n’est pas un réel obstacle, mais c’est surtout beaucoup moins cher » (3 ). L’histoire nous apprend qu’après la fin de la seconde guerre mondiale et ce qui s’en est suivi d’atrocités commises surtout en Europe, la recherche médicale avait beaucoup fleuri aux USA en dépit d’un cadre législatif devenu de plus en plus restrictif par rapport aux pratiques anciennes, alors qu’en Europe, le traumatisme toujours présent dans les esprits avait contribué à un « freinage » voir à une abolition de ce type de pratiques.

L’objectif de cette note d’histoire est de retourner sur les moments sombres qui ont entaché l’histoire de la recherche médicale afin de rendre hommage aux innombrables victimes qui ont payé de leur vie le « progrès scientifique » et pour comprendre les raisons des considérations éthiques actuelles en matière d’expérimentation biomédicale sur les personnes privées de liberté.

Les événements historiques marquants du début du XXème siècle et avant la seconde guerre mondiale : l’expérience Américaine

Les événements historiques marquants du début du XXème siècle et avant la deuxième guerre mondiale sont caractérisés par des essais disparates, localisés essentiellement aux USA, et ayant concerné un nombre restreint d’individus. Trois évènements importants sont à décrire.

Prison du Manilla: 1906

Le Dr. STRONG avait infesté des condamnés à mort avec du sérum contenant la bactérie du Choléra (4 ). Treize décès étaient attribués à une « erreur de préparation du sérum » (4 ). Les prisonniers ont eu des cigares comme compensations pour leur participation, et le Dr. STRONG était promu Professeur à l’université de Harvard (4 ).

Prison du Mississippi: 1915

Le Dr. GOLDBERGER a instauré la pellagre, qui est une malnutrition sévère pouvant entrainer la mort, chez une douzaine de prisonniers ‘consentants’ (5 ). L’objectif était de vérifier l’hypothèse de la survenue possible de cette maladie chez les hommes blancs (5 ). Les participants ont eu la promesse de remise de peine à la fin de l’étude (5 ).

Prison de la Californie: 1918

Le Dr. STANLEY avait procédé à des transplantations de testicules issus de condamnés à mort chez des hommes séniles ou ‘dévitalisés’ (4 ). Les résultats étaient jugés significativement positifs concernant les symptômes relatifs à « l’asthénie générale avec reprise de la stimulation sexuelle ». De plus, la technique adoptée était qualifiée de « pratiquement indolore et sans effets indésirables » (4 ). En 1920, le protocole du Dr. STANLEY s’est développé à vouloir injecter des extraits de testicules animales dans ceux des receveurs humains (des prisonniers en l’occurrence) (4 ). Les résultats étaient publiés dans la prestigieuse revue scientifique de l’époque ’Endocrinology’ (4 ).

Les événements historiques marquants de la seconde guerre mondiale

Le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau (Pologne)

Le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau (Pologne) est le plus grand et le plus terrible parmi tous les camps du régime Nazi (6, 7). Le nombre approximatif des victimes décédées recensées s’élèverait à 15754 (7). Le nombre des survivants ayant gardé des infirmités est de loin plus important (7).

L’hôpital d’Auschwitz, qui est annexé au camp, servait à des expériences peu coûteuses pour la médecine allemande et avait pour but d’être entre autres un lieu d’isolement en cas d’épidémies. Mais dans « cette immense fourmilière d’hommes », les épidémies se propageaient rapidement (6 ). Les moyens les plus brutaux furent employés en cas de contagion. Par exemple, si le typhus exanthématique se déclarait, tous les malades étaient gazéifiés (6 ). Dans cet hôpital, la vie de centaines de malades était le prix d’expériences sur l’efficacité de toutes sortes de médicaments produits par des firmes allemandes. Ces expérimentations étaient de différentes natures et neuf exemples seront cités dans les paragraphes suivants.

i) Dans le but de mettre au point une méthode de guérir les personnes fortement attaquées par les effets du froid, les chercheurs immergeaient des prisonniers, pour trois heures, dans des cuves d’eau glacée, ou les exposaient nus, en plein air et pendant de longues heures, à une température inférieure à 0°C (6 ).

ii) Pour connaître les limites de l’endurance de l’homme et sa capacité de vivre à de très grandes altitudes, des prisonniers furent enfermés dans des enclos à pression très basse (6 ).

iii) Pour expérimenter l’efficacité de différents médicaments, les chercheurs inoculaient la malaria à des prisonniers (6 ).

iv) Afin de découvrir la meilleure méthode thérapeutique à employer, les chercheurs blessaient les prisonniers et soumettaient leurs plaies à l’action de différentes molécules (6 ).

v) Outre les bactéries pyogènes, celle du tétanos ou de la gangrène gazeuse, les chercheurs introduisaient de la sciure de bois ou du verre pulvérisé, afin d’aggraver l’infection et d’étudier ensuite l’efficacité des sulfamides et d’autres médicaments (6 ).

vi) Les chercheurs prélevaient des morceaux d’os, de muscles, de nerfs, à des détenus pour les greffer à un autre groupe et étudiaient ainsi les mécanismes de la régénérescence cellulaire dans le but d’établir les bases de la transplantation réussie (6 ).

vii) Afin d’étudier les causes de certaines maladies et l’efficacité de vaccins préventifs, les chercheurs inoculaient aux prisonniers la ‘jaunisse infectieuse’ ou le typhus exanthématique (6 ).

viii) Pour expérimenter différents traitements pharmaceutiques des brulures caustiques, les chercheurs infligeaient aux prisonniers de douloureuses et graves brûlures au phosphore de bombes incendiaires (6 ).

ix) Pour développer la toxicologie, les chercheurs administraient dans la nourriture des prisonniers différents types de poisons, ou tuaient des détenus à coup de projectiles empoisonnés (6 ).

Dans son rapport du mois d’avril 1943, le groupe de la résistance polonaise a fait savoir que le Bloc 10 d’Auschwitz était aménagé en station d’expérimentation pour castration, stérilisation et insémination artificielle, sur l’ordre de l’Institut Central d’Hygiène ‘Unterstelle der Waffen SS’ (waffen SS: sate-security scientist) de Berlin. Ce bloc comprenait plusieurs salles de laboratoire et un groupe d’environ 215 prisonniers y était confiné (6 ). Il s’agissait principalement d’inséminations artificielles, de castrations et de stérilisations, le tout se faisait dans le plus grand secret, à volets clos (6 ). A la fin de leur rapport, il était mentionné que: ’De toutes ces expériences, il ne résultera, qu’un tas de cadavres” (6 ).

L’institut d’anatomie de Strasbourg « The Reich universitatStrassburg »

L’institut d’anatomie de Strasbourg était une institution de l’occupation allemande de grande renommée. L’institut, annexée à l’université de médecine de Strasbourg, était spécialisée dans la promotion des techniques de la dissection médicale et de l’ana-pathologie (8 ). L’institut était sous la direction du Dr. HIRT (médecin anatomiste et embryo-cytologiste) de Novembre 1941 à Novembre 1944. L’équipe médicale comportait 28 hospitalo-universitaires (8 ). Entre 1942 et 1944, le nombre de cadavres ayant été délivrés à cet institut était estimé entre 244 et 724 (8 ). Il s’agissait essentiellement des prisonniers issus du camp d’Auschwitz et de Natzweiler-Struthof, ayant été gazéifiés à la demande (8 ).

Le pénitencier de Stateville « TheStatevillePenitentiary », Illinois, USA

Le pénitencier de Stateville était connu pour les expérimentations sur la malaria entre 1944 et 1946 (9 ). Durant cette période, trouver un antidote au malaria était un objectif militaire stratégique pour les USA, qui était impliquée dans des zones endémiques en Asie et au Japon (9 ). Dans le pénitencier, les prisonniers y étaient délibérément infestés dans le but de tester la sécurité et l’efficacité des traitements en cours d’élaboration (9 ). Les critères de sélection des prisonniers étaient la race ‘blanche’, le sexe masculin et la bonne condition physique. Les sujets ‘noirs’ avaient été écartés car ils pouvaient constituer un biais puisqu’ils pourraient avoir une immunité acquise (9 ). Le nombre des victimes demeure à ce jour imprécis, mais le chiffre approximatif de 500 était avancé (9 ). Ces essais étaient décrits comme « l’un des pires crimes du siècle où des adolescents furent kidnappés et assassinés» (9 ). Selon d’autres sources, un millier de prisonniers auraient été concernés (10 ).

Ces expérimentations étaient conduites sous un ordre personnel du président ROOSVELT et étaient menées sous les directives du «US Committee on Medical Research» et l’université de Chicago (9 ). Les objectifs de cette mission étaient de « fournir une provision ‘adéquate’ à la recherche scientifique pour des motifs de défense et de sureté nationale » (9 ). Cet essai avait été conduit après l’approbation de l’American Medical Association qui avait jugé le protocole ‘conforme’ aux règles de l’expérimentation humaine (10 ). Les résultats étaient publiés dans la prestigieuse revue scientifique ‘JAMA’ (10 ).

L’unité731 :«The 731 Unit of the Imperial Japanese Army»

Entre 1930 et 1940, l’armée japonaise avait créé une section militaire annexe dans le but d’instaurer un programme d’expérimentation médicale sur les prisonniers de guerre Chinois (11 ). Le but principal était de développer des armes biologiques pour la guerre en cours (11 ). Des essais « bactériologiques » étaient entrepris sur des enfants (12 ), des expérimentations d’exposition au froid « frostbite experiments» (Figure 1 ) et de «tir à bout portant» étaient effectués (12 ).

Figure 1. Les expérimentations d’exposition au froid ou «frostbiteexperiments» (source: unit 731: Inside World War II Japan’sSickening Human Experiments Lab; all that’s interesting.com).

Figure 1. Les expérimentations d’exposition au froid ou «frostbiteexperiments» (source: unit 731: Inside World War II Japan’sSickening Human Experiments Lab; all that’s interesting.com)

La plus terrible des expérimentations est celle relative à la vivisection ou « l’extraction des organes à vifs » (12 ). La finalité était de contrecarrer l’effet de la coagulation et des altérations tissulaires secondaires au décès (12 ). Dans le but d’étudier ‘in vivo’ l’effet des différents agents pathogènes, les médecins inoculaient ou exposaient les prisonniers aux substances toxiques, puis procédaient à des extractions des organes, la victime étant consciente (12 ) (Figure 2 ). Le nombre de victimes des expériences de vivisection s’élèverait à plus de 1000 prisonniers chinois, pour la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées (12 ).

Figure 2. La vivisection (source: Unit 731: Inside World War IIJapan’s Sickening Human Experiments Lab;all that’s interesting.com).

Figure 2. La vivisection (source: Unit 731: Inside World War IIJapan’s Sickening Human Experiments Lab;all that’s interesting.com)

Du fait de l’intérêt Américain à l’égard des résultats de ces ‘expérimentations’, ainsi que de l’extrême atrocité des faits accomplis, aucun procès n’a eu lieu et les archives relatives à cet épisode de l’histoire demeurent à ce jour secrètes (11 ).

Les événements historiques marquants d’après la secondeguerre mondiale

« TheHolmesburg Prison Experiments », Philadelphia, USA

Les expérimentations dans cette prison étaient conduites par le Dr. KLIGMAN, dermatologiste de formation, entre 1951 et 1974. Ce dernier avait réussi à développer sa connaissance ainsi que sa fortune personnelle durant 23 ans d’exercice en milieu carcéral en jouant le rôle d’investigateur principal au nom de 33 compagnies pharmaceutiques (13 ). Le Dr. KLIGMAN est connu pour sa description cynique de ses actes : « Tout ce que je voyais devant moi, c'étaient des hectares de peau. C'était comme un agriculteur voyant un champ fertile pour la première fois ».

La plus ‘célèbre’ des expériences du Dr. KLIGMAN, était celle menée entre 1965 et 1966 et portant sur la dioxine qui est un des plus dangereux poisons utilisés comme arme chimique durant la guerre de Vietnam (14 ). Cette étude était subventionnée par la ‘Dow Chemical Compagny’: un géant industriel et une multinationale américaine spécialisée dans la fabrication et la commercialisation des produits chimiques. Cette compagnie avait déboursé plus de 10 000$ nets au Dr. KLIGMAN pour conduire cette étude sur les effets toxiques de la dioxine (14 ). Contrairement au protocole préétabli, les prisonniers avaient été exposés à des doses 486 fois supérieures aux seuils tolérés (14 ). Les registres relatifs à cet essai clinique étaient détruits et le nombre exact de participants demeure à ce jour inconnu (14 ). Les survivants, des années après, ont continué à reporter des troubles somatiques de nature diverses, des cicatrices et des rashs permanents (14 ). Par contre, le Dr. KLIGMAN était devenu une sommité pour avoir découvert et développé des médicaments à base de rétinoïde A (14 ).

« The Oregon State Experiments », USA

Ce centre était sous la direction du Dr. HELLER, imminent endocrinologiste, de 1963 à 1973 (15). Dr. HELLER avait un intérêt pour l’étude de l’effet des radiations ionisantes sur la fertilité masculine. A l’époque, la problématique de l’impact des rayonnements contenus dans l’espace, sur la fertilité des astronautes était d’actualité (15 ). Durant cette expérimentation, les testicules de 67 prisonniers étaient exposés à des doses croissantes de rayons X (jusqu’à 600 rad) et pour des durées variables (15 ). Les travaux du Dr. HELLER étaient subventionnés par des institutions prestigieuses de l’époque, à savoir l’«Advisory Committee on Human Radiation Experiment» qui avait déboursé plus de 1,12 millions de $ (15 ), ainsi que la «National Aeronautic and Space Administration». Des preuves de l’implication directe de ces deux institutions ont toujours manquées (15 ). Les prisonniers ayant participé à cet essai, étaient qualifiés de « consentants » puisqu’ils recevaient 25 ‘cents’ par jour de radiation et 25 dollars pour chaque testicule biopsié (15 ). En plus, les prisonniers bénéficiaient d’une remise de peine suite à leur « service rendu à la société » (15 ).

« TheHythian’s drug-addiction treatment», USA

Entre 2006 et 2008 et en dépit des lois restrictives mises en place aux USA, une compagnie pharmaceutique nommée «Hythian» avait obtenue jurisprudence pour expérimenter ses traitements sur des « criminels » emprisonnés dans cinq états américains (14 ). De plus, ‘l’état’ Américain était en mesure d’obliger quiconque arrêté en possession de drogue de se soumettre à ce programme de sevrage appelé «Prometa» (14 ). En contrepartie, la compagnie se tenait de déverser 15000 $ aux autorités pour chaque nouveau participant (14 ). Le programme de sevrage durait 30 jours durant lesquels, il fallait ingérer trois différents types de « médicaments» (14 ). Aucune des molécules expérimentées n’a eu l’aval préalable et nécessaire de la « Food and Drug Administration » (14 ).

Perspectives

Cette note d’histoire est la première partie d’une série sur l’expérimentation médicale sur les prisonniers. Cinq autres aspects seront à développer successivement:

i) Les rôles attribués aux médecins lors de l’expérimentation médicale sur les prisonniers (partie 2). L’implication des médecins comme outil exécutif dans les dérives de l’expérimentation médicale en milieu carcéral continue de susciter les interrogations et l’incompréhension. Les éléments de réponse à cette problématique semblent ambigus car il faudrait les reconsidérer dans leur contexte historico-politique associé.

ii) Les principales stations de l’évolution de la législation relative à l’expérimentation médicale sur les prisonniers (partie 3). L’évolution des législations a toujours puisé sa légitimité et sa logique du contexte historique qui a justifié le recours à ces «modifications». Le but étant de satisfaire un besoin de rétablir les préjudices moraux ou physiques en espérant par le biais de la loi que ces dérives ne se reproduisent plus.

iii) Le dilemme pour/contre concernant l’expérimentation médicale sur les prisonniers (partie 4). Compte tenu du lourd historique des abus entrepris sur les prisonniers dans le cadre de l’expérimentation médicale, il s’avère compréhensible que des mesures de protection supplémentaires soient établies en vue de protéger cette catégorie sociale. Mais, le débat entre les détracteurs et les partisans de cette pratique demeure d’actualité.

iv) Les considérations éthiques relatives à l’expérimentation médicale sur les prisonniers (partie 5). Ces dernières, sont nombreuses et se heurtent aux fondamentaux de l’éthique. De la complexité de ces principes sont nés les réticences à l’égard de cette pratique ou à l’opposé son outre passement. La réalité du terrain a fait émergé des circonspections en affront avec la morale.

v) La situation de l’expérimentation médicale dans le tiers monde, et en particulier en Tunisie (partie 6). Le tiers monde comptabilise le nombre le plus important de détenus à l’échelle mondiale, mais leur situation est jugée «opaque». Ces dernières années, un intérêt croissant de la part des firmes pharmaceutiques à l’égard des pays du tiers monde était noté. En Tunisie, il existe un grand effort législatif pour assurer la protection de cette population vulnérable.

Conclusion

L’exploitation des prisonniers pour la recherche médicale est un phénomène ancien. Néanmoins, l’histoire était lourdement entachée au décours du XXéme siècle par les dérives de la seconde guerre mondiale. Bien que l’esprit collectif ait gardé en mémoire les outrances du régime Nazi, la vérité est que ces pratiques étaient adoptées par la majorité des puissances militaires de l’époque. Après la fin de la guerre, les dérives des services pénitenciers américains se sont avérées les plus nombreuses.

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